Vous avez aimé
Juno ? Vous dévorez quotidiennement des comédies new-yorkaises pleines de piquant ? Alors
Journal d’un loser est fait pour vous !
Pour ma part, je l’ai englouti d’une traite, passant du rire aux larmes sans transition, et en savourant avec délectation la plume caustique de l’auteur et la forme originale du roman. J’ai adoré et je le recommande plus que chaudement !
Greg est en dernière année de lycée. Rondouillet et pas spécialement beau, le lycée aurait pu être un enfer s’il n’avait pas développé une stratégie plutôt intéressante : la transparence positive. Il a sympathisé avec tout le monde sans développer de relations amicales avec personne. Son seul véritable ami est Earl, un jeune black issu d’une famille très défavorisée, complexé par sa très petite taille et extrêmement hargneux. Rien n’aurait jamais dû rapprocher le jeune juif bourgeois et le petit caïd, et pourtant, dès l’école primaire, ils se découvrent une passion commune pour le cinéma et deviennent les meilleurs amis du monde.
Greg pensait pouvoir finir tranquillement et sans histoire le lycée lorsque sa mère lui apprend qu’une de ses camarades de classe, Rachel, est atteinte d’une leucémie et exige qu’il aille lui rendre visite pour lui remonter le moral. D’abord par obligation, Greg y va ensuite de plus en plus par plaisir, car Rachel l’oblige à parler de lui et il se surprend à lui révéler des choses qu’il n’avait jamais dites à personne, comme les films qu’il réalise avec Earl depuis tout petit.
Greg est le narrateur et s’adresse durant tout le roman au lecteur comme s’il était aussi l’auteur. Il débute ainsi par une « note de l’auteur » disant que le dernier film qu’il a réalisé était d’une nullité tellement affligeante qu’il ne pouvait que mettre fin à sa carrière de cinéaste et s’essayer à l’écriture pour raconter comment il en est venu là. Ce dernier film –complètement raté– c’est pour Rachel, atteinte de la leucémie qu’il l'a fait. Et il nous raconte donc cette histoire, cette dernière année de lycée où tout a foiré. Mais comme il ne peut oublier son passé de cinéaste, tous les dialogues sont écrits sous forme de script, et c’est juste jouissif !
Greg est un garçon de 17 ans et s’exprime comme tel. Cela donne des réflexions et des dialogues extrêmement crus et vulgaires, mais absolument pas choquants dans le contexte. En fait, il m’a fait beaucoup penser au personnage de Jim dans
American Pie : la même origine sociale, les mêmes préoccupations (l’idée fixe de perdre sa virginité en moins), le même physique, et la même liberté de langage dans ses discussions avec ses amis, ou plutôt ici son ami, Earl.
Et j’ai juste adoré ses réflexions. C’est trash, sarcastique, complètement décalé, déjanté, barré, mais qu’est-ce que c’est bon ! J’ai savouré les incessantes comparaisons qu’il fait entre son récit et une comédie romantique traditionnelle : ce qu’on aurait eu si… et ce qu’on a dans la réalité. Du coup, Greg ne renie jamais ce qu’il est et ne tombe pas dans les bons sentiments. Rachel a une leucémie, c’est triste, mais ça ne va pas pour autant la rendre plus attirante et dans le coup. Il reste jusqu’au bout d’une honnêteté brutale, parfois même dérangeante. C’est une atmosphère qui me parle et à laquelle j’adhère à 100%. C’est un humour tout ce qu’il y de plus politiquement incorrect, mais qu’est-ce que c’est drôle et intelligent !
À ne pas mettre entre les mains des plus jeunes en tout cas. Ils pourraient soit être choqués du langage utilisé, soit se délecter des « gros mots » et passer du coup à côté de l’histoire.
Un petit bijou à ne pas manquer !
Pour lire le 1er chapitre :
http://www.wobook.com/WBIz43j1N677/Lire-un-extrait-de-Journal-d-un-looser-J-Andrews.html