BRUCKER Fanny - Garonne

Garonne
Fanny Brucker

« Il y a des renaissances qui ne s’expliquent pas. Il faut les vivre. Il faut plonger dans le creux d’une vague et en bondir tout de suite après, glacée et revigorée, se tenir là, les cheveux ruisselants, nue face à cette nature, à cette immense étendue d’une incroyable beauté, et se sentir invincible. »
Garonne n’avait pas prévu de vieillir. Elle avait enchaîné jobs à l’étranger, petits boulot non déclarés, contrats aidés qui avaient peu rapporté. À l’aube de la cinquantaine, elle percevait les difficultés de cette existence au jour le jour. Quand on lui propose un vrai travail, dans une entreprise de placements de jeunes filles au pair, alors Garonne n’hésite pas. Sa patronne vit à quelques pas de chez elle, dans ce petit bout du monde aux confins du Médoc. Enfin la perspective d’une vie plus stable, plus confortable. Garonne sait que cette chance, elle ne doit pas la laisser passer. Alors elle s’accroche, malgré les filles capricieuses, les parents angoissés, et cette jeune fille au pair, plus attachante que les autres, Rose, placée en Irlande et qui ne donne plus de ses nouvelles. Garonne est prête à tout pour bien faire, y compris partir sur les traces de cette jeune fugueuse.
Tantôt drôle, tantôt émouvant, Garonne est un roman sur l’espoir et la persévérance, sur la quête du bonheur.

Il est des petits livres simples mais vrais, qui parlent directement au cœur et donnent envie de sourire bêtement voir même d’éclater franchement de rire, qui parlent d’oser l’inconnu, de tenter l’aventure, qui sont résolument optimistes et un brin exubérants, Garonne de Fanny Brucker est sans conteste de ceux-là pour notre plus grand bonheur !

Garonne, la cinquantaine, un brin bohème, un peu baba cool post soixante-huitarde, est à la croisée des chemins et décide de se poser enfin, de trouver un travail, un vrai, un sérieux qui dure longtemps. De nature audacieuse, elle répond favorablement au SOS lancé par Manu et se retrouve ainsi à travailler dans une agence de placement de jeunes filles au pair. Elle n’y connait strictement rien et pour ne rien arranger, sa patronne non plus ! En effet, la pétillante Manu, reine incontestée de l’insulte bien sentie et en lice pour le grand prix de charretier de l’année, a racheté l’agence un peu sur un coup de tête, résolue à s’en sortir, à reconquérir son indépendance après un récent divorce. Voilà donc nos deux femmes embarquées dans la folle aventure, haute en couleurs et en émotions de « Au pair, Tchao ». De rencontres incroyables en situations rocambolesques, Garonne va se construire un nouveau monde, apprivoiser une nouvelle forme de liberté, trouver l’amour, tout en restant elle-même, une aventurière généreuse à l’optimisme communicatif.

Franchement, quand j’ai ouvert le livre, j’étais loin d’imaginer que j’allais passer un aussi bon moment. J’ai accroché un sourire à mes lèvres dès la première ligne et je ne l’ai pas quitté de tout le roman ! Garonne donne vraiment la pêche, c’est une vraie lecture bonheur qui fait du bien au moral, qui chasse la morosité et la tristesse. On rit aux larmes par moments (l’histoire de la nounou roumaine et du petit d’une famille catholique plutôt tradi est à hurler de rire), on lève un sourcil amusé devant les injures et autres réflexions loufoques de Manu et en même temps, on ne peut s’empêcher aussi d’être ému, sincèrement bouleversé par certaines situations. La détresse de Rose, qui va devenir en quelque sorte le fil rouge de la deuxième partie du livre, est de celle qui nous touche profondément. On se demande ce qu’elle cache et on espère vraiment qu’elle va s’en sortir. On fait notre la mission de Garonne : il faut sauver La Fille de Ryan (vous comprendrez le clin d’œil en lisant le livre). Mais le talent de Fanny Brucker s’exprime aussi dans cette capacité à décrire un paysage, un arbre, une maison, …en étant à la fois très réaliste et totalement dans l’émotion. L’Irlande à travers les yeux de Garonne devient encore plus belle, sauvage et attirante qu’elle ne l’est déjà, on ressent sa douleur de voir un pommier abattu et l’on se prend à rêver de traverser nous aussi une forêt à vélo, en se laissant bercer par les bruits de Dame Nature. C’est délicieux, à la fois poétique et juste, vraiment très touchant.

Du début à la fin, Garonne est un enchantement. On retrouve avec plaisir la plume magique de Fanny Brucker, reine des petits riens, des petits détails qui font toute la différence et qui nous offre à nouveau une lecture-bonheur, joyeuse et émouvante.