SARRAULT Adrien: Un Buisson d'Amarante

Adrien Sarrault

Lorsque Amaury débarque à Paris dans sa classe préparatoire scientifique, il n’a de français que son passeport. Né à Phnom-Penh, il a grandi à Tanger. Cette différence lui colle à la peau : admis dans une Grande école d’ingénieurs, il n’en nourrit pas moins un syndrome de l’imposteur qui va le poursuivre tout au long de sa carrière. De Java à Berkeley, en passant par Paris et Pondichéry, lui, l’apatride, est en réalité à la recherche de lui-même.
Classes préparatoires, grandes écoles, MBA, start-up, comités de direction, mais aussi amoureux du monde de la course hauturière et de dressage : Amaury trace son chemin dans un système de castes où la cooptation est la règle et où les puissants se reconnaissent et s’adoubent entre eux.
Sur fond de chronique des quarante dernières années, ce roman d’apprentissage écrit dans un style corrosif et plein d’humour offre une réflexion profonde et nécessaire sur notre société et l’élitisme, dans les univers fascinants de l’aérospatial et de l’Internet.

Un Buisson d’Amarante, c’est un récit initiatique, une chronique des quarante dernières années à travers le regard tour à tour cynique, tendre ou plein d’humour d’un apatride qui parcourt le monde et en observe les bouleversements. Malgré quelques longueurs et un style un peu trop alambiqué parfois, on passe tout de même un bon moment.

Enfant d’expatriés (son père est enseignant), Amaury est né à Phnom-Penh et a grandi dans les ruelles de la Medina de Tanger. Élève plutôt brillant, il est admis en prépa à Paris puis dans une grande école d’ingénieurs. Mais s’il est français sur le papier, Amaury se sent déraciné à l’image du buisson d’amarante du titre. D’ici et d’ailleurs, il n’est finalement de nulle part. Nous allons le suivre durant quarante années, de belles rencontres en désillusions, de l’Inde à la Californie en passant par l’Irlande, des hautes sphères des grandes entreprises et autres bourgeoisies fortunées aux scientifiques brillants de l’aérospatiale. Quarante ans d’une vie où le monde évolue tant d’un point de vue économique que politique ou social et où les nouvelles technologies changent la donne (nous sommes à l’ère du numérique, de la bulle internet et des start-ups).        

Adrien Sarrault nous offre, avec un Buisson d’Amarante, un beau roman d’apprentissage, très bien documenté et des plus intéressants. En nous livrant mille et une références musicales, cinématographiques, littéraires ou politiques, il rend son récit terriblement vivant et passionnant. On pénètre de l’intérieur le monde plutôt fermé des grandes écoles et des conseils d’administration des grandes entreprises du CAC 40 et c’est plutôt surprenant (voir même irritant). Rivalité, performance et une certaine forme de mépris y règnent en maîtres et l’humain ne passe qu’au second plan. Son narrateur n’a pas eu une vie banale, routinière. Il a connu un monde en plein mutation où l’émergence d’internet vient tout chambouler. Les passages consacrés à Berkeley et l’aérospatiale sont tout simplement fascinants (cela reste tout de même l’une des plus belles conquêtes de l’être humain).
Si j’ai aimé l’histoire, j’ai eu un peu plus de mal avec le style de l’auteur. Complexe, alambiqué par moments, j’ai été perdue à certains passages, obligée de m’interrompre et revenir en arrière pour relire et comprendre où il veut en venir. Quelques longueurs et réflexions pas forcément utiles viennent aussi un peu plomber le récit. Mais malgré ces quelques écueils, cela reste un joli roman (c’est d’ailleurs un premier roman pour l’auteur) et un beau voyage dans le temps.