Alexandra Ivy en France… Juste un rêve éveillée… Notre première auteure de Romance Paranormale présente alors que tous, en temps normal, vont partout sauf en France…
Pour notre plus grand bonheur, nous avons pu la rencontrer à de multiples occasions (elle a du se sentir traquée la pauvre…) : un apéro à Paris mardi soir, un coucou tardif le mercredi soir alors qu’elle venait de poser un pied à Epinal (merci à la SNCF et ses retards !), conférence et dédicaces le jeudi, un déjeuner à rallonge le vendredi midi (de 13h à 16h lol), papotages intensifs le samedi, conférence et entretien le dimanche, interview et cocktail lundi. Vous comprenez maintenant le « traquée »…
C’est une femme adorable, charmante, d’une grande simplicité, très abordable et ouverte, hyper souriante, drôle, bourrée d’humour, disponible et amicale. Enfin bref vous l’aurez compris, nous avons été éblouies par cette rencontre, la meilleure de nos Imaginales. Et on espère vraiment qu’elle a aimé cette visite en France malgré le temps pourri (elle avait prévu des sandales et des petites robes), les retards de la SNCF (elle se faisait une telle joie de prendre pour la première fois le TGV) et les questions assez simplistes et répétitives qui lui ont été posées en conférences…
Évidemment, la première question qu’on lui a posé c’est : pourquoi cette obsession des cheveux longs ? Juste par goût personnel en fait, elle trouve ça si sexy. C’est un vieux fantasme de pouvoir s’agripper à une crinière sauvage lors des moments les plus intimes… Mais amatrices de cheveux courts réjouissez-vous, le prochain héros, Caine, a des cheveux courts !
Elle nous a posé beaucoup de questions sur nous, le forum et a rebondi sur l’importance des blogs aujourd’hui pour les auteurs et les lecteurs. Et notamment pour tout ce qui est romance et romance paranormale, et qui a permis de démocratiser le genre.
Du coup, on a bifurqué sur l’importance de Facebook. Elle est complètement accro à sa page Facebook qu’elle alimente régulièrement. Sa page lui permet surtout de communiquer en temps réel avec des lecteurs venus du monde entier. Et tout le monde peut admirer quotidiennement les magnifiques spécimens masculins, souvent dénudés pour le plaisir des yeux, qu’elle poste en compétition avec son amie Laura Wright (au grand amusement de ses fils et son mari). C’est d’ailleurs avec cette dernière qu’elle coécrit la série Bayou Heat (hot). Travail à deux mains qu’Alexandra aime beaucoup et qui se fait principalement par téléphone. En fait, elles se connaissent tellement bien qu’elles comprennent d’emblée où chacune veut venir et peuvent avancer très vite dans leur travail.
Elle a été choquée d’apprendre qu’il n’existait pas de convention de Romances en France. Aux États Unis, il y en a des dizaines chaque année. Du coup, nous avons discuté des Romantic Times qui se sont déroulés il y a quelque temps, qui sont juste énormes, peut-être même un peu trop. Elle préfère de loin les petites conventions, et notamment celle de Charleston spécialisée dans la Romance Paranormale, où elle peut passer des moments privilégiés autant avec les lecteurs que les autres auteurs. D’ailleurs elle se conduit elle-même en groupie, comme la fois où elle a rencontré Robyn Carr (elle a dégainée direct la photo d’elles-deux sur son iphone).
Elle lit de la romance en tous genres depuis toute petite, avec Jane Austen, Kathleen Woodiwiss et Rosemary Rogers. C’est pour ça qu’elle a commencé à écrire avant tout de la Romance Historique Regency, avant de se tourner vers la Romance Paranormale qui est beaucoup moins codifiée et permet une totale liberté. Mais les vampires ne l’ont jamais quitté même quand elle écrivait de la Romance Historique et il lui arrivait d’en insérer !
Ce qu’elle aime avant tout en Romance c’est que quoi qu’il arrive la fin est toujours heureuse, et que chaque tome se focalise sur un couple sans que leur histoire ne s’éternise indéfiniment. Ce sont de vrais lectures-plaisirs !
La romance lui a toujours plu. Quand elle lisait Tolkien elle n’arrêtait pas de se demander ce que ça donnerait si on rajoutait de la romance et surtout qu’est-ce qui pouvait bien se passer chez les elfes une fois la porte de leur chambre fermée…
Elle a été l’une des premières à mêler fantastique, mythologie, aventure, romance, sexe et humour.
Au départ cantonnée aux vampires, la Romance Paranormale s’est ouverte aujourd’hui à toutes sortes de créatures, en adoptant aussi un style de plus en plus dynamique et moderne.
La Romance Paranormale est avant tout un genre féminin. Ce sont des femmes qui écrivent et qui lisent, mais il y a aussi quelques hommes qui osent avouer. D’ailleurs les hommes qui écrivent de la Romance Paranormale prennent souvent des pseudos féminins car les éditeurs craignent que les lectrices refusent de lire des romances écrites par des hommes. Alexandra Ivy a ainsi cité David Eddings.
Sa première romance paranormale, elle l’a d’abord écrit pour elle, juste pour se faire plaisir, sans même penser à être publiée. Grande fan de Buffy, il était certain qu’elle porterait sur les vampires. C’était une époque où la Romance Paranormale était avant tout assez sombre et noire avec des héros torturés qui plaisent particulièrement aux lectrices, et à elle aussi d’ailleurs. C’est donc dans cette direction qu’elle s’est tout d’abord dirigée avant de se rendre compte que c’était nul (ce que lui ont confirmé ses fils !), qu’elle n’arrivait absolument pas à produire quelque chose de qualité dans ce genre. Ce qui la caractérise avant tout c’est l’humour. Et c’est donc l’humour qu’elle a voulu privilégier. Comme dans Buffy. Des touches d’humour qui parsèment le récit et soulagent les tensions et les moments d’émotion pure. Et avec l’arrivée de Levet, la série prend un tournant comique décisif (tout le monde a été marqué par le fameux « par les couilles de pierre de mon père » !). C’est pour cela qu’elle n’est pas prête à lui écrire sa romance. Elle a trop envie encore de le voir chambrer ses héros. Sa petite taille et son franc-parler ramènent les mâles alphas à une juste réalité, avec des réparties qui ont vraiment pour but de les faire se sentir petits.
Elle a vu une réelle évolution dans ses romans en ce qui concerne les « scènes hot » : au départ c’était assez soft avec le fameux « close the doors » (les héros ferment la porte de la chambre à coucher et on ne peut jouer les voyeurs), puis un peu de sexe dans les Gardiens et très hot dans
Bayou Heat écrit avec Laura Wright spécialiste du genre érotique. C’est devenu important pour elle que les lecteurs puissent sentir la tension sexuelle entre les héros.
Elle est hyper fan de Jane Austen, de Darcy et de Colin Firth. Chaque année elle se refait l’adaptation de la BBC, c’est une tradition incontournable !
Alexandra en compagnie de Gail Carriger
Nous avons beaucoup parlé des auteurs et des séries que nous aimons. Ward bien sûr (dès qu’elle a évoqué la Confrérie et le dernier tome, on a sauté sur place !), Karen Marie Moning (elle adore Fever, Barrons et a complètement craqué sur Dani dans
Iced), Lara Adrian (très bonne amie à elle), Gena Showalter, Laurel K. Hamilton (même si elle est lassée des derniers tomes d’Anita Blake qui ne proposent que du sexe pour du sexe), Sherrilyn Kenyon, Charlaine Harris (elle adore Eric qu'elle trouve super sexy mais la série commence un peu à tourner en rond) et de la série
True Blood, Patricia Briggs, Kim Harrison ; Ses auteures de Romance Historique préférées sont : Julia Quinn, Lisa Kleypas qu’elle adore (mais pas en contemporain), Judith Mc Naught….
Elle lit aussi beaucoup de romans Young Adult et New Adult qui sont très à la mode en ce moment aux États Unis. Du coup, on a aussi évoqué l’étude de la littérature au collège et au lycée (son fils est prof de lettres. C'est sa première année et elle en est très fière). Elle trouve dommage qu’on ne propose pas suffisamment de ces lectures attractives aux ados pour leur permettre de s’ouvrir davantage à la lecture. Son fils entre autres a fait étudier à ses élèves
Bilbo le Hobbit, en proposant par la suite une comparaison avec le film.
Un déjeuner génialissime
Elle vit dans une toute petite ville où il y a très peu de lecteurs et notamment pas de book club, alors qu’elle adorerait en faire partie de façon chronique.
Elle a une liseuse mais elle préfère de loin lire sur les versions papiers. D’ailleurs souvent elle rachète les livres au grand dam de son mari.
Elle est hyper contente de la rapidité des traductions en France. Elle a signé pour 13 tomes, ce qui ne signifie pas que la série s’arrêtera forcément là. Milady se pose la question pour la nouvelle de Levet. Sous quelle forme la sortir : en ebook, seule, à la fin d’un tome ? Et une seconde nouvelle sur notre gargouille préférée devrait sortir pour Noël. Il ne reste plus qu'à espérer que les deux seront traduites...
Kristin Cashore, Gail Carriger et Alexandra
Au tout début, elle n'avait pas une vision globale de sa série. C’est venu avec chaque tome. Quand elle écrivait le livre de Styx , elle n’imaginait pas que Salvatore allait être le prochain héros. Elle ne l’aurait pas fait aussi méchant sinon. D'ailleurs certains des lecteurs lui ont dit qu'ils ne liront jamais son livre car il est trop horrible. C’est pour cela aussi qu'elle prépare la rédemption de Caine depuis plusieurs livres et les lecteurs sont plus contents comme cela. Les personnages évoluent à chaque roman. Elle connait le début et la fin du Seigneur Noir, elle ne savait pas exactement ce qui allait lui arriver entre temps mais pour les autres, c’est plus ouvert.
Viper est son favori car elle adore les romances historiques et il se rapproche beaucoup des Dandys Régence ; mais Dante est le premier et elle aura toujours une tendresse particulière pour lui. Elle adore Levet et compte bien l’insérer dans tous les tomes. Il permet d’insérer une touche d’humour parfaite (d'où le fait qu'elle ne soit pas prête à lui écrire sa romance même si à chaque fois elle essaye de lui trouver une amoureuse. Elle craint aussi que Levet en couple ne soit plus vraiment Levet...). Elle adore aussi Jagr (prononcez Yagre) et Caine pour leur côté sombre.
Pour le personnage féminin, ce sera toujours Abby car c’est celle qui lui ressemble le plus, une jeune femme ordinaire qui essaie de vivre sa vie et l’extraordinaire lui tombe dessus à un moment et elle doit se débrouiller avec.
La variété ethnique de ses personnages est quelque chose qui lui importait énormément, parce qu’aux États Unis, le mythe du vampire est essentiellement un mythe européen, transylvanien. Mais quand on fait des recherches, on s’aperçoit que c‘est un mythe présent dans le monde entier. Elle apprécie beaucoup d'avoir des personnages multiculturels, d'autant que cela permet aux lecteurs de s’identifier plus facilement aux personnages.
Elle songe très sérieusement à écrire un tome sur un couple gay. Rien n'est certain mais ce n'est pas à omettre. C’est ce qu’il y a de fantastique aujourd’hui, c’est que toutes les barrières ont disparu, il n’y a plus de limites. Tout est acceptable dans la romance paranormale, du moment qu’il y a de l’amour, des émotions, c’est quelque chose de fabuleux et de merveilleux à faire.
Elle adore les Comics et les super-héros notamment Avengers et The Hobbit. Avec deux fils, il ne pouvait en être autrement. Elle rêve d’aller à la Comic-con d'ailleurs.
Elle écrit 7 jours sur 7, environ 12h par jour, ce qui lui laisse peu de temps pour lire à son grand regret.
Avant de commencer à écrire, elle a toujours une vision très finale de ses personnages, avec leurs pouvoirs parvenus à maturité et avec la place qu’ils intègrent dans son univers. Ce n’est qu’après qu’elle les imagine au début, alors qu’ils ne sont encore que « normaux ».
La série parle au départ d’un clan de vampires à Chicago. Des mâles alpha bien évidemment. Et ce qui l’intéresse avant tout ce sont les liens qui se nouent entre eux, et comment ils évoluent quand les héroïnes entrent en scène et s’installent.
Et si elle écrit sur ça c’est avant tout parce que ça a toujours été son fantasme absolu et à défaut de pouvoir le vivre, elle l’écrit et le fait vivre à ses héroïnes.
Les héroïnes sont toujours des femmes normales qui se retrouvent embarquées dans des situations extraordinaires qui vont les amener à se révéler elles-mêmes. D’ailleurs souvent c’est au fil de circonstances exceptionnelles que leurs pouvoirs paranormaux se révèlent. C’est rarement au début. Et surtout si elles se révèlent ce n’est jamais à cause d’un homme mais grâce à la force et au courage qu’elles vont puiser en elles pour surmonter les obstacles. Elles ne sont jamais nunuches. Surtout pas, elle a horreur de ça ! Elles sont certes parfois vulnérables mais elles arrivent toujours à trouver le moyen de s’en sortir. Alors qu’avant « elles étaient des catwomans, elles deviennent aujourd’hui des batmans ». Et c’est bien sûr un message universel d’espoir. Chaque tome de série a donc beau porter le titre du héros, c’est bien le couple qui est mis en avant, aussi bien l’homme que la femme, et la manière dont ils vont évoluer pour pouvoir vivre leur relation.
Elle vient d’une autre génération, celle de Woodiwiss et Rosemary Rogers, dans laquelle les femmes attendaient désespérément que les hommes viennent les sauver. Elle a toujours voulu lire des histoires où ce sont les femmes qui se sauvent elles-mêmes. Elle en a donc écrit. Et parfois elles en arrivent même à sauver le héros
La Fantasy Urbaine est très concentrée sur l’action avec des héroïnes fortes. C’est un univers plus sombre. Alors que la Romance Paranormale se focalise davantage sur l’histoire d’amour et l’expression des sentiments. Ce qui explique que dans la série des Gardiens, les femmes ne sont pas fortes d’entrée de jeu mais le deviennent peu à peu au fil de l’intrigue et de leurs interactions avec le héros. Du coup elle peut mettre en parallèle l’évolution de ses mâles alphas qui ont plusieurs centaines d’années et sont de purs machos. Mais en contact avec l’héroïne ils apprennent à faire des concessions et à accepter que leur future compagne s’impose.
Elle aime beaucoup donner à ses personnages des pouvoirs qui sont aussi des faiblesses. Shai par exemple est une démone qui est un puissant aphrodisiaque pour les vampires ce qui n’est pas sans poser de très nombreux problèmes.
Vampire ou Loup Garou ? Les deux. Elle aime les vampires pour leur côté intellectuel et les loups-garous pour leur nature plus brute, plus sensuelle et animale. D’ailleurs, elle change de champs lexical à chaque fois qu’elle évoque chacune des espèces. Pour les vampires, elle est plus dans l’intellect, la retenue et les émotions contenues, tandis que pour les loups-garous c’est plus passionné et explosif.
Et maintenant, sans langue de bois : Qu'a t-elle pensé des Français et des Imaginales ? Sont-ils fondamentalement différents de ce qu'elle peut voir aux États Unis ?
"J’ai adoré venir ici ! Quand on est américain et que l’on s’apprête à voyager en France, on a cette idée que les français ne sont pas très ouverts, très chaleureux et en fait, ça a été tout le contraire. Les gens étaient accueillants, vraiment gentils donc je ne sais pas d’où vient cette réputation. Je vais suggérer à tout le monde de faire ce voyage !
Les Imaginales sont très différentes des conventions américaines. Les tables rondes aux États Unis sont consacrées seulement à un genre alors que là, la Romance Paranormale était avec de la Fantasy, c’était d’ailleurs très agréable. Aux États Unis, on ne passe pas autant de temps en dédicace et on ne discute pas aussi longtemps avec les lecteurs (seulement une heure) et là, entre les dédicaces, les petits déjeuners, c’était vraiment agréable de pouvoir parler avec les lecteurs, de prendre le temps de se poser, … c’est une convention plus intime. Aux États Unis, tout est réuni dans un hôtel, on vit plus en autarcie et il n’y a pas de boue
"
Elle a été ravie de voir que son public français est identique à celui anglo-saxons. Ce sont des jeunes femmes passionnées, grandes lectrices et dévoreuses de séries de romance paranormale. Ce sont de vraies amoureuses de Romance, comme elle.
Pour finir, une énorme pensée à Jocelyne Bourbonnière, traductrice d'Alexandra aux Imaginales, que nous avons eu énormément plaisir à revoir. Un grand merci pour votre gentillesse, votre sourire et votre joie de vivre, sans parler de votre efficacité !
Un énorme merci également à toute l'équipe Milady qui a permis ces rencontres !