Bon je l’avoue je n’ai voulu lire ce livre que par simple curiosité, non par réel intérêt, tout simplement parce qu’il s’agit du premier roman de Juliette Arnaud. Le moins qu’on puisse dire c’est que j’ai été complètement bluffée. Je ne m’attendais pas à autant l’apprécier, à autant être émue, par ce qui reste au final un roman jeunesse. Superbe !
Nous suivons le quotidien de Georges durant toute son année de 6e, de la rentrée des classes à la fin des vacances d’été. Georges est un garçon assez solitaire, transparent pour ses camarades à cause de sa petite taille et de son statut de premier de la classe. Sa seule amie : Lita, la fille de la concierge de son immeuble, qui est scolarisée chez elle à cause de son asthme et qui voue une véritable passion à tout ce qui a trait à la médecine. Mais surtout Georges a une idole, Arsene Wenger, l’entraineur du club d’Arsenal et présentateur à ses heures. Il lui sert à la fois de modèle et de conscience. Tout ce qu’entreprend Georges est ainsi comparé à un match de foot et à la vie d’Arsene Wenger.
Pour fêter sa rentrée des classes, les parents de Georges lui offrent des jumelles. D’abord déçu, le jeune homme se rend vite compte que c’est sans doute le meilleur cadeau qu’il ait reçu (en attendant le fameux micro qui lui permettra de s’entraîner à commenter les matchs comme son idole). Elles lui permettent en effet d’espionner l’immeuble d’en face et de se rendre compte de l’arrivée d’une nouvelle venue, une jeune fille d’environ 20 ans, belle et blonde qui lui fait étrangement penser à Arsene. C’est donc désormais ainsi qu’il la baptise : Arsène. Il la suit, l’espionne, se propose comme son dog-sitter… Elle devient une obsession qui va bien au-delà d’un coup de foudre. Elle est juste là, fascinante, et il sent qu’il doit lui parler, la comprendre, l’aider et peut-être qui sait la sauver et se sauver du même coup…
Georges est le narrateur de sa propre histoire, un narrateur de 11 ans, ce qu’il nous est impossible d’oublier vu que du coup le registre est clairement oral. Georges nous raconte son histoire, comme s’il nous parlait et avec ses mots à lui. Son récit est parfois interrompu par des instants de vie d’autres personnages, ceux des adultes qui l’entourent : M. Ali, le libraire bougon et excentrique ; Mme Cognet, sa prof de français ; M. Guédon, son prof d’EPS. Tous vont être touchés à leur niveau par le petit Georges et en retirer de belles leçons de vie.
Le roman est étrange dans la mesure où sa lecture se fait clairement à deux niveaux : celle du roman jeunesse, du récit d’un garçon de 11 ans qui apprend la vie et nous propose son regard naïf mais en même temps si vrai sur les choses qui l’entourent ; celle de l’adulte derrière, qui laisse transparaître dans chaque page des réflexions si profondes et si belles qu’il ne nous est pas possible de ne pas en être touché ou titillé. J’ai aimé ses réflexions si simples mais si lucides en même temps, celle d’un enfant qui voit tout sans juger…
Il y a aussi la musique qui imprègne tout le récit, cette « musique pour casser des briques » que Georges découvre par l’intermédiaire d’Arsène et qui délivre autant de messages que les mots. Et puis pour ne rien gâcher c’est de la bonne musique, du rock comme j’aime : Les Rolling Stones (Exile on main Street), Creedence Clearwater Revival (Fortunate Son), Ten Years After (I’d love to change the world), John Lennon (Happy Xmas) et Bob Dylan (Shelter from the storm – ce que Georges a été finalement pour Arsène…)…
Chapeau bas donc à Juliette Arnaud qui nous livre ici un récit frais, vivant et en même temps poignant qui plaira autant aux petits qu’aux grands !
Et juste pour le fun, parce qu’au final c’est quand même lui le vrai héros du roman, une petite photo d’Arsene Wenger après un but…