Mon avis :
Laurel a disparu du jardin de sa maison alors qu'elle n'avait que 6 ans. Et malgré tous les moyens mis en œuvre, nul n'a jamais pu trouver ce qu'il est advenu d'elle. Mais voilà qu'elle réapparaît dans ce même jardin treize ans plus tard, serrant entre ses bras Barnabé, l'ours en peluche qui avait disparu avec elle. Durant tout ce temps, elle était enfermée dans une cave au bon vouloir de son tortionnaire. Elle doit désormais apprendre à se reconstruire et vivre dans un monde qui lui est totalement étranger, entourée de l'amour inconditionnelle de sa famille, sa mère, son père, Michel, le compagnon de celui-ci et sa jeune sœur de 17 ans, Faith.
Faith est la narratrice de cette histoire tragique. Toute sa vie a tourné autour de la disparition de Laurel, à travers ses propres souvenirs, l'enquête, les médias, sa mère inconsolable, ses camarades de classe qui s'en sont toujours donnés à cœur joie... Ses seules échappatoires, sa meilleure amie, Martha, et son petit copain Thomas qui ignorait tout de l'existence de Laurel. Et voilà que le lendemain de la nuit où elle perd sa virginité, Laurel réapparaît, reléguant au second plan cet événement crucial. Faith est bien entendu immensément heureuse et prend un réel plaisir à retrouver cette sœur qu'elle croyait perdu, à lui apprendre à se familiariser avec les choses les plus simples de la vie, bien plus en tout cas que ce qu'elle pensait. Il n'empêche qu'encore une fois, il n'y en a que pour Laurel et Faith se sent horriblement coupable de se sentir jalouse alors que sa sœur a vécu l'enfer.
Tout le roman tourne donc autour de la réapparition de Laurel. On entraperçoit à travers des bribes de témoignages, des réactions inhabituelles, le calvaire que la jeune femme a enduré. Mais ce n'est pas le cœur de l'histoire. C'est bien sa réadaptation au sein de sa famille, de sa vie, et comment cette même famille vit ce retours, à travers Faith. On assiste aux premiers interrogatoires, aux premières conférences de presse, aux interviews... Et surtout on se doute bien, Cat Clarke étant Cat Clarke, que cela ne peut être aussi « simple ». Et on a bien raison. De petits indices nous prouvent peu à peu que tout n'est pas vraiment ce qu'il paraît être.
Comme dans tous les romans de Cat Clarke, l'histoire nous prend aux tripes du début à la fin. Nous sommes assaillis par de multiples émotions, pas toutes positives, allant de l'angoisse, au dégoût et à la terreur. Surtout que l'on sait que tout pourrait être vrai, qu'il existe des cas similaires et que ça peut arriver à n'importe qui.
Un petit clin d'oeil amusant. L'auteure avait annoncé que Michel, le nouveau compagnon du père de Faith, était français et qu'il ressemblait trait pour trait à Glenn Tavennec, le directeur de la Collection R. Voici donc comment elle le décrit :
« Michel est très très beau. Il a une magnifique peau, des cheveux noirs en bataille et une barbe de trois jours. S'il avait mesuré quelques centimètres de plus et été plus futile, il aurait sans doute pu faire une carrière de mannequin. » Le final est juste sublime. Le dernier passage est construit sous forme de mise en garde pour tous, tout en nous offrant le souvenir de ce jour funeste treize plus tôt, avec ce qu'il s'est passé et ce qui aurait dû se passer. Et quelle angoisse...
Encore un roman parfait signé Cat Clarke !