ALSONSO Hilda - Ce dont rêvent les ombres

Ce dont rêvent les ombres
Hilda Alonso

1er juin 2016

Blessée en secourant une fée, Ménehould se voit soignée par Éponine, la rebouteuse du village. Quelques mois plus tard, la paysanne rétablie donne naissance à Deirdre, une étrange enfant, miracle pour certains, menace pour d'autres… Sa précieuse fille assassinée, Ménehould bascule alors dans la folie, devenant un danger pour elle et les autres. Pour l'aider à faire son deuil, Éponine entreprend avec elle un périple inattendu, une odyssée parsemée d'obstacles, de créatures fantastiques et de rencontres, qui bouleversera le cours même de la vie.

Ce dont rêvent les ombres nous raconte l’épopée de la villageoise Ménehould et de la fée Eponine, entourées de Bledri, compagnon au bon cœur et de Tanguy, pouvant communiquer avec les loups.

Le petit cortège parcourt une forêt peuplée d’êtres fantastiques, afin de trouver un lieu de repos pour l’âme de la jeune mère Ménehould, dont l’enfant lui a été arraché et tué peu après sa naissance. En effet, celle-ci se meurt et devient folle, devenant un danger pour les villageois. Est-ce parce qu'elle a été assistée par la rebouteuse Eponine lors de son accouchement au cœur des bois ?

Les quatre compagnons se meuvent au moyen d’un tarpan trapu et de la clairvoyance d’Eponine. L’animal tire la cage renfermant Ménehould. Ils s’enfoncent dans les entrailles d’une forêt toujours plus inquiétante et dangereuse, qui les guide pourtant jusqu’au Sanctuaire. Lieu de culte, mais aussi d’affrontement entre deux forces obscures, sera-t-il idéal pour accueillir l’esprit malade de la jeune femme ?

Les mots d’Hilda Alonso nous transportent bien vite dans cette aventure à nulle autre pareil. Pour son premier roman, cette conteuse nous livre une histoire de prime abord assez simple, mais, au fur et à mesure, complexe à appréhender de par les nombreux intervenants. Tout est foisonnant de créatures fantasmagoriques et d’embûches pour nos protagonistes. La destinée des personnages est continuellement incertaine, ce qui motive notre curiosité face à ce monde fascinant.

L’ensemble est d’ailleurs très visuel, le récit se coupant de quelques moments contemplatifs afin de mieux saisir la réalité des lieux. La forêt elle-même semble être une entité vivante, tout comme le Sanctuaire, entre lac déchaîné habité par un serpent marin à plusieurs têtes et autres néréides…

Dans une plume poétique, tout en relief, Hilda Alonso arrête le temps à travers des moments de plénitude, comme des passages beaucoup plus sombres, telle l’enfance de la rebouteuse. Si je ne me suis pas vraiment attachée aux personnages, j’ai été séduite par l’univers tissé, qui ne ressemble à aucun autre. J’ai passé une agréable lecture, même si ce roman ne sera pas à la portée de tous. Il emportera à coup sûr ceux qui le veulent dans des contrées inattendues et se révèle le fruit d’une personnalité très inspirée.