J'ai pleuré, j'ai ri puis espéré, bref j'ai vécu l'histoire avec les héros de cette très belle histoire
Elizabeth et sa petite fille sont de retour après un an d’absence, un an que la jeune femme a fui cette ville qui lui rappelle tant son mari décédé dans un accident de voiture. Ses amis et proches se réjouissent de les voir enfin ici, seulement pour Elizabeth s’est encore très dur. Aussi les regards des habitants ne l’aident en rien. Puis son attention est attirée par son voisin, un homme - dit-on - dangereux qui a perdu lui aussi sa femme et son fils, et qui vit depuis en ermite. Intriguée, elle tente d’en savoir plus sur ce mystérieux Tristan. Barbe hirsute, yeux sauvages tristes mais troublants, les premiers contacts avec Tristan sont pour le moins froids et agressifs mais Elizabeth n’abandonne pas. Car ils sont dévastés, sont deux âmes brisées qui ont décidé de s’accrocher à la vie à leur façon. Et que peut-être leur rencontre est le signe d’un renouveau...
Dès le départ, on sent que ce roman va particulièrement nous bouleverser et la dernière page tournée notre impression se confirme. C’est à la fois douloureux et lumineux car on nous parle du deuil, du regard des autres après un tel drame, du droit à une seconde chance, d’espoir, d’amour et de rédemption. C’est donc avec beaucoup d’émotions que nous parcourons ce récit et c’est les larmes aux yeux que nous apprenons à connaître Tristan, cet homme ô combien dévasté.
Mon Dieu, que par moment c’est dur de découvrir ses pensées et sa souffrance !
« Charlie.
Jamie.
Non.
Je les repoussai. Je m’abandonnais à la douleur qui me transperçait la poitrine. La douleur était agréable. Elle était bienvenue. Je méritais de souffrir. Moi seul, et personne d’autre. […] Mon cœur me faisait mal. Tout me faisait mal.
La douleur était effrayante, dangereuse, réelle. Elle me faisait du bien. Elle me faisait du bien d’une façon épouvantable. Bon Dieu, j’adorais cela. J’adorais tellement ! J’adorais cette douleur, putain. »
Sa douleur devient nôtre et on a ce besoin viscéral de le réconforter. Alors même si cela ne fait qu’un un an qu’il a perdu sa femme et son fils, on souhaite vraiment qu’il revive. Il n’est plus qu’une coquille vide, un homme qui erre dans la noirceur la plus profonde, une âme meurtrie qui ne demande qu’à être sauvée. Mais Elizabeth a besoin encore de temps, elle se reconstruit différemment plus lentement. Heureusement Emma, sa petite fille, lui a toujours donnée une raison de continuer à vivre. Cette enfant, consciente d’avoir perdu son papa et en quête d’un signe de lui qui est au ciel, nous émeut par ses paroles et ses petits gestes. Tristan n’y reste pas non plus insensible. Et quand on les voit, Tristan et son chien, Elizabeth et Emma, tous ensemble, on est soulagés et plein d’espoir pour l’avenir même si on est conscients que cela ne se fera pas du jour au lendemain...
Il est vrai que le rapprochement physique et émotionnel de nos deux héros est assez particulier. Ils se servent et se perdent dans l’un et l’autre pour s’oublier eux-même et cette souffrance qui ne s’arrête jamais, pour se rappeler aussi ce que ça fait d’être aimé même si pour le moment tout n’est qu’apparence. Ils ferment les yeux, font semblant de tenir dans leurs bras les êtres perdus. Mais au bout d’un moment ils comprennent qu’ils se font du mal. Il y a également cette culpabilité de ressentir le besoin d’être dans les bras d’un autre qui les ronge tous les deux. Puis Tristan ressent soudainement le besoin d’embrasser cette femme qu’il a devant lui et non l’image de quelqu’un d’autre. Un moment fort et déterminant pour la suite. On retient alors que tout le monde a sa façon pour affronter ses souffrances et a son rythme aussi pour le faire. Un an, dix ans, plus ou moins, peu importe, le principal est de voir en l’avenir un peu de répit, d’espoir, et enfin de pouvoir respirer. The air He breathes porte d’ailleurs parfaitement bien son titre parce qu’à de nombreuses reprises il y a un rapport avec ce besoin d’air, de respirer le souffle à travers l’autre...
Il faut noter que si certaines révélations sont prévisibles, les retournements de situation en revanche sont assez étonnants. Aussi, le héros, la rencontre, l’insistance d’Elizabeth pour que ce dernier s’ouvre à elle ne sont pas sans nous rappeler l’histoire de Archer’s Voice, mais les similitudes s’arrêtent là car au fil des pages l’ensemble du roman se démarque vraiment. Un roman fort et beau qui nous donne vraiment envie de poursuivre la série avec pour titre les éléments. Celui-ci nous parlait ainsi d’air et le prochain sera le feu, ce qui attise grandement notre curiosité…
Quel plaisir aussi de voir que la couverture originale a été conservée. Ce visage, la posture tête basse, les plumes, les couleurs représentent si bien bien notre héros, il n’y avait pas mieux, alors un grand merci pour ce choix.
Un très très beau roman sur le deuil qui nous émeut de bien des façons !