Lisa Kleypas est l’un des auteurs phares de la Romance Historique. Elle est même très souvent le premier nom qui nous vient à l’esprit lorsque l’on veut conseiller un(e) ami(e) néophyte. Présente depuis près de 20 ans dans le monde de la romance, elle a été, depuis, constamment encensée et ses ouvrages ont reçu de nombreuses récompenses : le prix Waldenbooks de la meilleure progression des ventes avec Courtisane d’un soir ou encore le très prestigieux Rita Award pour Libre à tout prix. En 2002, L’Amant de lady Sophia reçoit l’Award de la romance historique la plus sensuelle.Son secret : des romances résolument modernes qui suivent l’évolution du lectorat et qui prouvent que Romance Historique ne rime pas toujours avec héroïnes pathétiques, en mal d’amour et de sexe, aux allures angéliques, et tout ça pour donner une atmosphère faussement authentique et pseudo-gothique.
Tous les romans de Lisa Kleypas ont pour cadre l’Angleterre du XIXe siècle. Une Angleterre en pleins bouleversements politiques, économiques et sociaux. Depuis la fin des guerres napoléoniennes, l’Angleterre est devenue la première puissance mondiale grâce à sa maîtrise des mers (et donc à la constitution du plus grand empire colonial) mais surtout grâce à sa position de leader, et même d’initiateur, dans les deux Révolutions Industrielles du XIXe siècle. De fait, nous sommes en face d’un monde contradictoire, qui allie à la fois traditions et modernité. Et cette contradiction est bien visible dans les romans de Lisa Kleypas. Elle décrit parfaitement les deux univers : une aristocratie imbue de ses privilèges et qui peine à trouver sa place ; une bourgeoisie riche mais avide de promotion sociale (constituée souvent de parvenus ayant fait fortune dans l’industrie et le commerce). On sent bien que l’auteure a fait de sérieuses recherches et maîtrise parfaitement cette période. Ses descriptions des bas-fonds de Londres par exemple sont criantes de vérité.
Cette exactitude historique se combine pour notre plus grand plaisir avec une écriture fluide et percutante. Ses histoires sont riches en émotions, humour et sensualité. Les héros sont virils (oh combien !) et, disons le franchement, torrides. Ses héroïnes sont attachantes, vives et intelligentes. Et d’une manière générale, les personnages de Kleypas ne sont pas du tout conventionnels et on adore ça ! Comment ne pas mentionner ici à titre d’exemple le deuxième tome de la série sur les Hathaway, Un diable en hiver : rarement un livre aura été si bouleversant, aussi intense. Lisa Kleypas y dévoile tout son talent. L’histoire : la famille Hathaway a accueilli le jeune Merripen, un gitan, qui s’est attaché à eux et a choisi de vivre à leurs côtés. En fait si le garçon accepte de rester c’est parce qu’il a tout de suite été subjugué par la jeune Winifred. Et cet attachement est réciproque et ne fait que grandir et gagner en profondeur eu fil des années. Seulement Merripen ne se sent pas digne de la jeune fille et fuit leur amour. Mais Win est plus que décidé à le faire plier… L’histoire semble donc simple au premier abord et pourtant rien ne l’est. On est pris aux tripes dès les premières pages, happés par les émotions d’une intensité incroyable que ressentent les personnages. On est scotché au bouquin du début à la fin. Et que dire de la magnifique déclaration d’amour de Merripen : « Je t'aime, songea-t-il sans quitter Winifred des yeux. J'aime tout de toi, chaque pensée et chaque mot... J'aime cet assemblage complexe et fascinant de toutes les choses qui te constituent. Je te désire de dix manières différentes à la fois. J'aime toutes les saisons en toi, celle que tu es maintenant et celle que tu seras, encore plus belle, dans les décennies à venir. Je t'aime d'être la réponse à chaque question que mon coeur pourrait poser. » Juste sublime !
Même si certains de ses romans peuvent se lire de manière isolée, Lisa Kleypas privilégie les séries. Celle sur les Bow Street Runners (3 tomes) raconte le quotidien des célèbres détectives londoniens. Chaque tome représente l’aboutissement d’une enquête avec des scénarios bien ficelés. La série sur Les Stockehurst (2 tomes) relate les romances de lord Stockehurst et de sa fille Emma avec des Russes exilés à Londres : Tasia et Nicolas. Le second, Prince de l’Eternité, a été présenté lors de sa première édition comme un Time Travel parce que Nicolas y revit une vie antérieure qu’il avait déjà vécu avec Emma. Dans La ronde des Saisons (5 tomes), 4 jeunes filles (Annabelle, Evangeline, Lillian et Daisy) vivent leur énième saison et ne parviennent pas à trouver de mari convenable. Elles s’autoproclament les « laissées pour compte » et font le pacte de s’entraider pour dénicher un mari à chacune d’entre elles. Le 5e tome est sur Rafe Bowman, frère de Lillian et Daisy, avec une autre laissée pour compte. La saga des Hathaway décrit les aventures des 5 membres de cette famille : Amélia, Winnifred, Poppy, Léo et Beatrix.
Etant donné que toutes ses histoires se déroulent à la même période, Lisa Kleypas a créé des liens entre ses différents romans. Ainsi, le frère d’Aline, héroïne des Blessures du passé n’est autre que Marcus, comte de Westcliff, héros du second tome de la Ronde des saisons (Parfum d’automne). Dans Un diable en hiver, Evie Jenner est la fille du fameux Ivo Jenner, rival de Derek Craven dans La loterie de l’amour. Cam Rohan(Les ailes de la nuit) travaille pour Ivo Jenner et s’est lié d’amitié avec Evie. D’ailleurs tous les personnages de la Ronde des saisons font plusieurs apparitions dans la série des Hathaway. Le fait de retrouver à chaque fois des personnages familiers est un vrai bonheur, comme des amis ou de la famille perdus de vue mais dont on a enfin des nouvelles.
Lisa Kleypas s’est récemment lancée dans la romance contemporaine avec sa série sur les Travis, mais ceci est un autre sujet! :D
Les héros de Lisa Kleypas : entre aristocrates arrogants et riches parvenus irrésistiblesOn retrouve dans les romances de Lisa Kleypas trois catégories bien distinctes de héros et, il faut bien l’avouer, entre les trois notre cœur balance. A vous de juger….
Lisa Kleypas adore les self made men, des hommes issus des plus basses classes sociales, mais qui, à force de travail, d’intelligence et de ténacité, sont parvenus à bâtir de colossales fortunes.
Dans La loterie de l’amour, Derek Craven (oui je sais… mais fermez la bouche les filles
) a vécu toute son enfance dans les bas-fonds de Londres. Pour survivre il a été obligé de pratiquer toutes sortes de métiers infâmes, de pickpocket à gigolo, en passant par déterreur de cadavres pour des médecins. Il se rend compte rapidement que son physique avantageux et ses prédispositions naturelles pour la bagatelle sont particulièrement appréciées par la gent féminine de l’aristocratie. Dès qu’il parvient à réunir assez d’argent il ouvre un club de jeux qui devient en quelques années le plus fréquenté de Londres. Mais Derek n’est pas heureux pour autant. Son enfance malheureuse a laissé des séquelles et il en veut toujours plus. Jusqu’à ce qu’il rencontre Sarah, un écrivain à succès tout droit sorti de sa campagne. Les différences entre les deux personnages sont énormes et assez excitantes
.
Séparé très tôt de sa famille, Nick Gentry (Libre à tout prix) a aussi grandi dans les quartiers les plus sordides de Londres avant de devenir un célèbre voleur, sorte de Robin des Bois, activement recherché par tous les policiers de la ville. Arrêté, il est sauvé par le juge Ross Cannon (qui a épousé sa sœur – L’amant de lady Sophia) qui lui propose de changer de camps et d’intégrer les célèbres Bow Street Runners. Nick a 24 ans. Sa vie est complètement bouleversée mais un lourd secret lui pèse encore : il est puceau et bien décidé à changer cet état de fait…. (Pas la peine de vous proposer pour le rôle quelqu’un s’en est déjà chargé !)
Cameron (L’imposteur) a vécu une enfance misérable aux Indes et profite de la mort de son demi-frère qui lui ressemble comme un jumeau pour prendre sa place, s’approprier son titre et surtout sa femme. Heureux comme il ne l’a jamais été, il vit désormais dans la crainte d’être démasqué…
Zackary Bronson (Frissons Interdits – titre très bien trouvé ! :roll: ) est issu du peuple et, à force de travail et d’ingéniosité, est parvenu à construire un immense empire financier. Mais son manque d’éducation et ses origines « vulgaires » sont toujours visibles. Il n’est pas accepté par l’aristocratie et, pire encore, sa jeune sœur ne parvient pas à faire un beau mariage. Il se décide alors à engager la plus délicieuse des préceptrices, la très convenable lady Holly.
Jack Devlin (Sous l’emprise du désir), fils illégitime d’un aristocrate, a réussi à se faire un nom dans l’édition. Intéressé par le manuscrit d’Amanda Briars, il se rend chez elle dans l’intention de la convaincre de le choisir pour éditeur. Quelle n’est pas sa stupeur lorsqu’il se rend compte qu’elle le prend pour le gigolo qu’elle s’est offert pour son trentième anniversaire….
On peut encore multiplier les exemples et, en fait, il est très difficile de ne pas les citer : tous sont charismatiques et nous ont marqués d’une certaine façon. John MacKenna, ancien palefrenier des Westcliff, revient en Angleterre après avoir fait fortune en Amérique, bien décider à obtenir lady Aline, la sœur du redoutable comte de Westcliff (Les blessures du passé). Simon Hunt, dans Secrets d’une nuit d’été, est le simple fils d’un boucher mais est parvenu à devenir un grand industriel. Cam Rohan (Les ailes de la nuit) est un gitan qui dirige la maison de jeu d’Ivo Jenner…..
A côté de ces héros torturés par leurs origines, Julia Kleypas a créé une seconde catégorie : des aristocrates arrogants et froids (en apparence du moins ! ^^) qui en prennent pour leur grade par des jeunes filles vives et fantasques.
Marcus, comte de Westcliff en est l’archétype (Parfum d’automne). Héritier d’un des plus anciens et des plus prestigieux comtés d’Angleterre, il a été élevé par des parents très durs qui lui ont inculqué très tôt le poids de ses obligations. Austère et compassé, il ne sait comment réagir face à l’exubérante Lillian.
Mais il y a aussi Lord Stockehurst (L’ange de minuit – veuf désespéré qui ne sait plus comment élever sa fille Emma et qui engage une étrange gouvernante), Alex Raiford (Par pure provocation – cet aristocrate fier et soucieux des conventions est « poursuivi » par la scandaleuse Lilly), ou encore Nicolas Angelovski (Prince de l’éternité – un riche aristocrate russe exilé par le tsar, torturé par la mort de son jeune frère).
La dernière catégorie de héros est plus commune dans la Romance Historique, mais peu importe, décrits par Lisa Kleypas ils n’en deviennent que plus fascinants et attirants : ce sont les fameux libertins, des aristocrates de mauvaise réputation qui abusent du jeu, des femmes et de l’alcool, mais qui souvent ne cherchent qu’à cacher des blessures profondes. On va se contenter de deux exemples, mais quels exemples !!!! Leur simple nom suffit à nous faire défaillir ! Préparez-vous… *roulements de tambours* Sébastian St Vincent et Léo Hathaway… ça va vous respirez encore ?!? :oops:
Sebastian (gros soupir extatique) est le plus grand libertin de Londres. Il ne semble se soucier de rien et de personne si ce n’est de ses plaisirs personnels et manie le sarcasme comme personne. Au bord de la ruine, il n’a d’autres solutions que d’épouser une riche héritière. Bien qu’entrant dans cette catégorie, il n’aurait toutefois jamais songé à la timide et insignifiante Evie Jenner, mais il y est bien obligé quand cette dernière le demande en mariage….
Léo Hathaway a grandi dans une modeste famille, en compagnie de ses 4 sœurs. Gai et de bonne compagnie, il change du tout au tout lorsque sa fiancé meurt des suites d’une terrible maladie. Léo devient aigri, sarcastique et austère. Et ce ne sont pas le titre nobiliaire et la fortune dont il hérite qui vont changer les choses. Bien au contraire. Léo devient un libertin et noie son chagrin dans l’alcool. Il s’avère qu’il est en fait hanté par le fantôme de sa fiancée. Encore traumatisé par sa disparition, il refuse de la laisser partir et l’empêche du même coup de trouver le repos éternel. Mais Léo s’y résout finalement. Il devient plus insouciant et se permet d’échanger d’excellentes piques avec la très mystérieuse dame de compagnie de ses sœurs : Catherine Marks. D’ailleurs, Matin de noces a été n°3 sur la liste des bestsellers du New York Times en 2010 !
Les Héroines de Lisa Kleypas: entre douces ingénues et scandaleuses ladiesLes héroïnes de Lisa Kleypas sont tout aussi diverses. Certaines sont décrites comme de parfaites ladies, douces, innocentes, mais non dénuées de passion. Dans Frissons interdits, Holly Taylor est veuve et pleure encore la mort de son mari, persuadée que plus jamais elle ne connaîtra un tel bonheur. Elle se consacre désormais entièrement à l’éducation de sa fille (une gamine adorable qui collectionne les boutons). Calme, posée et réservée, elle est considérée par tous comme un modèle de vertu et de bienséance. En somme, une parfaite lady qui maîtrise totalement ses passions, du moins jusqu’à ce qu’elle rencontre Zackary Bronson…
Dans La loterie de l’amour, Sarah a toujours vécu à la campagne. Elle est très proche de ses parents qui l’ont eu très tard. Romancière, elle se rend à Londres pour glaner des informations sur le monde du jeu et de la prostitution, cadre de son prochain roman. Là, elle rencontre le sulfureux Derek Craven qui va prendre un malin plaisir à la choquer. Mais sous ses dehors de jeune fille candide, se cache une grande soif de connaissances et de nouvelles expériences.
Tasia (L’ange de minuit) est sans doute celle qui paraît la plus innocente et naïve. Réfugiée à Londres après avoir été accusée du meurtre de son mari en Russie, elle s’engage en tant que gouvernante auprès de Lord Stockehurst. Elle est profondément pieuse et passe beaucoup de temps à prier devant ses icônes. Elle peut même parfois apparaître comme timorée (et limite agaçante). C’est celle sans doute qui est dotée du caractère le moins fort. Son histoire n’en reste pas moins fort agréable. Après tout, toutes les héroïnes n’ont pas besoin d’être fortes juste pour prouver que les temps ont changé…
Evangéline est l’une des « laissées pour compte » (Un diable en hiver). Handicapée par son bégaiement, elle a toujours cherché à passer inaperçue. Ce n’est qu’avec ses amies qu’elle se permet d’être elle-même. Pourtant, contre toute attente, c’est la plus timide des Laissées pour compte qui va oser demander un homme en mariage, et pas n’importe lequel : Lord Saint Vincent, le plus grand libertin de Londres.
Mais Lisa Kleypas affectionne surtout les héroïnes fortes, inconvenantes et fantasques. Et elle adore réunir des couples aux caractères antinomiques, puisqu’elle les associe souvent à des hommes au contraire posés et distants.
Il en est ainsi par exemple de la flamboyante Lily qui défraye la chronique londonienne avec ses nombreuses frasques (Pas pure provocation). Elle est par ailleurs mère célibataire après s’être laissée séduire par un bel Italien.
Dans Parce que tu m’appartiens (deuxième volet de la série sur le Capitol, théâtre londonien), la jeune Madeline est une grande fan du célèbre acteur Logan Scott. Refusant d’épouser celui que ses parents lui ont choisi, elle décide de se rendre à Londres pour se faire compromettre. Et qui est mieux placé que Logan Scott pour remplir ce rôle…
La fille de Lord Stockehurst, Emma, est un vrai garçon manqué. Elle déteste les conventions qui asservissent les femmes. Elle adore s’habiller en homme et s’occuper des animaux maltraités et abandonnés. Ça tombe bien ! Nicolas Angelovski, habitué aux Russes passionnées, est justement attiré par ces traits de caractère (Prince de l’éternité).
Dans Parfum d’automne, Lillian Bowman a un caractère bien trempé. Fougueuse et impétueuse, elle réfléchit rarement avant d’agir et n’a pas la langue dans sa poche. Dur dans ses conditions de lui trouver un mari !
Et finissons par citer l’exemple d’Amanda, célibataire à 30 ans, et qui décide de s’offrir pour son anniversaire un gigolo. Elle va vivre une aventure passionnée avec Jack Devlin, de plusieurs années son cadet (Sous l’emprise du désir). Elle est aussi complètement indépendante et subvient seule à ses besoins.
Les romans de Lisa Kleypas sont donc de ceux que l’on garde précieusement dans sa bibliothèque et à portée de main, de ceux que l’on relit au moindre coup de cafard ou à la moindre fatigue. Rien de tel qu’un Kleypas pour se requinquer et faire fleurir sur nos lèvres un sourire rêveur !
Qui est Lisa Kleypas ?Elle est née en 1964 au Texas. A 12 ans, elle lit Quand l’ouragan s’apaise de la grande Kathleen E. Woodiwiss et est tout de suite fascinée par ce monde. Dès 16 ans, elle écrit sa première histoire, encouragée par ses parents qui la poussent même à se rendre à une conférence sur les écrivains de romance.
En 1985, elle est élue Miss Massachusetts et concours pour le titre de Miss America. Elle y remporte le prix de la « non finaliste la plus talentueuse » pour la chanson qu’elle a interprétée. Et comme elle ne mesure qu’1m60, la bannière où était écrite miss Massachusetts était trop longue, elle devint pour tout le monde « miss Massachu ». Elle finit ensuite ses études de sciences politiques avant de se consacrer entièrement à sa famille (elle se marie et met au monde deux enfants : une fille et un garçon) et à l’écriture. A 21 ans, elle publie son premier livre. Mais rapidement, la romance historique a sa préférence, et c’est à cette époque que Prince de l’éternité paraît.
En 1998, un terrible ouragan dévaste sa maison. Elle et les membres de sa famille, perdent tout ce qu’ils possédaient. Avec sa mère, elle se rend dans un supermarché pour acheter le minimum vital et prend un roman d’amour. Cela lui permet de s’évader et d’évacuer son stress. De retour à l’hôtel où elle loge avec sa famille, elle se met tout de suite à écrire Frissons interdits. Dès lors, elle enchaine les succès et n’a plus jamais cessé d’écrire !
Quand elle n’écrit pas, elle adore jouer de la guitare, lire (évidemment !) et cuisiner, particulièrement des desserts élaborés.
Ses livres ont été traduits dans 14 langues et sont devenus des bestsellers dans le monde entier.