HOYT Elizabeth - LES FANTÔMES DE MAIDEN LANE - Tome 3 : Désirs enfouis

Desirs enfouis
Elizabeth Hoyt

Sortie le 2 mai 2012

A l'orphelinat de Maiden Lane, Silence Hollingbrook a adopté la petite Mary Darling. Lorsque le redoutable contrebandier Mickey O'Connor kidnappe l'enfant, qui se trouve être sa bâtarde, Silence, folle d'angoisse, se précipite dans sa somptueuse demeure sur les bords de la Tamise. Mais O'Connor refuse de lui rendre la fillette, qu'il dit menacée par ses ennemis. Silence n'a qu'à venir vivre chez lui si elle veut voir Mary, décrète-t-il. La jeune veuve n'a d'autre choix que d'accepter, même si elle sait que sa réputation en sera à jamais ternie. Elle ne se rend pas compte que O'Connor lui a tout simplement tendu un piège machiavélique...

Avec ce 3e opus, nous quittons les fastes de l’aristocratie londonienne pour revenir pleinement à Maiden Lane, ses rues sombres et étroites, son atmosphère glauque, le danger omniprésent et, Dieu merci, ses hommes non perruqués et poudrés. Et c’est cette ambiance qui fait vraiment le charme de cette série si particulière et que j’ai été ravie de retrouver ici.

Les héros ne nous sont pas étrangers puisque leur histoire a débuté dès le premier tome. Il s’agit de Silence Hollingbrook, désormais veuve, et de Mickey O’Connor, le célèbre pirate de Londres qui a ruiné sa réputation et son mariage. L’histoire démarre sur des chapeaux de roues lorsque Silence se rend à nouveau chez Mickey pour récupérer cette fois-ci Mary Darling, le bébé qu’elle élève depuis un an et qui – elle l’a découvert récemment – est la fille de Mickey. Mais ce dernier lui annonce que la guerre avec son ennemi de toujours, le Vicaire de Whitechapel, est plus que jamais d’actualité et qu’il menace ses proches. Donc si elle veut continuer à prendre soin de Mary Darling, elle ne pourra le faire que chez lui. La mort dans l’âme, Silence accepte. Au fil des jours, elle se rend compte que le jeune homme a une personnalité bien plus profonde et complexe qu’il n’y paraît au premier abord et qu’il pourrait bien menacer son cœur….

J’ai adoré ce troisième tome et je crois bien que c’est celui que j’ai préféré de la série jusqu’à présent. On y trouve ce qui faisait tout le charme du premier mais sans ses défauts. Durant les deux tiers du roman, on a très peu d’action pour s’attacher davantage aux deux héros, à leurs rencontres, leurs joutes verbales, leurs découvertes…et pourtant on ne s’ennuie pas un seul instant. Il faut dire que les personnages sont tellement hauts en couleur. Mickey est ainsi un vrai pirate en plein cœur de Londres. Il vit dans une caverne d’Ali Baba, reçoit assis sur un trône la chemise ouverte sur un torse glabre et des bagues à chaque doigt. Un jeune garçon se tient en permanence près de lui pour lui présenter un plateau de sucrerie. Une vraie caricature de nabab en somme. Et pourtant, derrière cette façade, se cache un homme profondément meurtri par la vie, qui n’a connu que haine et violence. Et face à Silence, cette façade se fendille très tôt. Silence quant à elle vit un véritable combat intérieur. Elle se trouve face à cet homme et à ses contradictions et ne sait comment le prendre. Il est à la fois doux et violent, généreux et égoïste, indécent et réservé. Elle a un caractère fort et n’hésite pas à remettre en cause ses décisions et ses actes. En fait, tout leur univers se retrouve complètement chamboulé et ils vont mettre du temps à comprendre qu’il n’y a aucun retour en arrière possible…

Cet opus diffère aussi des précédents dans le sens où on est moins dans la sensualité agressive. Ici, tout est en douceur, parce que c’est ce qui a toute sa vie fait défaut à Mickey et dont il fait ici l’apprentissage. Les scènes entre eux n’en demeurent pas moins torrides et très belles.

En l’absence de Silence, son frère Winter se retrouve seul pour gérer l’orphelinat et accueillir les dames du comité de soutien. On découvre encore davantage sa double personnalité si fascinante : tellement policé et austère à l’extérieur, mais on sent de plus en plus toute la violence et la colère intérieures contenues. Depuis le premier tome, on se doutait un peu de ce qu’il cachait et on en a ici la confirmation. Parmi les bienfaitrices du comité, l’une d’elle l’agace particulièrement. Il s’agit de lady Isabell Beckinhall et je suis heureuse de vous apprendre qu’ils seront les héros du prochain tome qui, malheureusement, ne sort en anglais qu’en juillet. Je suis curieuse de voir comment il va mettre sa fierté de côté pour accepter d’épouser une très riche veuve. Plus que quelque mois pour le découvrir…

Et en bonus, ce petit dialogue piquant autour d'un artichaut...

Les Fantômes de Maiden Lane est définitivement une excellente série, dont on ne se lasse pas et que l’on savoure avec bonheur. Elizabeth Hoyt a le talent rare et précieux d’écrire des histoires magnifiques, différentes et malgré tout liées, imbriquées les unes aux autres pour former au final UNE grand histoire.
Nous plongeons ici à nouveau au cœur du quartier mal famé de Saint-Giles, nous arpentons les ruelles sombres de Maiden Lane et surtout, nous partons à la rencontre d’un pirate, pas n’importe lequel, le Roi des pirates de Londres et de la Tamise, Mickey O’Connor et de Silence Hollingbrook. On se souvient d’ailleurs qu'après une mystérieuse nuit passée ensemble, Silence a vu non seulement sa réputation mais aussi son mariage être totalement perdus. Son ennemi de toujours, le Vicaire de WhiteChapel Charly Grady, étant décidé à le détruire à tout prix, Mickey a repris son enfant Mary Darling à l’orphelinat et c’est une Silence très en colère qu’il voit débarquer dans son palais, bien décidée à récupérer celle qu’elle considère à présent comme sa fille. Mickey lui propose alors un étrange marché. Elle peut s’occuper de Mary Darling à une seule condition et non des moindres : elle s’installe dans sa demeure. Silence n’a alors d’autre choix qu’accepter. Mais c’est un Mickey bien différent qu’elle découvre au fil des jours et qui l’attire et la fascine malgré elle...

J’ai adoré ce troisième opus. On retrouve l’ambiance si particulière et déroutante du premier tome. C’est sombre, intense et violent. Elizabeth Hoyt nous plonge dans un véritable huis-clos, dans l’atmosphère oppressante et sensuelle du palais du pirate où il ne se passe pas grand-chose si ce n’est la découverte de nos deux héros, de leurs sentiments, de leurs blessures et de leurs espoirs. Et toute la force du roman tient là : deux personnages attachants, bouleversants qui vont oser dépasser leurs peurs pour essayer d’être heureux malgré toute l’horreur du monde qui les entoure. L’auteur nous offre un roman très visuel : on imagine très bien le palais de Mickey, lui assis sur son immense trône entouré de trésors, des bagues à chaque doigts, savourant une sucrerie (il en est très friand) comme il savourerait une femme. C’est un pacha, un nabab, un roi païen, décadent et sensuel qui ne boude jamais son plaisir. Mais il est bien plus que cela, c’est un être hanté, torturé par son passé qui a choisi de fermer son cœur pour ne plus souffrir et qui rêve de douceur, de tendresse, d’amour.. En face de lui, Silence est un être tout en retenue, en pudeur, en bienséance. Et pourtant, on sent le feu couver en elle, l’envie de connaître le plaisir, de découvrir le corps d’un homme, de voir son désir pour elle, bref, de se sentir femme. Entre les deux, la rencontre est épique, faite de joutes verbales piquantes, d’ironie mordante et de moments sensuels et tendres. C’est magnifique, follement émouvant, Elizabeth Hoyt a réussi là le couple parfait, le roman parfait.

On en apprend plus aussi sur Winter qui se retrouve seul pour gérer l’orphelinat en l’absence de ses deux sœurs. C’est un être énigmatique, intense dont on perçoit mieux dans ce tome la violence et la colère contenues. On a la confirmation de ce que l’on pensait et cela colle parfaitement au personnage. Il sera le héros du prochain tome à paraitre en VO cet été. Et quand on lit la fin de Désirs Enfouis, on a qu’une hâte : se jeter sur la suite ! Comment avez-vous pu nous laisser ainsi Elizabeth Hoyt ? C’est une torture !!!!!

Une série brillante, merveilleusement bien écrite qui ne peut laisser indifférent, à savourer sans tarder !