A l’occasion du Salon du Livre de Paris et dans le cadre de la promotion de
Sublimes Créatures, Kami Garcia et Margaret Stohl nous ont fait l’immense plaisir de venir à Paris. Une rencontre a été organisée par Black Moon le vendredi soir, dans un salon privatisé pour l’occasion à deux pas du Panthéon. Un cadre intimiste et chaleureux parfait pour l'occasion !
Le film venant tout juste de paraître, il était bien évident que la première question allait porter sur lui. Il leur a donc été demandé si elles avaient pu lire le scénario avant la réalisation du film et ce qu’elles pensent de toutes les libertés qui ont été prises avec le roman.
Kami et Margaret avaient effectivement lu le scénario mais il s’est avéré que celui-ci a été énormément remanié en cours de réalisation, ce qu’elles n’ont vu qu’après coup même si elles étaient extrêmement présentes sur les plateaux.
Elles ont donc conscience effectivement des lourds changements dans le film. Pourtant, ce qui les a surtout surpris, ce sont les ressemblances, les similitudes, sur les plus infimes détails. Tous les décors ont été réalisés en polystyrène et elles ont été éblouis par Ravenwood, ses colonnades, sa décoration d’intérieur qui ressemblaient à s’y méprendre aux descriptions du livre. Il s’agissait au départ d’une maison coloniale complètement rénovée mais ils ont réussi à lui donner son aspect extérieur si particulier grâce à une multitude de feuilles de vigne mortes. On y retrouve même l’aspect gothique grâce notamment aux saules pleureurs artistiquement disposés. Ils ont aussi choisi de tourner en Louisiane pour être au plus près de l’atmosphère si présent dans le roman de ces Etats du Sud et leurs bayous.
Elles sont aussi complètement ravies du casting. Ce sont tous de merveilleux acteurs alors qu’ils sont pour la plupart sans expérience. Et celui qui les a plus éblouies c’est Alden qui interprète Ethan. Il est aussi gentil en vrai que dans son rôle. C’est un amour et elles sont restées en contact avec lui. Il a fait un fabuleux Ethan. C’est exactement comme ça qu’elles l’imaginaient. Les autres acteurs, et notamment Alice, les ont tout autant ravies.
Emmy les a fait beaucoup rire. Elle a lu toute la saga et à chaque fois qu’une scène était tournée différemment que dans le livre, elle s’énervait en criant que ça n’était pas du tout comme ça et que ça pourrait même avoir de lourdes conséquences pour le troisième volet !
Les costumes étaient également au top, au plus près de la réalité. Elles ont passé un temps incroyable avec la costumière, à prendre en photo tous les costumes.
Elles ont donc un nombre incalculable de photos de souvenirs du tournage. Elles ne sont malheureusement pas autorisées à les diffuser mais sont vraiment heureuses de les avoir conservés. Elles ont pris des photos de tout et de tous, et même des plus infimes détails comme l’écusson du sheriff de Gatlin qui n’était pas factice.
Leurs meilleurs souvenirs de tournage sont les photos qu’elles ont prises dans la salle des costumes. Chaque acteur devait essayer tous ses costumes et des photos étaient prises et accrochées aux murs pour se rappeler l’ordre de passage et qui devait porter quoi dans quelles scènes. Pendant toutes ses séances d’essayage, Emma Thompson n’arrêtait pas de faire des pitreries et d’horribles grimaces. C’est la femme la plus drôle qu’elles aient jamais rencontrées, mais aussi la plus adorable.
Comment écrire à deux ?
Elles ont affirmé d’emblée qu’elles ont vraiment co-écrit la saga, et à distance. L’une écrivait quelques pages, l’envoyait à l’autre pour correction, continuait, l’envoyait en correction… Et leur leitmotiv était d’avancer avant tout, de ne jamais revenir sur ce qui avait été corrigé.
L’importance du Sud :
Le Sud a été un incontournable dès le début de l’aventure. Il était clair dès le début qu’elles allaient situer leur histoire en Caroline du Sud, un endroit plein de magie, de superstitions, de vaudou, à l’atmosphère gothique à souhait avec ses bayous et ses nappes de brouillard. D’autant que la Caroline du Sud a une position centrale et qu’elle a été le lieu de rencontre de diverses cultures et croyances. Et les superstitions relatées dans le livre existent vraiment et sont propres à cet Etat.
D’ailleurs de très nombreux romans aux Etats Unis se situent là-bas, avec un genre littéraire bien défini et très populaire, le Gothique du Sud,
Southern Gothic.
La série est désormais finie (le dernier tome est
19 Lunes) et chacune s’est lancée dans de nouveaux projets en solo. Ont-elles dû modifier leurs habitudes l’écriture ? Est-ce difficile de revenir à une écriture plus classique ?
Margaret enchaîne directement en disant : « ça nous a fait perdre complètement la tête ! »
Pour Kami, la différence essentielle, c’est que quand on écrit à deux, on n’a jamais de problème de page blanche. Si on est bloqué, il suffit de passer le relais à l’autre. Alors que quand on est seul on ne peut s’en tenir qu’à soi-même ! Du coup, le rythme est moins soutenu.
Pour Margaret, les différences sont moins notables. Elles avaient écrit chacune de leur côté donc elle était déjà seule face à son ordinateur. Ça ne change donc pas fondamentalement.
Ce qui est par contre valable pour toutes les deux, c’est qu’elles ont éprouvé le besoin de changer d’univers. L’univers des Enchanteurs et Le Sud sont à elles deux, et il n’était pas question d’y revenir seule. Margaret c’est donc lancée dans l’écriture d’une romance SF, tandis que Kami a placé son nouveau roman dans l’Est des Etats Unis avec des démons et des esprits.
Mais pour l’anecdote, Margaret a changé sa police d’écriture, comme pour dire qu’elle se lance réellement dans une nouvelle aventure. Une manière symbolique de tourner la page.
Pourquoi un narrateur masculin alors que la série est écrite par deux femmes ?
Les enfants de Margaret et les élèves de Kami (elle a longtemps été prof) en avaient assez de lire des histoires où la fille était toujours la narratrice et ils leur ont demandé de changer. En fait, ils leur ont établi des règles : pas de narratrice féminine, pas de vampires, pas de loups-garous, pas de jeune fille éplorées, pas de mâle alpha avec des pouvoirs… Et effectivement Ethan n’est qu’un humain tandis que Lena a des pouvoirs. Elles se sont aussi inspirées de Kami qui a la réputation de se battre souvent dans les bars, ou encore des filles de Margaret qui font de l’escrime depuis longtemps.
Quelles sont leurs méthodes d’écriture ?
Margaret a l’habitude de commencer par établir un plan. Elle écrit des mots-clés, fait son plan et ensuite prend un malin plaisir à ne pas le suivre. Mais c’est un processus qui lui reste malgré tout indispensable. Elle a besoin de voir au préalable dans quelle direction elle va, même si elle la modifie en route. Son plan c’est tout simplement la trame du roman. En fait ce qui ne change jamais c’est le début et la fin. C’est juste le moyen d’y parvenir qui se transforme au gré de son imagination, au fur et à mesure qu’elle écrit.
Kami a été prof pendant 17 ans et en a conservé des « séquelles ». Elle a besoin que son travail soit soigneusement organisé. Elle établit donc également un plan - un « story-board » au préalable. Elle a même étudié des ouvrages sur la manière de structurer au mieux et au plus clair un roman. Ses plans sont toujours en 18 points et sont structurés en actes et en scènes. Ce n’est pas pour autant qu’ils restent définitifs durant toute l’écriture du roman. Mais elle s’y réfère tout le temps. Si elle décide de modifier un point, elle le fait aussi sur son plan pour voir si ça reste cohérent avec ceux qui l’entourent. Il faut absolument de la logique dans les romans. Et elle capable avec une simple lecture de déterminer tout de suite si un écrivain a construit auparavant sa trame ou pas. Et il n’y a rien qui l’énerve plus qu’un roman sans plan car il manque obligatoirement un cheminement logique et la fin arrive souvent comme un cheveu dans la soupe, trop précipitée ou peu crédible.
On a aussi pas mal parler de nourritures et a priori elles sont fans de chips dans toutes leurs déclinaisons : à l’ancienne, à la moutarde, au vinaigre…
La rencontre s’est conclue par une séance de dédicaces de nos nombreux ouvrages et nous avons eu la surprise de voir Margaret venir à nous et se poser par terre pour signer nos ouvrages. Elles ont eu pour chacun d’entre nous des mots gentils et personnels. Elles ont été adorables et souriantes d’un bout à l’autre de la rencontre, simples et chaleureuses. On a pu passer un moment extraordinaire et nous ne remercierons jamais assez l’équipe Black Moon pour cela !
Les deux auteures étaient également en dédicace au Salon du Livre le dimanche après-midi et il était impossible d’approcher le stand Black Moon tellement la foule venue les rencontrer était dense !
Une très jolie rencontre ! Un énorme merci à Kami Garcia et Margaret Stohl, ainsi qu’à l’équipe Black Moon et tout particulièrement à Cécile.