HOYT Elizabeth - LES FANTÔMES DE MAIDEN LANE - Tome 4 : Le voleur de l'ombre

Le voleur de l'ombre
Elizabeth Hoyt

Sortie le 2 janvier 2012

Winter Makepeace, le directeur de l'hospice des enfants trouvés, est un homme au sérieux irréprochable, mais les dames patronnesses du comité de soutien lui reprochent son manque d'expérience des mondanités. Aussi, lady Isabel Beckinhall, jeune veuve pleine d'entrain, est-elle chargée de procéder à son éducation. Sous sa férule, Winter est censé apprendre l'art de la conversation et de la flatterie, afin de solliciter les riches mécènes. Il va apprendre tout autre chose. Et Isabel est loin de se douter que derrière sa façade guindée se cache un tout autre personnage....

Avis de Karen :

"Approchez-vous tous et faites provision de chandelles, car ce soir je vais vous raconter l'histoire du Fantôme de Saint Gilles"...

C’est par ces mots qu’Elizabeth Hoyt nous réintroduit dans l’univers sombre et décalé de Maiden Lane. Et là, d’un coup, on s’enfonce avec plus d’aise dans notre fauteuil, on oublie tout ce qui nous entoure et on plonge dans le Londres de cette fin de XVIIIe s. Car on sait qu’on tient un trésor entre nos mains et qu’on va vivre un extraordinaire moment de lecture. Les tomes précédents nous y avaient préparés. On ignorait juste à quel point….

Ce tome commence exactement là où nous nous étions interrompus à la fin du précédent. Winter Makepeace, notre si efficace mais si effacé directeur d’orphelinat, s’est révélé contre toute attente – ou pas - être le Fantôme de Saint Gilles et il a été grièvement blessé en sauvant Mickey de la potence. Il est recueilli par lady Isabel Backinhall, celle-là même qui l’a insupporté lors de ses visites à l’orphelinat. Mais il est encore masqué et il parvient à quitter sa maison avant qu’elle ne découvre son identité.
A l’orphelinat, tout va pour le mieux depuis longtemps vu que les enfants ont enfin pu s’installer dans les nouveaux locaux. Mais les dames bienfaitrices demandent que le directeur soit désormais à la hauteur de leur investissement et de leur réputation et qu’il se présente comme un homme raffiné et affable aux diverses réceptions, tout ce que Winter n’est pas. Il est donc impératif qu’il reçoive des cours de maintien et d’étiquette, sous peine d’être renvoyé. Et c’est tout naturellement Isabel qui est désignée pour les lui donner. En tant que jeune veuve, sa réputation n’en souffrira pas. Un rapprochement forcé qui se révèlera plein de surprises…

J’ai été tellement emballée par cette histoire que je peine à trouver mes mots et à décrire avec exactitude mon émerveillement. Ce roman est juste magnifique, sublime, extraordinaire… sans doute la meilleure romance historique que j’ai lu cette année ! C’est un pur enchantement des sens du début à la fin. Les personnages et la relation qui s’instaure entre eux sont tellement beaux…
La première fois que nous avions fait la connaissance de Winter, c’est un homme austère, effacé et limite insipide qui s’était offert à nous. Puis, petit à petit, au fur et à mesure des tomes, nous avions découvert davantage de profondeur, ainsi que la passion qui couvait sous la façade impassible. Un homme profondément humain et altruiste qui s’est donné comme mission de sauver le maximum d’enfants de Saint Gilles. Une mission quasi religieuse qui nécessite de grands sacrifices. Winter considère en effet qu’il ne peut dans ce cas prendre femme et fonder une famille car il sera incapable de leur accorder tout son temps. Quant à avoir des aventures sans lendemain, il en est hors de question. Il ne se donnera que par amour. Et s’il aimera ce sera pour toujours avec la volonté de se marier. Dit comme ça, cela fait très désuet, mais dans la bouche de Winter c’est juste sublime.
Isabel est très différente et c’est exactement ce qui lui fallait. Elle a 32 ans (il en a 26), a été mariée et a bien vécue. C’est une femme consciente de ses désirs et qui n’hésite pas à les assouvir. Mais face à Winter, elle perd tous ses moyens. Rien dans la vie mondaine, dans les badinages stériles qu’elle a pu entretenir avec des gentlemen, n’a pu la préparer à une telle rencontre. Il la voit vraiment, s’intéresse à ce qu’elle pense, à ce qu’elle fait et la considère comme son égal. Il se montre aussi d’une honnêteté sans faille là où bon nombre d’hommes auraient honte et mentiraient. Mais il est sûr de ses convictions et ne cherche pas à se cacher, en tout cas devant Isabel.
Les scènes qui les réunissent sont tellement magnifiques. On sent la sensualité poindre à chaque phrase, à chaque geste. Elles ont un merveilleux pouvoir évocateur et on ressent avec une folle acuité toutes les sensations, toutes les émotions. C’est juste délicieusement érotique…

En tout cas, dites-vous bien que dès que vous ouvrirez la première page, il vous sera impossible après de le poser avant d’avoir fini. Les pages vont défiler à une vitesse folle et vous vivrez littéralement l’histoire. On rit, on sourit, on a les larmes aux yeux d’émotion mais on a surtout un perpétuel air émerveillé… On est complètement sous l’emprise des mots de ce livre. C’est magique.

Ce roman est tout simplement une tuerie, une véritable pépite que je vais lire et relire sans modération. Un immense coup de cœur !

Pour donner le ton :

Winter à Isabel :
« Je ne suis pas comme les séducteurs que vous fréquentez, Isabel. Je considère le plaisir charnel comme quelque chose de sacré, qui doit aller de pair avec l’amour. Et si un jour j’aimais assez une femme pour l’inviter dans mon lit, alors cela voudra dire que je l’aimerais assez pour l’épouser. Mais comme je n’ai pas l’intention de me marier, je préfère ne pas trop m’approcher, ni physiquement, ni émotionnellement, des femmes. »

« Quand ils eurent fait l’amour, elle le regarda avec ses beaux yeux bleus et elle lui caressa doucement la joue.
Alors, il sut.
Il sut que ce soir il avait fait d’elle la mère de ses enfants mais aussi la femme de sa vie. »

« Ils atteignirent l’extase en même temps. Aussi Isabel ne comprit pas tout de suite ce qu’il venait de lui murmurer.
Quand son esprit réalisa enfin ce qu’elle avait entendu, elle le regarda avec incrédulité.
Lui, à l’opposé, semblait très sûr de lui et répéta avec une douceur infinie ces trois petits mots.
- Je t’aime. »

Winter à Isabel :
« Notre véritable intimité n’est pas dans nos étreintes passionnées, mais dans notre aptitude à être nous-mêmes quand nous sommes ensembles. »