Rencontre avec Emmanuelle Nuncq
à l’occasion de la sortie de Bordemarge chez Castelmore
Hier, en fin d’après-midi, le Boudoir a eu la chance d’être invité par Castelmore pour un goûter-rencontre avec Emmanuelle Nuncq, à l’occasion de la sortie très prochaine de son roman, Bordemarge. La jeune femme s'est montré adorable et extrêmement disponible. Cette rencontre fut un vrai plaisir...
Pour bien situer le personnage, je vous propose de débuter par la biographie que l’auteure a rédigée elle-même sur son blog -
http://emmanuellenuncq.com/Biographie de la Graaande Emmanuelle :
« Mademoiselle Emmanuelle Nuncq est né en 1984, à Conflans-Ste-Honorine. Toute petite déjà, sa passion pour la lecture causait de graves dommages dans la bibliothèque de ses parents. En effet, elle dévorait déjà des romans et même des pavés indigestes, au sens littéral s’entend. Et depuis le ventre de sa maman jusqu’à aujourd’hui, les livres ne l’ont plus quittée. D’ailleurs, Emmanuelle a su lire bien avant de savoir faire du vélo : les livres sont restés, et le vélo ? Il n’a plus jamais été utilisé. Voyager par la pensée était tout de même plus confortable. Après un cursus scolaire absolument prodigieux, dont une première année de DEUG de Lettres Classiques catastrophique qui ont fait d’elle la honte de ses professeurs, Emmanuelle Nuncq entama, sans surprise, des études tout aussi exemplaires dans le domaine des Lettres et des métiers du livre…
Maintenant docteur ès Lettres, elle est l’auteur d’un mémoire de master portant sur l’adaptation cinématographique des œuvres d’Edgar Allan Poe par Roger Corman et son influence dans le cinéma contemporain, notamment chez Tim Burton.
Après ces fascinantes études, elle a exercé durant trois ans l’emploi de bibliothécaire, emploi qui lui laissa (presque) tout le loisir de la lecture et de l’écriture.
Son premier roman « Porcelaines », publié en 2010, a obtenu le Prix du Premier roman en Ligne édition 2011. Cette histoire de vengeance et d’amour, construite en chapitres éclatés, rend hommage à la littérature du XIX ème siècle et à l’univers de la poupée de porcelaine. Toute référence à l’œuvre de Burton et de Corman (qu’elle étudiait pendant l’écriture du roman) est purement faite exprès. »
Son univers est passionnant et marqué par un grand nombre d’influences : les romans de cape et d’épées, le Steampunk, Tim Burton, Vincent Price, Edgar Allan Poe, Jane Austen, Dr Who… Ces passions, Emmanuelle les vit au quotidien grâce à la lecture, l’écriture, mais aussi la couture. Elle confectionne elle-même de magnifiques costumes pour des cosplay ou des Murder Party. Elle regarde aussi énormément de films et de séries (notamment tous les period drama de la BBC).
Fascinant ! N’est-ce pas ? Et ce qui est jouissif c’est qu’on retrouve cet univers déjanté et décalé dans Bordemarge. C’est un livre qui a de la personnalité, et c’est pour beaucoup celle de son auteur.
Castelmore ne s’est pas trompé lorsqu’il a présenté ce roman comme « un ovni » au sein de ses parutions. Non seulement c’est la première auteure française à entrer dans leurs rangs, mais aussi et surtout, elle propose un univers à nul autre pareil, inclassable tellement ce qu’il propose est divers et original. J’ai vraiment beaucoup aimé ce livre qui – il faut le préciser d’emblée – s’inscrit davantage dans la littérature jeunesse que
Young Adult au sens classique. Mais j’aime la littérature jeunesse…
La couverture d’ailleurs, très différente de celles que l’on trouve habituellement chez Castelmore a pour but de montrer au lecteur qu’il va découvrir un nouvel univers. Elle présente aussi parfaitement l’ambiance de Bordemarge avec Roxanne sortant du tableau.
Voici ce qui ressort des discussions animées d’hier.
Emmanuelle a parfaitement consciente de l’importante part d’elle-même qui transparaît dans Bordemarge, de ses éléments autobiographiques. Comme elle, Violette, l’héroïne, est né en 1984 et est bibliothécaire. Comme elle également, elle a vécu difficilement les premières années de son métier sous la direction d’une conservatrice trop « conservatrice » justement et qui les brimait dans leur travail. Il leur était par exemple impossible de ranger les livres lorsque le public était présent. On retrouve enfin des traits de sa personnalité tant chez Violette que chez Roxanne. C’est volontaire bien évidemment car on ne peut bien parler que de ce qu’on maîtrise parfaitement. Pour autant, de nombreux éléments de Bordemarge sont des inventions pures et dures.
Au départ, il était prévu qu’Emmanuelle rédige une trilogie de Fantasy pour les éditions Bragelonne. Mais elle n’y arrivait pas. L’histoire devenait de plus en plus sombre et ça lui minait le moral. Elle en a discuté aussitôt avec Stéphane Marsan (directeur des éditions Bragelonne-Milady-Castelmore), qui lui a donné carte blanche pour laisser parler son imagination. C’est là que le scénario de Bordemarge est né, avec des personnages qui lui correspondent plein de panache et de classe, originaux, drôles et décalés. S’en sont suivis 6 mois d’écriture.
Le livre est construit comme un film, avec même un générique de fin, un bêtisier (hilarant !) et des bonus. C’est paru tout de suite pour elle comme une évidence. Les personnages évoluaient dans son esprit en image et il était évident que c’était ainsi qu’ils devaient s’offrir aux lecteurs. D’où l’aspect très visuel des scènes de Bordemarge et le fait qu’il y ait au final peu de descriptions. D’ailleurs, elle s’est même préparé pour elle des fiches techniques de chaque personnage avec leur biographie et l’acteur qui lui correspond. Pour le très séduisant Angus par exemple, elle l’a tout de suite vu sous les traits de Johny Depp dans Pirate des Caraïbes. On peut trouver aussi sur son blog une multitude de dessins parfaitement réalisés sur l’univers de Bordemarge sans compter les costumes qu’Emmanuelle s’est confectionnée pour devenir Roxanne.
Le roman décrit deux mondes – le nôtre et celui imaginaire de Bordemarge. Emmanuelle a donc utilisé deux registres de langage propres à chaque monde. Roxanne et les habitants de Bordemarge utilisent ainsi un vocabulaire suranné en parfaite adéquation avec leur univers. C’est vraiment quelque chose qui lui tenait à cœur. Elle a d’ailleurs créé sur Facebook une page intitulée : « Réhabilitons les vieux mots » pour lesquels elle propose des définitions très personnelles. Petite déjà c’est un langage qui la fascinait et elle rêvait de pouvoir discuter avec les dandys de Théophile Gautier. Pour autant ça reste parfaitement accessible et compréhensible. « J’ai essayé d’écrire une histoire comme j’aurais aimé en lire quand j’avais 10-12 ans » a-t-elle ainsi affirmé.
Pour notre plus grand bonheur, une suite est prévue. Nous avons eu droit à des révélations. Mais chut pas de spoilers…
Il ne vous reste donc plus qu’à lire ce livre qui sort le 13 avril 2012
Un grand merci à Barbara et Marie pour leur accueil chaleureux!