HOYT Elizabeth - LES FANTÔMES DE MAIDEN LANE - Tome 2 : Troubles Plaisirs

Troubles Plaisirs
Elizabeth Hoyt

Lady Hero Batten est fiancée au très sérieux marquis de Mandeville. Quand son futur époux lui présente son frère Griffin, elle frémit : elle vient de surprendre ce dernier en train de trousser une femme mariée dans un boudoir ! Loin de faire profil bas, Griffin la nargue et lui tient des propos scandaleux. D'abord outrée, Hero est intriguée, puis fascinée par ce drôle de débauché, idéaliste à ses heures. Au fil des jours naît une passion que ni l'un ni l'autre ne peuvent réprimer. Jusqu'au jour où Hero apprend la raison du vieux contentieux qui existe entre les deux frères : des années plus tôt, Griffin aurait séduit la première femme du marquis.

C’est avec un plaisir évident que nous retrouvons Elizabeth Hoyt pour la suite des Fantômes de Maiden Lane. Ce second tome est tout aussi excellent bien que très différent du premier.

Comme la majorité des livres de l’auteur, celui-ci débute par une légende, ici celle de Ravenhair, reine aussi belle que sage mais terriblement seule.

Nous avions fait la connaissance de Lady Hero Batten dans Troubles Intentions. Émue par la situation des enfants de Saint-Giles, elle était devenue une des bienfaitrices de l’orphelinat dirigé par la famille Dews au cœur de ce quartier mal famé de Londres. Jeune femme séduisante, bien née, intelligente et parfaitement accomplie, elle n’est pourtant toujours pas mariée à 24 ans. Sur les conseils ou plutôt les négociations de son frère, elle accepte finalement d’épouser Thomas, marquis de Mandeville. Le soir de ses fiançailles, elle surprend son futur beau-frère, Lord Griffin Reading dans une situation comment dire, quelque peu compromettante: pantalon sur les genoux, fesses dénudées (fort attirantes au demeurant) occuper à besogner une femme mariée dans un des petits salons de la demeure familiale. S’en suit alors un échange entre nos deux héros assez surréaliste, impertinent et audacieux. Le ton du livre est donné en quelques lignes :
« - Vous ne voyez pas que je suis occupé? lança-t-il, sa colère s'étant transformée en amusement quand il réalisa que c'était une femme qui l'avait dérangé.
Hero sentit le rouge lui monter aux joues. Elle s'obligea cependant à soutenir son regard.
- Je l'avais remarqué, figurez-vous, mais il se trouve que ...
- Vous êtes du genre à aimer à regarder? la coupa-t-il.
Hero avait maintenant les joues en feu. Mais il n'était pas question qu'elle laisse ce gredin avoir le dernier mot.
Elle lui adressa un sourire suave.
- Je préfère les divertissements où je ne risque pas de m'endormir.
Elle pensait que l'insulte le mettrait hors de lui, mais pas du tout: il sourit en retour, et une petite fossette lui creusa le menton.
- Cela vous arrive souvent, mon ange? Vous endormir, alors qu'on commence juste à s'amuser? Ne vous blâmez pas. La plupart du temps, c'est la faute du gentleman, pas la vôtre. »
Griffin est un libertin, à la réputation douteuse et qui dégage une aura de danger, on murmure même qu’il aurait séduit et déshonoré la première épouse décédée de son frère… Il dirige une distillerie clandestine de gin en plein cœur de Saint-Giles et se trouve au centre de nombreuses tensions et problèmes : d’un côté, un concurrent, Le Vicaire, aux méthodes expéditives et sanglantes et d’un autre côté, le frère de Hero, le duc de Wakefield qui a fait de la fermeture des distilleries de gin un combat personnel menaçant ainsi la source de revenus de la famille Mandeville.

Vous l’aurez compris, ce tome ne ressemble en rien au premier de la série. Nos deux héros évoluent dans les hautes sphères de la société anglaise, prisonniers des conventions et de la morale rigide de l’époque. L’atmosphère du livre est aussi très différente : on quitte l’ambiance gothique, sombre et glauque de Troubles plaisirs, ici pas de traque d’assassin ni de héros torturés aux sombres secrets. C’est une romance classique, de celle que l’on retrouve dans la majorité des Aventures et Passions, fort bien écrite et pensée mais pour moi, c’est plutôt un poil décevant. J’étais vraiment emballée et séduite par le côté novateur, inédit, différent du premier tome, par cette ambiance ténébreuse et sulfureuse que l’on ne retrouvait pas ailleurs.
Mais comme il s’agit d’une histoire écrite par Elizabeth Hoyt, auteur au talent fou, on se plonge tout de même très vite avec bonheur dans ce merveilleux livre. On sent l’irrésistible attraction entre Hero et Griffin, le besoin charnel d’être ensemble. Oubliant tout, la moral, les convenances, leurs devoirs, ils cèdent à ce désir. Que c’est beau et bien écrit! Dieu que c’est émouvant et exaltant ! C’est intense, sensuel et érotique. Elizabeth Hoyt ose les mots crus, les descriptions réalistes, visuelles. Au-delà de l’amour et du sexe, elle nous parle d’intimité, de ces gestes propres aux amants, de corps qui se parlent, se comprennent, se reconnaissent. C’est tellement rare d’atteindre un telle justesse, un tel équilibre entre émotion et excitation.

Elle nous présente aussi un peu plus les autres personnages, on n’échappe pas d’ailleurs aux Mary Evening, Mary Compassion, Mary Darling, Mary Redribbon (hein ?), c’est vraiment énervant et comme le dit si bien Silence «c’est une perpétuelle source de confusion ». Silence a pris le relais de Tempérance et dirige à présent l’orphelinat tant bien que mal. Son personnage gagne en profondeur et elle est encore plus attachante que dans le précédent tome. Héroïne du 3^ème volet de Maiden Lane, son histoire avec Mickey O’Connor nous promet de très bons moments de lecture. Il y aussi Phoebe, la jeune sœur de Hero, qui devient progressivement aveugle. Quel sera l’avenir de cette jeune fille adorable et amusante ? Qui sera son prince charmant ? Et que se cache-t-il sous la rigide moralité du duc de Wakefield ? Et enfin, qui est le mystérieux fantôme de Maiden Lane ? Je penche pour Winter mais connaissant Elizabeth Hoyt, elle va nous surprendre, c’est certain !

A suivre donc …

Voici un tome tout aussi bon que le précédent quoique très différent. On est loin désormais de l’atmosphère sombre et un peu glauque de Maiden Lane puisque nos héros n’appartiennent pas au même milieu que Tempérance.

Lady Hero Batten est celle qui avait gagné notre sympathie lorsqu’elle s’était liée d’amitié avec Tempérance et l’avait soutenu pour le nouvel orphelinat. Après plusieurs saisons sans avoir trouvé de prétendant à son goût, elle se résout à se fiancer avec le meilleur parti du moment : le très sérieux et conventionnel marquis de Mandeville. Mais lors de sa soirée de fiançailles, alors qu’elle cherche un endroit tranquille pour remonter ses bas, elle entre dans un bureau et trouve son futur beau-frère, Griffin, en train de coucher avec une femme mariée. Hero ne peut s’empêcher d’être excitée par la situation et par ce personnage si fantasque. Et lorsqu’elle le rencontre quelques jours plus tard à Maiden Lane alors qu’elle allait rendre visite à l’orphelinat, ça ajoute encore une aura de secret et de mystère à leur relation. A ses côtés, Hero découvre qu’elle n’est peut-être pas prête pour une vie dénuée de passion et d’amour, tandis que Griffin, pour la première fois, trouve quelqu’un auprès de qui il peut s’épancher. Mais Hero découvre que Griffin tient clandestinement une distillerie de Gin ce qui le confronte à de multiples dangers…

On retrouve toujours ce qui est devenu la marque fabrique d’Elizabeth Hoyt : un conte que l’on retrouve en intégralité en début de chapitres. Sinon ce tome est très différent du premier et on a ici une romance plus classique entre une jeune fille passionnée mais engluée dans les conventions sociales et un débauché notoire. Comme d’habitude, l’auteure nous séduit avec la sensualité particulièrement intense des scènes de sexe. C’est beau, c’est troublant et toujours très juste.

L’histoire reste toutefois attachée à Maiden Lane puisque c’est là que Griffin a sa distillerie et qu’Hero va rendre de temps à autre visite à l’orphelinat. Ce dernier est désormais tenu par Silence plus éloignée que jamais de son mari. Les scènes où elle apparaît m’ont particulièrement plu et n’ont fait que croître mon désir de lire le 3e tome qui lui sera consacré ainsi qu’à Mickey O’Connor (rendez-vous le 2 mai ! ). Le fantôme de Maiden Lane fait lui aussi une petite apparition mais on n’apprend rien de plus sur lui.

La seule fausse note à laquelle nous n’avions eu pas eu droit dans le premier volet est relatif à la mode vestimentaire. Nous sommes au milieu du XVIIIe siècle et les hommes, même Griffin, portent une perruque poudrée. Quelle horreur ! Je préfère du coup y faire abstraction car il m’est impossible dans ce cas de m’imaginer l’histoire sous un jour favorable et romantique