MORGENSTERN Erin - Le cirque des rêves

Le cirque des rêves
Erin Morgenstern
Sortie le 10 octobre 2012
Sortie le 2 septembre 2015 - format poche aux éditions Pocket

Quatrième de couverture :
"Le cirque arrive sans crier gare. Aucune annonce ne précède sa venue, aucune affiche sur les réverbères, aucune publicité dans les journaux. Il est simplement là, alors qu'hier il ne l'était pas." Sous les chapiteaux rayés de noir et de blanc, c'est une expérience unique, une fête pour les sens où chaque visiteur peut se perdre avec délice dans un dédale de nuages, flâner dans un luxuriant jardin de glace, s'émerveiller de la souplesse de la contorsionniste au tatouage et se laisser enivrer par les effluves de caramel et de cannelle qui flottent dans l'air.
Bienvenue au Cirque des Rêves.
Cependant, derrière la fumée et les miroirs, la compétition fait rage. Deux jeunes illusionnistes, Celia et Marco, s'affrontent, rivalisant d'audace et d'imagination, dans une sorte de combat magique, pour lequel ils sont entraînés depuis l'enfance par leurs étranges et lunatiques professeurs. Mais chacun ignore qu'il risque ainsi sa vie... Or, Celia et Marco s'aiment, et la compétition devient alors une merveilleuse collaboration. Sans connaître l'issue fatale du jeu, ils cèdent à leurs sentiments. Leur amour profond, passionné et envoûtant va ébranler tout leur univers et la vie de tous ceux qui les entourent... A la fois magique et séduisant, le Cirque des Rêves est une ensorcelante et universelle histoire d'amour.

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Quelques infos supplémentaires sur ce livre que j'attends avec impatience

Page FB du roman :
https://www.facebook.com/lecirquedesreves.fr

Extrait du prologue :
https://www.facebook.com/notes/le-cirque-des-r%C3%AAves/extrait-prologue/176250745842913

Trailer :

Je ne peux que commencer en disant que je ne m’attendais pas à ça, mais alors pas du tout. Le moins qu’on puisse dire, c’est que la quatrième de couverture, la phrase de promotion faisant référence à Roméo et Juliette, et les premières chroniques m’ont menée dans une direction qui n’est, à mon sens, nullement celle du roman. Non pas que je n’ai pas aimé, bien au contraire, mais j’aurais apprécié de savoir exactement où j’allais et ne pas être décontenancée à ce point au début. Je vous propose donc de vous donner ma vision du Cirque des Rêves…

Le roman s’installe en pleine période victorienne, dans une atmosphère parfaitement rendue. Nous sommes en 1873. Le célèbre magicien Prospero se voit déposer devant chez lui une enfant de 5 ans, sa fille Celia qui, malgré son jeune âge, manifeste d’extraordinaires prédispositions pour la magie. Il voit là une excellente opportunité de proposer à son rival de toujours un défi : qu’ils entraînent chacun un poulain et, une fois devenus adultes et expérimentés, ils devront se confronter l’un à l’autre et décider qui est le meilleur magicien. Pour Prospero, il s’agit bien évidemment de Celia, pour son rival ce sera un orphelin qu’il aura tiré des bas-fonds londoniens, Marco. Débutent alors de longues années d’apprentissage, marquées pour Celia par la douleur et l’humiliation et pour Marco par la solitude et l’indifférence. On suit au quotidien leurs progrès jusqu’à ce qu’ils soient enfin déclarés prêts.
Le jeu peut enfin débuter et prendra la forme d’un cirque, Le Cirque des rêves, auquel ils prendront tous deux part, Marco en tant que secrétaire particulier, efficace et effacé, de Chandresh le propriétaire, Celia en tant qu’illusionniste. Marco sait que Celia est sa rivale tandis que cette dernière l’ignorera pendant longtemps. Mais alors que Celia suivra le Cirque à travers le monde, Marco restera à Londres pour tout superviser. C’est donc à distance que se déroule leur compétition, et ils ne font que se croiser. Jusqu’à ce jour de 1896 où pour la première fois, ils prendront conscience de leur attirance et leur désir. S’ils sont liés, ils sont aussi ennemis, et la compétition leur interdit tout rapprochement…
En parallèle, nous suivons une autre histoire, se déroulant dans le futur, entre 1897 et 1902. Bailey, un jeune adolescent, vit dans une ferme de Concord, Massachusetts, et voit sa morne existence égayée par l’arrivée du Cirque des Rêves. Au fil des ans, son obsession pour le cirque ne fera que s’amplifier et il parviendra même à l'intégrer, nouant une amitié solide avec deux adolescents du cirque, Poppet et Widget. Ce n’est qu’à la fin qu’on comprendra le pourquoi de cette histoire parallèle et anachronique…

Le véritable héros de ce roman, c’est Le Cirque des Rêves et non Celia et Marco. Il n’a certes été créé que pour confronter leurs talents, mais il en vient rapidement à se personnifier et à prendre le pas sur le couple. Il est au centre de tout alors que la romance est complètement reléguée au second plan. Elle est même réduite à peau de chagrin. Il faudra attendre dix ans avant que Celia et Marco ne se remarquent et treize avant qu’ils ne tombent amoureux l’un de l’autre. Et entre, ils ne sont quasiment jamais présents en tant que couple mais en tant que membres de l’aventure, presque au même titre que les autres forains. On suit au contraire constamment le quotidien du Cirque, son microcosme, ses artistes et ses gestionnaires. Tous ont leur rôle à jouer dans l’édification du Cirque, et même s’ils ne sont qu’au final des pions, ils ont leur importance.

Du coup, le rythme du roman est lent, très lent, trop lent pour faire naître des émotions violentes au cours de notre lecture. On se laisse juste porter par la beauté des mots, la magnificence des descriptions et les images qu’ils font naître en nous, comme un rêve éveillé. On imagine avec précision cette multitude de chapiteaux, véhiculant tous un monde enchanté et merveilleux, complètement noir et blanc et qui ne se laisse voir que la nuit. On est loin, très loin des cirques classiques. Ici, tout est en finesse, en élégance et en magie dans le but, non pas de faire rire, mais d’émerveiller et de faire rêver. Les rêveurs, tel est le doux nom porté par ceux qui se sont laissés envoûter. Et le lecteur en fait incontestablement partie.

Le Cirque des Rêves n’est donc en rien une lecture facile. C’est complexe dans le sens où l’action est quasiment inexistante et qu’il faut bien prendre la mesure de chaque mot, des innombrables descriptions, pour ne pas échapper à leur magie. Ce n’est donc pas non plus une lecture rapide. Impossible de le lire d’une traite. Il est de ces romans qu’on lit par passages pour ne rien manquer et ne pas s’impatienter.

Je l’ai donc apprécié, beaucoup, mais ce n’est pas pour autant un coup de cœur. Il y manque pour moi des passions plus soutenues. J’aurais aimé parfois plus de punch, plus de variations dans le rythme et non pas cette impression d’être bercée de façon calme et régulière durant 500 pages. Les personnages principaux aussi, Celia et Marco, ne sont pas assez charismatiques et présents. Même leur romance est trop douce et suggérée pour éveiller en nous un véritable intérêt. Elle aurait gagné à être davantage développée et exacerbée.

Si vous cherchez un roman qui vous prend aux tripes dès les premières pages, qui fait monter l’adrénaline et fait battre votre cœur plus vite, passez votre chemin car ce n’est pas ici que vous le trouverez. Par contre, amoureux des mots et de la poésie, vous en sortirez enchantés. Le cirque des Rêves est un livre qui se savoure lentement, avec délectation, jusqu’à ce que vous soyez prêts à croire à l’impossible et à ne plus distinguer le rêve de la réalité…

Petite mention spéciale au livre en lui-même, au livre objet qui est juste sublime. La couverture, la tranche rouge, les petites enluminures sont magnifiques et ne font que rajouter au plaisir de la lecture.

Je viens de vivre une expérience unique et inoubliable, car j’ai rarement lu un livre de cette qualité-là. Le Cirque des rêves est un bijou d’une beauté rare, à la valeur inestimable.

Je ne vous raconterai rien de l’histoire car ce fut un plaisir de tout découvrir par moi-même, je ne gâcherai donc le vôtre pour rien au monde. Le livre est construit de telle façon que l’on a l’impression, à chaque page, de déballer un cadeau, et l’on va de surprise en surprise jusqu’à en avoir le souffle coupé. Je vous laisserai donc découvrir, seul, ce voyage merveilleux au pays des rêves les plus fous.

Chaque personnage est unique de par son caractère mais aussi de par son talent. Il est impossible de ne pas s’y attacher. Leur éducation a été stricte, voire dure, et l’on perçoit, tout au long du roman, une certaine souffrance en eux. Ils sont profondément touchants et on ne peut que développer une grande empathie à leur égard. Celia est d’une beauté douce, chaque description d’elle évoque la beauté d’un papillon sauvage fabuleux. Elle a une personnalité charmante, mais elle est aussi déterminée à poursuivre son duel coûte que coûte jusqu’au jour où elle se retrouve inextricablement lié à son adversaire, Marco. Là tout va basculer et elle préférera mettre sa vie en péril plutôt que de lui faire du mal. Elle est donc, malgré son éducation, généreuse et bienveillante. Marco, quant à lui, a un petit côté sombre qui nous captive tout de suite, on le suit dès l’enfance dans son apprentissage et, petit à petit, un lien se tisse entre lui et nous. Il est mystérieux, un brin sauvage, et de ce fait il titille notre curiosité. À chacune de ses apparitions, on ne peut empêcher notre cœur de palpiter. Les personnages de ce roman sont très bien décrits, on se les imagine sans mal sous nos yeux, et on a l’impression au fil des pages de les connaître. Personnellement je suis tombée sous le charme de Marco, il m’a complètement séduite et je ne doute pas qu’il ravira le lectorat féminin. Chacun de ses actes est passionné, intense et un simple frôlement de sa part embrase nos sens. Il y a très peu de contacts charnels mais les rares évoqués sont très forts et déclenchent en nous des sensations violentes, conférant à certains passages une splendeur envoûtante.

L’intrigue, quant à elle, se développe tout en douceur tantôt d’un point de vue, tantôt de l’autre, et ce changement narratif contribue à donner un rythme soutenu au récit. L’histoire est d’une poésie et d’une audace époustouflante, elle surprend, déroute, et finit par nous happer totalement. Elle est d’une complexité telle que l’on a, tout le long, l’impression de ne jamais réellement mettre le doigt sur le nœud de l’intrigue. C’est un doux rêve à portée de main que l’on ne fait que frôler du bout des doigts.

La plume de l’auteure est poétique, douce, chimérique, je dirais même onirique. Retrouver un tel talent a été pour moi totalement inattendu et quelques heures après avoir refermé mon livre, je me délecte encore des mots d'Erin Morgenstern. Je n’arrive pas à me sortir de la tête tant de grâce, de volupté et de magie. Le Cirque des rêves m’a éblouie et je suis restée plus d’une fois sans voix. Je pense qu’il est impossible d’arriver à mettre des mots sur ce que ce roman vous fera ressentir, car c’est tout bonnement extraordinaire, ineffable.

Ne pas lire ce roman serait se priver d’un moment de pur bonheur comme on en vit peu dans une vie de lecteur, alors n’ayez pas peur et plongez au cœur du Cirque des rêves.