HOYT Elizabeth - LES FANTÔMES DE MAIDEN LANE - Tome 1 : Troubles Intentions

Troubles Intentions
Elizabeth Hoyt

Sortie le 7 mars 2012

Au coeur du sordide quartier de Saint Gilles, Tempérance se bat pour la survie de son orphelinat. Les caisses sont vides et ses petits protégés menacés d'expulsion. C'est alors que l'énigmatique lord Caire lui propose un échange de bons procédés. Il est sur la piste d'un tueur. Si elle accepte d'être son guide dans les bas-fonds de la ville, il l'introduira dans la haute société où gravitent de riches donateurs. La jeune femme va ainsi passer de la misère la plus noire aux riches salons londoniens, en compagnie de cet homme dévoré par d'indicibles secrets, qui, au fil des jours, éveille en elle une passion interdite....

Amateurs de romans gothiques dans l’esprit de ceux du XVIIIème siècle mais bien plus pimentés, d’ambiance mystérieuse, de héros intrigants, cette nouvelle série d’Elizabeth Hoyt est pour vous !

J’ai retrouvé avec bonheur l’auteure des Trois Princes, sa plume merveilleuse et excitante dans un récit toutefois bien plus sombre que d’habitude. Comme pour la Légende des quatre soldats (autre série que j’ai dévoré !), chaque chapitre débute par une partie d’un conte, ici celui du roi Sans-Coeur qui rythme le roman et apporte un nouvel éclairage sur l’histoire principale.

Lazare Huntington, Lord Caire est un héros atypique : homme ténébreux à la réputation sulfureuse, il est persuadé de ne ressentir aucune émotion, de ne pouvoir être aimé, il ne supporte pas qu’on le touche et il est doté de grands appétits sexuels assez particuliers. Depuis plusieurs semaines, il parcourt le quartier malfamé de Saint-Giles à la recherche du meurtrier de sa dernière maitresse, Mary. C’est ainsi qu’il rencontre Tempérance Dews, jeune veuve qui dirige avec un de ses frères un orphelinat au cœur du quartier miséreux. Tempérance refoule depuis neuf ans son désir, elle essaie de se racheter, de faire pénitence pour ses idées coupables qu’elle ne peut s’empêcher de ressentir malgré tout. Lorsque Lord Caire lui demande de lui servir de guide dans les bas-fonds du Londres de 1730, Tempérance n’a pas d’autre choix que d’accepter, trouvant là la solution pour sauver l’orphelinat de la faillite. Lazare à ses côtés, elle s’enfonce dans les ténèbres à la poursuite d’un mystérieux éventreur, d’un fantôme insaisissable et de son désir enfoui.

J’ai adoré ce roman à l’atmosphère envoûtante. Elizabeth Hoyt nous perd dans un récit sordide et violent pour nous offrir une histoire d’amour superbe. L’alchimie entre les deux personnages est tangible : entre eux, tout est désir, envie, passion ! Et ce besoin charnel qui les consume est bouleversant. Les scènes sexuelles sont sublimes : pas de langage imagé dilué en rose, ni de détour gnangnan, de lance d’amour ou de mont de Vénus, c’est direct, cru, visuel. Mais écrit par Hoyt, cela devient magnifique, intense, excitant, jamais vulgaire ni dérangeant. Préparez-vous à avoir chaud, très chaud ! On n’est certes pas dans un Passion Intense mais tout de même…
Lord Caire est vraiment un héros selon mon cœur, il est torturé, désespérément seul, en souffrance sans même en avoir conscience. Il est de ceux auxquels je repense souvent, qui hante mes rêves longtemps, follement…

Seul petit bémol pour ce livre mais cela est lié aussi à sa nature de premier tome : c’est un véritable défilé de personnages. Entre d’un côté, la famille de Tempérance (trois frères, deux sœurs), les orphelins, le quartier Saint-Giles et d’un autre, l’entourage de Lord Caire, Saint-John son meilleur ami, les aristocrates qu’il fréquente, Lady Hero, Lady Caire… on est un peu perdu. A cela, on ajoute des prénoms plutôt surprenants: Silence, Winter, Mary-Pentecôte, Mary-Hope, Mary-Darling et une intrigue complexe. Ce n’est vraiment pas évident de bien prendre ses marques et de se souvenir de tout !

Troubles Intentions est un roman unique, prenant et original. Encore une parfaite réussite d’Elizabeth Hoyt.
Je vais poursuivre la série avec bonheur, attendre les autres tomes avec impatience et me réjouir à chaque lecture, j’en suis certaine !

La quatrième de couverture est tout simplement parfaite, nul besoin donc d’en rajouter davantage sur l’histoire.

Je dois avouer tout d’abord que je ne m’attendais pas vraiment à ce genre d’histoire, ce qui m’a valu d’être assez déstabilisée au début. Et puis petit à petit on s’y fait, et on entre plus profondément dans le récit.

On retrouve la plume particulière d’Elizabeth Hoyt, tellement juste et talentueuse qu’elle parvient parfaitement à nous embarquer dans son monde. Comme dans La légende des quatre soldats, chaque début de chapitre commence par un extrait de conte qu’on a au final dans son intégralité. Ici le conte du roi Sans Cœur, métaphore bien entendu de Lord Caire, Lazare, persuadé de ne rien ressentir depuis la mort de sa sœur alors qu’il était âgé de 10 ans.

Mais la grande force de ce roman c’est le rendu exceptionnel de l’atmosphère. Il s’agit d’un roman noir, gothique, à l’ambiance pesante et sombre, ce qui est au final assez logique puisqu’on quitte rarement St Gilles, le quartier le plus pauvre et le plus dangereux de Londres. En fait on se croirait évoluer dans le Londres de Jack l’Eventreur, si ce n’est qu’on se situe plus d'un siècle auparavant (en 1737).

Les héros aussi sont complètement atypiques. Lazare est un aristocrate de 34 ans qui n’aime rien ni personne, si ce n’est son meilleur ami, St John. Il ne ressent aucune émotion et a une réputation sulfureuse, même auprès des gens de St Gilles. Il ne supporte pas qu’on le touche (d’ailleurs on aura beau faire mille suppositions à ce sujet on ne saura pas le fin mot de l’histoire) et la seule manière pour lui d’obtenir son plaisir c’est d’attacher ses partenaires (tarifées) et de leur bander les yeux. Mais il sait qu’avec Tempérance il ne pourra se conduire ainsi, d’ailleurs a-t-il vraiment envie de ça avec elle ? Tempérance n’est pas non plus la jeune débutante. Elle a 28 ans et est veuve depuis neuf ans. Elle travaille à l’orphelinat avec son jeune frère et c’est surtout un moyen pour elle de se racheter des « désirs pervers » qu’elle ressent.

On touche d’ailleurs là à ce qui est l’autre grande force du roman : les scènes de sexe. On ressent parfaitement l’alchimie entre les personnages et elles sont vraiment réussies. Disons qu’elles font leur petit effet…

Par contre, Elizabeth Hoyt a trop voulu jouer la carte du premier tome. Il y a trop de personnages d’un coup et ils restent tous très énigmatiques comme si elle n’a pas voulu trop en dévoiler pour en laisser pour les tomes suivants. Mais du coup on reste un peu sur notre faim et surtout on n’en pas assez découvert pour se les attacher. Par exemple pour Winter le frère de Tempérance, Silence sa sœur cadette, ou encore pour St Gilles et son épouse Clara… La seule qui apparaît ici clairement et dont on sent le potentiel c’est lady Hero, l’héroïne du deuxième tome. Vous trouvez son prénom bizarre, vous n’avez encore rien vu. Attendez de faire la connaissance des petits pensionnaires de l’orphelinat de Maiden Lane…

Un roman au final très original qui nous change vraiment de ce qu’on lit d’habitude et magnifié par la plume d’Elizabeth Hoyt. Je suis pressée de retrouver les personnages dans le second tome pour découvrir ce qu’il va advenir d’eux… Et puis bon sang qui est donc le fantôme de Maiden Lane ?