Luxx
Messages : 127 Date d'inscription : 10/12/2013
| Sujet: DICKER Joël, La vérité sur l'affaire Harry Quebert Mer 5 Nov - 10:19 | |
| La vérité sur l'Affaire Harry QuebertJoël Dicker Quatrième de couverture :Si vous mettez le nez dans ce gros roman, vous êtes fichu. Vous ne pourrez pas vous empêcher de courir jusqu'à la six centième page. Vous serez manipulé, dérouté, sidéré, agacé, passionné par une histoire aux multiples rebondissements, fausses pistes et coups de théâtre. --Bernard Pivot - Le Journal du Dimanche du 16 septembre 2012
C'est rare, mais quand cela arrive, rien ne peut couper court à l'excitation. Jeune ou moins jeune, lecteur difficile ou facile, femme ou homme, on lira sans discontinuer jusqu'au bout le roman français de Joël Dicker, La Vérité sur l'affaire Harry Quebert. On n'en sortira qu'épuisé et ravi par le jet continu d'adrénaline littéraire que le narrateur n'a cessé d'injecter dans vos veines. Roman noir, oui, roman policier sans doute, mais tout aussi bien roman psychologique à retournements haletants ou hilares, et roman de moeurs d'une actualité et d'une justesse saisissantes sur cette Amérique profonde qui se cache si bien et qui évolue de façon si déconcertante derrière les dentures parfaites que lui garantissent ses stomatologistes d'avant-garde. --Marc Fumaroli, de l'Académie française - Le Figaro du 20 septembre 2012 | |
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Luxx
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| Sujet: Re: DICKER Joël, La vérité sur l'affaire Harry Quebert Mer 5 Nov - 15:23 | |
| Mon avis:
Prix Goncourt des Lycéens 2012, Grand Prix du roman de l’Académie Française, ce deuxième roman de Joël Dicker est une jolie réussite.
Certes, ce gros polar de 850 pages était en terrain conquis avec moi : une petite ville américaine tranquille, un crime non élucidé depuis presque 40 ans, une galerie de personnages très bien dépeints, des révélations et des coups de théâtre à répétition… presque un stéréotype du genre.
Pourtant, l’auteur n’est pas américain mais suisse, et cela a sans doute son importance. D’abord, notre héros n’est ni un agent du FBI solitaire extrêmement doué aux méthodes personnelles et/ou douteuses marqué par un passé douloureux porté sur la bouteille à la recherche d’une rédemption, ni une légiste séduisante sans le savoir passionnée par son boulot qui va apprendre à aimer en même temps qu’elle démasquera le coupable. Non, notre héros est juste un petit con, un auteur à la mode dépassé par son succès, entraîné malgré lui dans une enquête tortueuse.
Le choix de ce protagoniste, auquel on ne peut qu’associer l’auteur, manifeste d’ailleurs une certaine humilité : en mettant en scène les excès auxquels amène le succès, on sent que Joël Dicker cherche à s’en prémunir, ou peut être à les expier. Le cynisme du monde de l’édition et du marketing se heurte bien souvent à la vision légèrement romantique du jeune écrivain, et le tout est dépeint avec lucidité et un humour mordant qui vient alléger par moment un récit plutôt sombre.
Autre éclaircie franchement hilarante, les coups de fil de la mère juive du héros. On est certes en plein dans le cliché, mais les délires inquiets de cette femme pas très maligne qui ne comprend pas le monde dans lequel évolue son ambitieuse progéniture viennent eux aussi couper le déroulement d’une intrigue policière assez classique.
En effet, ce n’est pas dans la partie « polar » du roman que réside pour moi son principal attrait. Sans rien enlever à la qualité des rebondissements, sans dire que la chute est attendue, les procédés mis en œuvre ne révolutionnent pas le genre, loin s’en faut. On tâtonne, on déterre des secrets les un après les autres, on désigne un coupable, on l’innocente, et on recommence. J’irai même jusqu’à dire qu’il y a un peu trop de coups de théâtre et que tous ne sont pas d’une vraisemblance criante, mais cela ne gâte pas l’ensemble.
En revanche, c’est aussi un roman d’amours et de solitudes, d’illusions perdues et de sacrifices. C’est un roman qui semble constamment s’interroger sur sa propre légitimité, sur ce qui mérite d’être écrit, sur comment l’écrire.
Et pour finir la mise en abîme qu’opère l’auteur qui met en scène un auteur écrivant son deuxième roman à succès dont les droits sont rachetés par le cinéma, je ne peux que souhaiter vivement qu’on fasse de ce livre un bon film, tant il s’y prêterait bien.
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