Mon avis :
Alors que tous les fans de X-Files fêtaient le retour de leur série mythique, du côté des rayons des librairies, l’agent Scully, alias Gillian Anderson faisait parler d’elle avec la sortie française du premier tome de la trilogie Earthend, en collaboration avec Jeff Rovin, auteur reconnu, notamment pour la série Op-Center, du défunt Tom Clancy, dont il a écrit une dizaine de romans. J’espère bien que les fans de la série culte et de l’actrice auront pris une double ration de Gillian, car ce roman est à mettre entre toutes les mains.
En différents lieux, sans aucun lien entre eux, des adolescents commencent à présenter d’inexplicables symptômes. À New-York, la fille du représentant indien de l’ONU s’exprime tout à coup dans une langue qui n’existe pas et souffre de visions violentes. Caitli O’Hara, célèbre psychologue pour adolescents, est appelée pour la soigner, la pensant sous le choc des tensions menaçant son pays et qui pourraient avoir de lourdes conséquences. Une jeune Haïtienne manque de se noyer au milieu d’une rue et un étudiant iranien, quant à lui, s’immole par le feu.
Caitlin, bien vite, se trouve contrainte d’avouer avoir à faire à un phénomène plus sinistre, lié à des forces issues d’une civilisation disparue.
Dès le début, nous sommes confrontés à l’horreur qui s’empare de la jeune Maanik, fille de l’ambassadeur indien de l’ONU, et nous nous posons la question du rapport avec le prologue qui était à cent lieues de ce que nous découvrons ensuite. On s’interrogera à de nombreuses reprises sur le lien qui pourrait exister et l’on fera des suppositions qui seront contrecarrées, ou pas, alors que nous poursuivons notre lecture. Les événements qui se déroulent lors des visions de la jeune fille semblent si réels qu’ils ont un impact sur celle qui les vit et que son entourage le perçoit.
D’ailleurs, Maanik, pleine de vie d’ordinaire, ne semble plus être elle-même et la tâche qui incombe à la psychologue semble ardue tant ce qui arrive à la jeune fille bouleverse tout ce qu’elle a pu affronter auparavant. Néanmoins, Caitlin ne rend pas les armes pour autant et n’hésite pas à se rendre auprès de la jeune Haïtienne ainsi que du jeune Iranien dans l’espoir d’obtenir la clé qui lui permettra de comprendre et d’aider la jeune Indienne. De rencontre en rencontre, elle finira par recevoir « l’illumination », cette compréhension et cette acceptation qui vont lui ouvrir les yeux et l’esprit. Dès lors, il est question d’une course contre la montre pour sauver Maanik.
Caitlin est une mère célibataire approchant de la quarantaine, dont aucune description n’est faite, mais on se la représente sous les traits de Gillian Anderson. Elle a un jeune garçon sourd de 10 ans qui la rattache à ce monde, lui donnant cette bulle protectrice pour se ressourcer.
Elle a un ami, Ben, traducteur et ami de l’ambassadeur indien de l’ONU. On leur souhaite bien plus que de l’amitié et l'on espère voir leur relation évoluer au fil des pages. Il lui apportera toute son aide dans cette épreuve, en effet aider Maanik sera très éprouvant et révélateur d’un monde qui nous dépasse.
Alors que défilent les chapitres, quelques comparaisons me sont venues. Tout d’abord, celle avec Présages de James Herbert, pour le fait qu’ils se passent plusieurs incidents similaires à des endroits très éloignés les uns des autres. Puis, bien entendu, on ne peut renier que ce récit puisse être lié de près ou de loin à X-Files. Que celui qui n’a jamais envisagé ce rapprochement en lisant ce livre me fasse signe.
Lorsque le dénouement se fait proche, nous sommes fébriles, gagnés par ces visions que partage désormais Caitlin avec la jeune Indienne, agissant même au cœur de celles-ci, quittant son rôle de spectatrice pour en devenir actrice. Nous tendons nos mains pour lui apporter tout notre soutien. Un nœud se forme à nos estomacs et luttons contre ce cri de douleur ou de peur qui veut s’échapper de nos gorges. Nous passons notre nuit aux côtés de la psychologue et frissonnons alors que la vérité semble être ailleurs, car le final ne nous donne pas le droit d’arrêter notre lutte. Il nous faut la suite. Peut-on donc faire de ce premier tome une « Affaire non classée » ? Je dirais que oui tant il me tarde à la lecture de celui-ci de découvrir la suite, ce Rêve de Glace qui est sorti aux USA en décembre 2015.
Sans aucun doute, nous pouvons affirmer que Gillian Anderson et Jeff Rovin ont su franchir les barrières de nos esprits, en soulevant de nombreuses questions qui continuent de nous tarauder alors même que nous avons refermé ce livre. Ils nous donnent envie de chercher jusqu’où se sont-ils inspirés du passé et quelle part de ce récit n’est que pure invention. Où s’arrêtent les frontières du réel ?
Finalement, il s’avère difficile de cantonner Visions de Feu à un simple thriller alors que le fantastique et l’ésotérisme pointent le bout de leur nez au fil des pages. Il est bien plus que cela ! Il est une météorite de mythes, de croyances, d’espoir, de rêve, de cauchemar et même de folie traversant le ciel de la planète thriller avant de s’y écraser, creusant un cratère que même le temps et ceux qui aiment tout classifier ne pourront réduire.