ROSS Elizabeth - Belle Epoque

Belle Epoque
Elizabeth Ross

Collection R
sortie le 14 novembre 2013

Quatrième de couverture :

A Paris, tout est à vendre...

Lorsque Maud Pichon s'enfuit de sa Bretagne natale pour échapper à un mariage dont elle ne veut pas, elle monte à Paris, ville-lumière en ébullition à la veille de l'Expositions Universelle de 1889. Hélas, ses illusions romantiques s'y évanouissent aussi rapidement que ses maigres économies. Elle est désespérément à la recherche d'un emploi quand elle tombe sur une annonce inhabituelle. L'Agence Durandeau propose à ses clients un service unique en son genre : la location d'un repoussoir. Son slogan ? "Louez un faire-valoir, vous en deviendrez d'emblée plus attirante". Monsieur Durandeau a déjà amassé une petite fortune grâce à sa riche clientèle, et quand la comtesse Dubern vient chercher une compagne pour Isabelle, sa fille aux idées bien arrêtées, Maude est immédiatement choisie comme faire-valoir idéal.

Mais Isabelle ne sait pas que sa nouvelle "amie" n'est en fait que de location, et l'existence de Maude au sein de l'aristocratie repose entièrement sur sa capacité à garder ce lourd secret. Pourtant, plus elle en apprend sur Isabelle, et plus sa loyauté à la comtesse est mise à l'épreuve....

Belle Epoque est librement inspiré d'une nouvelle méconnue d'Emile Zola, Les Repoussoirs, qui sera inséré à la fin du roman. 

Maude fuit le domicile familiale et sa Bretagne à l'âge de 16 ans, pour échapper à un mariage forcé. Elle se rend ainsi à Paris, des rêves plein la tête avec un petit pécule. Il en faut du courage pour monter seule à la capitale, mais elle est déterminée. Seulement, quelques semaines à peine après son arrivée, Maude n'a guère plus d'économie et ne mange pas suffisamment à sa faim. Elle répond alors à cette étrange annonce qui cherche des jeunes femmes pour faire un ouvrage facile. Elle se fait recruter sans grande difficulté, car elle correspond parfaitement au profil. Mais l'agence Durandeau emploie en réalité des filles insignifiantes et laides, pour devenir des repoussoirs, des faire-valoir, mettant ainsi en avant la personne qu'elles accompagnent. Leur laideur souligne en effet la beauté des riches clientes. Car à paris, tout se vend...

Maude est un personnage intéressant et touchant, mais pas totalement attachant. Il lui manque en fait une petite touche à sa personnalité. Elle va être un peu trop éblouie par l'opulence dont elle a accès. Mais ça c'est quelque chose que l'on peut parfaitement comprendre dans sa situation. Sa cliente est une comtesse qui cherche à tout prix à marier sa fille, Isabelle. Elle a, de ce fait, besoin de Maude, pour servir de faire-valoir, pour rehausser la beauté de la jeune fille, et tout cela à l'insu de l'intéressée. La situation dans laquelle se retrouve alors Maude la rend honteuse, et elle culpabilise, car elle s'est véritablement prise d'affection pour Isabelle. Elle va donc être tiraillée entre son amitié pour Isabelle et par la peur de perdre son emploi si elle ne fait pas tout ce qu'on lui demande. Elle va devoir faire un choix. Et tout cela ne sera pas sans conséquence...
Les personnages secondaires sont assez marquants, en particulier celui d'Isabelle. Elle est rebelle, moderne et franche. C'est une jeune fille qui rêve d'aller à l'université, elle a clairement d'autres projets en tête que de se marier, et déteste se pavaner devant toute la haute société. Isabelle se démarque clairement des autres et on s'attache très vite à elle. Quant à sa mère, c'est une femme égoïste, artificielle et manipulatrice, qu'on ne peut que détester. On fait également la connaissance de Paul, un jeune artiste qui cherche à percer dans le monde de la musique. Son rêve est d'aller au conservatoire, mais la route est longue et semée d'embûches. On ne le voit pas beaucoup, mais il a son importance dans le récit, et on a le sourire à chacune de ses apparitions. Car son naturel et son franc-parler nous charment irrémédiablement.

Il est agréable et très rafraîchissant d'être plongé dans le Paris du XIXème siècle. On évolue dans une ambiance souvent bourgeoise, mais parfois aussi un peu miséreuse. On assiste à la construction de la Tour Eiffel, qui est d'ailleurs perçue d'un mauvais œil par certains. On dit que c'est une abomination, qui sera certainement détruite dans les mois à venir. Dès le début du roman on découvre l'humiliation, que subissent les jeunes filles et les femmes, employées par le répugnant Durandeau et ses clientes. Car si ces dernières paraissent toutes mielleuses en public, il en est tout autre quelquefois dans l'intimité. On ne peut qu'être indigné et dégoûté par les paroles terriblement blessantes et cruelles envers les faire-valoir. L'idée de reprendre la nouvelle d'Émile Zola est vraiment fabuleuse. Car, comme nous le dit très bien Elisabeth Ross à la fin du livre, bien que Zola aie écrit les Repoussoirs il y a plus d'un siècle. On ne peut que faire le rapprochement avec notre société actuelle. Où la beauté, l'effet de mode et la quête de la perfection sont perpétuellement mis en avant, provoquant des comportements aberrants, voire révoltants. Mais au final, même si le thème abordé est parfois un peu douloureux, on est aussi attendri par certains personnages, et on ferme le livre avec un grand sourire au lèvres. Et ça c'est vraiment génial. L'auteure a parfaitement fait évoluer son histoire, avec une plume en outre très agréable et fluide. Un pur plaisir donc de tourner les pages. Nous avons également à la fin du livre, la nouvelle d'Émile Zola, ce qui est une parfaite occasion de la découvrir, si ce n'est pas déjà le cas !

Un roman intelligent, distrayant, marquant, et vraiment passionnant que j'ai adoré, et même plus encore !