L'histoire se déroule dans le royaume de Midgard dans un monde médiéval. Il est régi par les Feaders, une sorte de dieux, quand bien même il possède son propre fonctionnement.
Comme dans d'autres livres de fantasy, les pouvoirs des divins dépendent de la foi que les hommes leur accordent. En l'espèce, cette foi se réduit au fur et à mesure, un réel danger puisque la survie de ce monde dépend de cette foi. Notre jeune héros, parti à l'aventure, va découvrir au fil de l'histoire que les dieux ont des desseins le concernant.
Cette trilogie est une œuvre qui fait date dans l'univers de la fantasy car ce livre n'est pas à proprement parlé basé sur des légendes connues mais il pourrait l'être.
Le premier tome est bien construit et l'intrigue, sans être très originale, nous tient en haleine. On rentre sans problème dans l'histoire. Dés le début, on se dit que l'on est face à une grande épopée fantastique dans laquelle s'opposent les dieux et l'humanité représentée par un héros. Une scène magnifique m'a touché dans ce récit : l'instant où la sœur Naewen qui représente la nuit descend sur le fleuve des âmes. La description est magnifique, on se retrouve transporté. Il y a autant de magie que dans les descriptions des livres de Marion Zimmer Bradley.
La seconde partie du tome est dédiée au héros humain qui part à la recherche d'un trésor et doit combattre dans un château hanté, seul. Dans cette partie Fabrice Colin nous démontre ses talents de conteur, il fait bien vivre le récit en intégrant quelques passages poignants comme la mort de la famille du héros.
La troisième partie du tome quand à elle est dédiée à l'évolution du héros, qui s'approche en quelque sorte de la fin de son parcours initiatique. Le final est très bien conçu à ceci près que le suspense n'est pas maintenu. L'auteur, en dépit de la qualité de sa plume, n'arrive pas à me transporter comme je l'ai été en lisant la Belgariade par exemple.
Outre cela, le deuxième opus m'a fait l'effet d'être un tome de transition. Les héros ne font finalement que peu de choses et l'intrigue n'est pas approfondie. Comme toujours les scènes décrites par l'auteur sont le point fort de ce tome. Je pense notamment aux images oniriques décrites. En fait, je dirais même que ce tome ne m'a pas touché. Certes, le récit est centré sur la quête de l'anneau d'Anthémion, mais rien de bien captivant ne se déroule.
Alors le troisième tome est évidemment l'apogée de cette trilogie dont le suspense est monté crescendo. L'histoire est toujours aussi sombre, violente, c'est loin d'être fleur bleue. Le héros est un peu comme Conan le barbare, le mec super fort avec une jolie fille entouré par ses amis... On en apprend plus sur les faeders et notamment de quel côté chacun penche. S'agissant comme sujet de la libération du genre humain par la mort des dieux, je m'attendais à plus d'explosion, voir une guerre apocalyptique...
Hélas, on en est loin. Même la disparition de certains faeders n'influe pas vraiment sur le cours naturel des choses. Il semble que le message que veut faire passer l'auteur, c'est que les dieux ont besoin des humains tout en sachant que la réciproque n'est pas vraie.
Néanmoins, il est à noter que la fin est un peu cousue de fil blanc... L'univers dépeint par l'auteur est très sombre, mystérieux, les personnages sont tourmentés. Fabrice Colin s'approprie à sa façon les mythes nordiques, il arrive à décrire une ambiance qui ne nous laisse pas de glace, via des événements choquants (inceste, viols...) et le ton très froid employé. J'en viens à regretter que cette trilogie soit si courte.
Je dois avouer être mitigé à la fin de la lecture de cette œuvre. Pour moi, elle ne rend pas justice au talent de cet auteur. Il avait de bonnes idées, notamment sur le côté mythologie scandinave mais il ne les développe pas assez à mon goût. Son univers est parfait, ses descriptions sont magnifiques comme des tableaux mais son intrigue manque de souffle et d'originalité. J'ai l'impression qu'il se cherchait dans cette trilogie.