ORBAN Christine : Quel effet bizarre faites-vous sur mon coeur

Quel effet bizarre faites-vous sur mon cœur
Christine Orban
Sortie le 7 mai 2014

« Après qu’il m’eut répudiée, j’ai eu envie d’écrire à Bonaparte. L’idée a germé une nuit, seule à la Malmaison alors qu’il était parti à l’île d’Elbe. Moi, Joséphine, répudiée, lui exilé, comment en sommes-nous arrivés là ? »

Avec une empathie troublante, l’auteur du Silence des hommes, de N’oublie pas d’être heureuse, s’empare du personnage de Joséphine et nous fait partager ses passions amoureuses. On retrouvera dans ce récit l’analyse des sentiments et la profondeur qui ont fait le succès de la romancière.

"Enfin une lettre de toi, retenu à l'île d'Elbe. Comment est-ce possible ? Je n'aurais jamais imaginé qu'un jour tu serais exilé et moi répudiée. Que de douleurs nous avons traversées pour en arriver là.
On me connaît mal, dis-tu dans ta lettre. Tu te prépares à substituer ta plume à l’épée, voilà presque une bonne nouvelle. Puisque nous devons être jugés, soyons-le pour ce que nous sommes. Moi, je n’ai pas de comptes à rendre à l’Histoire. A toi seulement. C’est pourquoi j’entreprends de t’écrire. De te raconter ma vie depuis ce funeste dîner où tu décidas de la séparer de la tienne."

Dès les premières lignes, le ton est donné et on le sait, c’est dans ceux de Joséphine que nous allons mettre nos pas. Plus que cela même, nous allons nous glisser dans sa vie, dans son cœur, dans ses pensées à une période charnière de sa vie, celle où l’Empereur la répudie pour raison d’état. Ils s’aiment mais Joséphine, plus âgée que son mari, est stérile à présent et Bonaparte a besoin d’une descendance pour assoir son pouvoir, pérenniser son nom et l’inscrire durablement dans l’Histoire. Réfugiée en son château de la Malmaison, elle réfléchit, s’interroge et couche sur le papier tout ce qu’elle a à dire à cet homme qui l’obsède et la fascine toujours autant. Christine Orban signe ici un roman d’une élégance rare, intime et touchant. Elle parvient à saisir avec justesse les dernières heures de cette belle histoire d’amour, la passion de ces deux amants qui s’aiment et se désirent plus que tout mais se sacrifient au nom de l’Empire, au nom du pouvoir.
On perçoit, non, on ressent pleinement l’attachement de cette femme répudiée, bafouée pour cet homme hors du commun, fascinant et exigeant. D’elle, on garde souvent l’image d’une femme légère, frivole mais elle est bien plus que cela. On comprend dès lors l’amour fou et le déchirement de Napoléon au moment de s’en séparer. Joséphine était une observatrice aiguisée de son temps, elle savait aussi s’affranchir de l’avis des autres et surtout, elle était d’une lucidité redoutable. Mais, c’était surtout une amoureuse, une femme de passions, impudique quand il s’agit de livrer ses sentiments, ses états d’âme.
Avec ce livre, on entrevoit aussi une facette plus intime de l’Empereur. On découvre un homme qui aime sincèrement les enfants de Joséphine, qui se préoccupe de leur avenir, qui ne parvient pas à chasser son grand amour de sa tête, de son cœur. Jusqu’à la fin, il continue de lui écrire, il se tient au courant de sa vie et fait preuve d’une rare bienveillance à son égard.  

Un livre qui nous plonge dans les derniers instants d’un couple mythique. Tour à tour intime, pudique et passionné, ce récit nous émeut autant qu’il nous fascine. Sous la plume délicieuse de Christine Orban, Joséphine et Napoléon s’aiment et se déchirent et c’est tout simplement touchant !