Pierre est séparé de sa femme et vit désormais seul avec sa fille Lisa dans un mas provençal. Il a lâché son boulot de prof pour se consacrer à la confection de niches à oiseaux. En somme un virage à 180° qui lui permet de vivre à son rythme, en prenant son temps, et de mener une vie tranquille et paisible. Il a la même philosophie en ce qui concerne l’éducation de Lisa. Pas question de se prendre la tête : il vaut mieux la responsabiliser en la laissant entièrement libre de ses choix et de ses actes (mais elle a 15 ans et ça en est parfois vraiment choquant). En bref Pierre est très permissif avec sa fille mais il lui fait entièrement confiance.
Seulement, depuis quelques temps, Lisa se conduit différemment. Elle est souvent agressive et ne se confie plus à lui. Simple crise d’adolescence pense-t-il. Une telle attitude le rend perplexe mais il ne s’inquiète pas plus que ça. Jusqu’à ce qu’il tombe par hasard sur des photos représentant Lisa dans des postures inquiétantes, dans des mises en scène macabres. Et son inquiétude ne fait que grandir quand sa fille se fait violemment attaquée dans sa chambre par un curieux oiseau rouge qui se volatilise comme par enchantement. Lisa est grièvement blessée au visage et son état ne fait que s’aggraver. Inquiet, Pierre décide de mener l’enquête et de sauver sa fille….
Plus qu’une histoire fantastique ou paranormale, il s’agit définitivement d’une histoire assez sombre sur l’adolescence et sur les relations parents/ados. Pierre, comme beaucoup de parents, est complètement déstabilisée face à la nouvelle Lisa. Elle énonce sans arrêt de grandes théories philosophies sur le sens de la vie et de la mort ou encore les évolutions de la planète auxquelles il ne comprend rien, et est persuadée de tout savoir mieux que lui. En bref elle lui donne l’impression d’être ringard et stupide, même s’il sait au fond de lui que toutes ses lectures intellectuelles et ses connaissances ne compenseront jamais son manque d’expérience. L’oiseau de sang est en fait une métaphore des conflits intérieurs qui agitent les adolescents. Ils se transforment, se cherchent et ne savent plus qui ils sont ni quelle est leur place dans la société…
L’histoire, tout comme l’écriture, sont originales, mais ne m’ont pas fascinées plus que ça. C’est plaisant à lire mais ça s’arrête là. Je n’ai pas vraiment accroché avec les personnages. Pierre est beaucoup trop passif et indolent tandis que Lisa a des côtés franchement antipathiques. L’histoire fait aussi parfois trop caricature sur les troubles adolescents. C’est un peu exagéré mais cela permet de mettre en exergue ces difficultés particulières. Sans doute est-ce l’une des finalités du roman d’Olivier Ka.
Par contre, les adeptes de culture japonaise y trouveront leur compte : elle est très omniprésente dans l’histoire et représente la clé de l’énigme. D’ailleurs le fossé entre le rural profond français et l’exotisme japonais est assez déroutant dans l’histoire. Un vrai mélange des genres qui peut en séduire plus d’un.