C’est sans beaucoup de détails que je suis allé voir
The Last Girl, car je ne voulais pas trop connaître l’ambiance avant d’être devant l’écran. J’ai bien fait, car ça a été sans conteste une très bonne surprise, aussi bien par rapport aux décors, au jeu d’acteur, qu’au solide scénario.
Nous savons d’entrée pourquoi la musique de Cristobal Tapia de Veer a été primée à Gérardmer (citation également aux BAFTA pour la BO de la série
Humans). C’est elle qui nous transporte dans le monde post-apocalyptique de la jeune et brillante Melanie (Sennia Nennua). Lancinante et sur de longues notes glaçantes, on a presque envie qu’elle s’arrête… Elle reflète le sentiment de peur omniprésente, et l’attitude des soldats d’une base de recherches biologiques anglaise : tous très tendus et sur le qui-vive.
On ne comprendra que plus tard le masque froid qu’ils affichent auprès d’une vingtaine d’enfants enfermés. Dans un futur proche, ce sont pour le docteur Carolyn Caldwell (Glenn Close) des cobayes, afin de créer un vaccin contre le champignon responsable du virus « affams ». La toute première partie du film nous installe donc dans le quotidien millimétré et aseptisé de ces enfants, qui en ont tous l’air au premier abord. Pourtant, ils sont entravés toute la journée, même pendant leurs classes avec la professeur Helen Justineau (Gemma Arterton), et ont constamment les fusils des soldats pointés sur eux : ce sont des zombies appartenant à la deuxième génération du virus. Le sergent Eddie Parks (Paddy Considine) en est bien conscient, il suffirait que son odeur soit détectée pour déclencher leur faim, tout comme le soldat Kieran Galagher (Fisayo Akinade) et le Dr Jean Selkirk (Anamaria Marinca).
La mise en scène particulièrement soignée aidant (production de Camille Gatin et Angus Lamont), j’ai beaucoup aimé cette transition sans précédent dans la nature, déclenchée par une invasion de zombies ; des Affams adultes. Cette errance jusqu’à une nouvelle base à travers forêts et ruines sera tout à fait angoissante et passionnante.
On ne peut que saluer le choix des acteurs et surtout la prestation de Sennia Nenua –
Berverley. Après 500 filles candidates, Colm McCarthy a vraiment trouvé sa perle rare. Sous sa candeur apparente, elle transpose la perspicacité et l’analyse de Melanie très simplement. Le spectateur fait le cheminement en même temps que ce personnage jusqu’ici soumis à sa condition d’enfant-étude pour qui l’institutrice Helen Justineau s’est prise dune grande affection. Il faut dire que Melanie, avec son imagination débordante, sa force d’adaptation, et aussi très attachante ; mais dans les faits, seulement pour sa professeur, incarnée par la touchante Gemma Arterton –
Gemma Bovery,
Quatum of Solace, (…) et bientôt dans
Their Finest.
Le Dr Caldwell est déterminée pour sa part à la garder vivante ou plutôt intacte, jusqu’au prochain centre. La biologiste, même si elle reconnaît une part d’humanité en Melanie, l’estime au final uniquement par la capacité scientifique de son cerveau, ce que transpose Glenn Close –
Les liaisons dangereuses,
Hamlet,
Albert Nobbs,
Les galons du silence, la série
Damages (…) – à merveille. Quant au très bon Paddy Considine –
In America,
Hott Fuzz, le génial
Peaky Blinders (…) – on se rend compte de la dureté de leur condition à tous dans son rôle du sergent Parks. En véritable meneur, il se rattache à la survie dans un comportement protocolaire.
Les scènes avec les zombies sont bien amenées, soit tout en tension, ou soit par surprise. Dans chacun de ces cas, c’est fait avec beaucoup de précisions, et même si c’est de l’horreur, cela ne verse jamais dans le glauque et encore moins dans le cliché. Pas de doute que cela conviendra aux fans de zombies, et même aux novices dans le film de genre, par la morale qui en est tirée ; que je vous laisse découvrir dans le final ! Je recommande aussi à ceux qui veulent sortir de leur zone de confort.
Colm McCarthy a su tirer le meilleur du récit de Mike Carey, grâce à une très belle distribution artistique et des images tout droit sorties d’une Angleterre qu’on espère ne pas voir un jour
NB : interdit aux moins de 12 ans