WILLMANN Thomas - Sombre Vallée

Sombre vallée
Thomas Willmann

Quatrième de couverture:

C'est ainsi que l'homme et l'animal sortirent de l'étroit et sombre goulet qui, entaillant jusqu'à mi-hauteur la paroi désolée du massif montagneux, débouchait sur une immense plaine entourée d'une suite de sommets, havre insoupçonné de calme, asile de fertile solitude. C'était un endroit qui se suffisait à lui-même et ne tolérait la présence d'aucun élément extérieur. Il ne se défendait pas contre les intrus, mais se refermait aussitôt derrière eux, interdisant tout retour à un autre monde.

Quand l'étranger est arrivé sur sa mule un soir, les villageois se sont interrogés. Greider est-il vraiment peintre, comme il le prétend ? Ou est-il guidé par de plus sombres desseins ?
Et puis un mort, un fils du clan Brenner, les fermiers qui règnent en maîtres sur la communauté. Et bientôt la mort d'un autre fils. Et d'autres encore...

Ceux qui dirigeaient jusque-là le village seraient-ils devenus des proies ? Tous les regards se tournent vers lui, Greider. L'étranger connaît-il les lourds secrets de la sombre vallée ? Et s'il était revenu pour mettre à exécution une vengeance ourdie de très longue date ?

Au coeur des montagnes bavaroises se noue un drame aux conséquences dévastatrices. Porté par une écriture puissamment évocatrice, un premier roman impressionnant, un suspense oppressant au service d'une histoire de haine et de revanche.

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Mon avis:

Un village perdu au creux des montagnes. Greider, un étranger au village, qui arrive pour peindre au milieu de gens qui vivent sous le joug d'un clan omnipotent... jusqu'au jour où l'un de ses membres meurt de façon violente. Puis un autre, et encore un autre, personne ne serait donc à l'abri ?
Qui donc peut en vouloir à cette famille qui règne sur la contrée depuis des années ? Est-ce « l'étranger » qui est responsable de ces morts violentes ? Mais pourquoi ? Et qu'en pensent les villageois ?

Je suis toujours assez curieuse de sortir des sentiers battus. Or c'est un peu à ça que j'ai eu à faire avec Sombre Vallée... Je m'étais déjà rendue compte qu'en fonction de la nationalité de l'auteur, la manière d’aborder le récit et ce livre ne fait pas mentir cet aspect.

Certes un peu lent au départ, c'est simplement pour mieux entraîner le lecteur dans une spirale infernale : celle de la vengeance... pas d'une personne mais bien plus... Mais je ne vous en révélerai pas plus sur cet aspect-là. Il serait dommage que je vous gâche la partie la plus étonnante de l'histoire.

Et l'auteur, par son récit particulièrement détaillé empreint d'une certaine mélancolie (presque poétique par moments), fait littéralement découvrir au lecteur la vie d'un petit village de montagne vivant en quasi-autarcie, le tout sous la houlette d'une famille : le clan Brenner. Et il y parvient en faisant intervenir Greider, un « étranger » qui arrive dans le coin pour peindre... du moins c'est ce qu'il déclare et puis il faut bien reconnaître que sa curiosité a été piquée par une remarque de Luzi, la fille de sa logeuse, qui doit bientôt se marier : « Après le mariage, tout ici sera un peu différent de ce que tu crois. Ne t'en étonne pas. Et ne pose pas de questions. » Et ceci n'est pas le seul élément qui frappera sa curiosité ainsi que celle du lecteur.

Car même s'il y a un fil conducteur autour de la raison pour laquelle Greider est arrivé au village, plusieurs histoires s’entremêlent tout au long du livre : celle de Luzi, celle de la jeunesse de Greider, mais aussi de comment le vieux Brenner est parvenu à asseoir sa domination sur tout un village... Et là, je n'ai pu m'empêcher de penser à des coutumes venues du Moyen-Âge où les plus puissants faisaient ce qu'ils voulaient des plus faibles avec en prime une critique d'un certain type de clergé (qui finalement ne porte de clergé que le nom et pas tout ce que cette qualité est sensée représenter)...

Je donnerai un avertissement au lecteur : quand bien même l'histoire peut paraître lente, le perdre un peu dans les descriptions, une fois que les choses sont enclenchées, c'est cru, c'est violent... Aussi bien dans les souvenirs qui sont racontés que dans les faits du temps du récit... Et si Greider dévoile son côté obscur, le lecteur en apprend les raisons... S'il se montre assez patient et ne lâche pas le livre en cours de route.

Au niveau des personnages, il y a donc : celui de Greider, qui est finalement celui qui est le plus fidèle à lui-même et est prêt à tout pour parvenir à ses fins ; les Brenner qui sont des dictateurs en puissance ; les villageois qui sont soumis au clan contre leur gré et qui pourtant n'auront qu'une hâte : que celui venu pour les aider reparte...

Bref, un roman « de longue haleine » qui ne plaira probablement pas à tout type de lecteurs mais qui m'a profondément touchée car, finalement, il n'y a pas que la vallée qui est sombre... mais aussi l'âme humaine !