GE Yan - Une famille explosive

Quatrième de couverture

Une histoire de famille comique, irrévérencieuse et délicieusement subversive.
Xue Shengqiang, appelé « papa », n’a jamais quitté son petit village natal du Sichuan, en Chine. Fils à maman, il s’est marié et a repris l’entreprise familiale, qui fabrique la célèbre pâte de haricots aux piments. Si la matriarche tient sa maison d’une main de fer, papa, lui, est loin d’être un saint : il est accro au sexe et a installé sa maîtresse dans l’appartement au-dessus de grand-mère. Le voilà bien embêté lorsque cette dernière découvre le pot aux roses…
Les ennuis continuent car il doit organiser l’anniversaire – 80 ans – de grand-mère, et son frère a décidé d’y mettre son grain de sel. Cerise sur le gâteau, Jasmine, sa maîtresse, est enceinte !
À travers ce roman mêlant humour grinçant et dérision quant à la société chinoise d’aujourd’hui, vous découvrirez un auteur qui maîtrise l’art du portrait comme personne.

Mon avis

Une histoire que j’ai beaucoup appréciée, pleine d’humour et réaliste. Si vous cherchez une romance, passez votre chemin. Car Une famille explosive est un roman qui nous décrit sur un ton à la fois drôle, ironique et nostalgique, les péripéties d’une famille chinoise, dans un petit village qui a réussi la cohabitation on ne peut plus harmonieuse entre modernité et tradition.

Xue Shengqiang est travailleur, c’est l’homme le plus riche de son village, il a repris l’entreprise familiale de pâte de piment. Mais cela ne s’est pas fait en un jour, il a commencé en bas de l’échelon ce qui a fait de lui un homme, dans tous les sens du terme. Mais sa mère y est pour beaucoup, car voyez-vous Xue Shengqiang est un fils a maman. D’aucuns pourraient dire que c’est un homme heureux. Il est riche, il n’a jamais quitté son village natal alors que son frère et sa sœur oui. Il a une femme et un enfant. Il est assez riche pour avoir une maitresse qu’il a installée, dans le même immeuble que sa mère. Il a ses amis de beuverie et il est respecté. Mais les apparences sont trompeuses, il n’est pas malheureux, mais loin d’être heureux. La vérité c’est qu’il doit satisfaire toutes les femmes de sa vie, a commencé par sa mère et rien qu’avec elle il est déjà bien servi. De plus comme pourrait le croire plus d’un il est loin d’être son préféré. Mais comme Xue Shengqiang est un homme pragmatique, il s’accommode de sa vie. Il a élaboré des stratagèmes pour se sortir des situations désagréables, par exemple quand il se fait passer un savon par sa mère et il tire le plus de plaisir que possible de sa vie. Mais cela c’était avant ce coup de fil fatidique de sa maîtresse, ce qui chamboula sa vie et pas de la meilleure des façons qui soit.

L’histoire nous est contée par la fille de Xue Shengqiang, a aucun moment elle n’apparait dans le roman ce que je regrette d’ailleurs parce que jusqu’à la fin je l’espérais. En tout cas elle nous raconte l’histoire de son père et tous ceux qui gravitent autour de ce dernier de loin ou de près. Elle fait plusieurs retours en arrière pour nous permettre de mieux comprendre cet homme, un patron, un ami, un frère, un fils aimant et attentionné, un père, bien que la fille soit à peine évoquée dans le roman, un époux et amant assez misogyne. J’ai apprécié ce personnage assez complexe sous ses dehors d’homme bourru et terre à terre.
Ce roman est drôle, tant à cause du ton donné qui est assez irrévérencieux que par les situations, même celles qui sont dramatiques sont drôles, que par les commentaires de la narratrice. C’est une immersion dans une famille ou les moindres petits secrets nous sont dévoilés, enfin pas tous. De plus l’auteur a su rendre vivant les personnages et le village qu’on « voit » à travers les yeux de Xue Shengqiang le jeune, comme le vieux. Sans compter la nourriture, j’en ai presque salivé. On découvre un petit coin de cette Chine mystérieuse, un peu de sa culture, ses traditions, son histoire, sa politique, juste un peu d’elle nous est dévoilé et elle nous attire d’autant plus.

On lit Une famille explosive d’une traite, à aucun moment le roman ne s’essouffle et vers la fin on tourne la dernière page avec regret, car on sent qu’il y a tellement de choses qui peuvent être racontées, comme l’histoire de la grand-mère qui n’est pas si innocente et droite dans ses bottes qu’elle en a l’air.