Rencontre gourmande avec Joanne Harris
Ce jeudi, grâce aux
éditions Charleston, nous avons eu la grande chance de partager un déjeuner avec
Joanne Harris. On ne présente plus
cette grande dame, auteur, entre autres, de
Chocolat,
Des Pêches pour Monsieur le Curé,
Les Cinq Quartiers de l’orange,
Classe à Part,
L’été des Saltimbanques, … Des livres que l’on prend un plaisir infini à dévorer, qui parlent au cœur et aux sens, qui donnent envie de succomber à la gourmandise et qui laissent le lecteur un grand sourire aux lèvres une fois la dernière page tournée. De la littérature féminine, de la littérature Feel Good, de la très bonne littérature tout simplement !
Les rapports inter-religions, l’Islam et le voile sont au cœur du dernier opus de Joanne Harris, Des Pêches pour Monsieur le Curé. Avant d’écrire cette histoire, qui signe aussi le retour de Vianne l’héroïne de Chocolat et ses filles, Joanne a souhaité se renseigner sur ce choix du voile pour les femmes musulmanes. Mais ce n’est pas facile d’aborder une inconnue dans la rue pour lui parler d’un sujet aussi intime. Finalement, elle est allée dans une école musulmane pour filles. Elle a fait la cuisine avec elles, elle a longuement parlé avec les professeurs. Et c’est en entendant le récit de l’une d’entre eux qu’elle a trouvé le personnage central de son nouveau roman. C’est vraiment triste quand on songe qu’Inès existe et surtout, qu’il existe bien des Inès à travers le monde …
Ceux qui ont lu Chocolat savent bien que l’histoire ne se passe pas dans les années 50-60 comme le film le laisse entendre mais bien de nos jours. C’est un choix des producteurs du film qui ne pensaient pas qu’un tel communautarisme, qu’une telle intolérance puisse exister à notre époque. C’est pourtant bien le cas ! Du coup, cela serait compliquer d’adapter Des Pêches pour Monsieur le Curé. Il faudrait complétement oublier Chocolat, le traiter comme un nouveau film, totalement indépendant. Ce qui est assez amusant avec Chocolat, c’est qu’au départ, les producteurs pensaient tout repenser et choisir Whoopie Goldberg pour le rôle principal, puis finalement Gwyneth Paltrow (un sacré grand écart). Mais là, Joanne trouvait que cela n’allait pas du tout, « vous imaginez Gwyneth manger du chocolat ? » (euh, non, pas vraiment !) . Elle avait déjà en tête Juliette Binoche et a obtenu gain de cause. Tant mieux, car quand on lit les livres, Juliette est véritablement une parfaite Vianne. Elle ne voyait pas vraiment Johnny Depp en Roux (déjà, dans le film, il n’est pas roux et ne correspond pas physiquement au personnage). C’est toujours le problème avec les adaptations de livres en films. Quand on lit le livre, on voit, on imagine nos propres personnages et un film nous montre comment d’autres voient ces mêmes personnages et les deux visions ne vont pas forcément ensemble.
Elle n’a pas écrit Chocolat pour en faire une trilogie. Chaque livre peut d’ailleurs se lire indépendamment. Il n’est pas exclu aussi que Vianne revienne pour de nouvelles aventures dans un prochain livre. Le temps passera et nous serons heureux de la revoir ainsi que ses filles devenues de jeunes adultes … De bons moments de lecture en perspective !
Nous avons appris que c’est souvent la mère de Joanne (française) qui traduit ses romans en français. Car si elle est parfaitement bilingue avec un très très léger accent, Joanne n’écrit qu’en anglais. Elle manque selon elle de vocabulaire, et perdrait donc son style si elle se mettait à écrire en français… et en même temps, elle fait ce qu’elle veut ! C’est souvent délicat de traduire certains livres. Ce fût le cas notamment avec Classe à Part. Dans ce roman absolument génial, un livre avec une intrigue qui dure tout au long du livre, l’identité du narrateur doit être cachée pour maintenir le suspense et ce n’était pas du tout évident. La traduction chinoise ne s’est pas embarrassée outre mesure, elle a carrément mis son nom dans le titre !!!!
Elle a écrit un thriller psychologique, Blueeyedboy, pas encore traduit, qui se passe sur internet, sur un internet perçu comme un confessionnal. Le héros a 40 ans, il vit chez sa mère qu’il a envie de tuer mais il sait qu’il ne le fera jamais. Alors sur le net, il est devenu une sorte de Roi du meurtre, assumant des fantasmes de meurtres sur des femmes d’un certain âge qu’il publie au quotidien. Elle écrit aussi une série de Fantasy, Runemarks et Runelight qui prend sa source dans la mythologie nordique. On va croiser les doigts pour qu’elle soit traduite en France.
Et son premier roman était une histoire de… vampires ! 20 ans avant la vague Twilight, elle écrivait un conte gothique et fantastique, un vrai de vrai !
Claire d'Onirik, Fabiola des Romantiques, Sandrine de Place to Be et Sophie du Blog des Livres qui rêvent et Elise de Charleston
Nous avons passé un moment délicieux, un grand merci à toute l’équipe des Editions Charleston, Karine, Elise et Laura, et à Joanne Harris pour sa disponibilité et sa gentillesse qui ont fait de ce déjeuner une très belle rencontre. Joanne sera en dédicace demain à 17h00 à la librairie Contact à Angers et samedi 14 septembre à 15h00 au BHV Marais à Paris.