Fariboles Admin
Messages : 4096 Date d'inscription : 10/07/2011 Age : 43 Localisation : Eure et Loir
| Sujet: AVALLONE Silvia : D'acier Sam 1 Juin - 20:27 | |
| D'acierSilvia Avallone Quatrième de couverture :A Piombino, triste cité industrielle de Toscane, l'île d'Elbe miroite au loin comme un paradis inaccessible. Sur cette terre où usines et barres de béton ont poussé brutalement, les garçons se rêvent en chefs de bande et les filles en starlettes de la télévision. Anna et Francesca, bientôt quatorze ans, sont les reines de ce royaume cabossé. Ensemble, elles jouent de leur éclatante beauté, brûlent de s'enfuir et parient sur une amitié inconditionnelle pour s'emparer de l'avenir.
| |
|
Fariboles Admin
Messages : 4096 Date d'inscription : 10/07/2011 Age : 43 Localisation : Eure et Loir
| Sujet: Re: AVALLONE Silvia : D'acier Sam 1 Juin - 20:29 | |
| Mon avis :Avec D’acier, Silvia Avallone nous offre une radiographie de l’Italie des années Berlusconi où chômage, sexe et argent semblent tout dominer et où une jeunesse désabusée tente d’exister, de s’en sortir malgré des horizons plutôt bouchés. Un roman fort, intense, dérangeant aussi !
Anna et Francesca ont 13 ans. Elles sont belles, audacieuses et inséparables, des amies à la vie à la mort. Loin de l’île d’Elbe, de la Toscane rêvée des touristes, elles sont coincées à Piombino, cité industrielle gangrénée par le chômage, la drogue et les trafics en tous genres. Pour seul horizon et pour oublier un quotidien morose, il y a la plage où se déversent les égouts de la ville. Elles jouent de leurs charmes, attisent la convoitise des hommes et la jalousie des femmes, elles échafaudent des rêves qui parlent de fuite, de célébrité et d’argent facile. Si semblables et pourtant si différentes… Anna est douée à l’école et c’est par l’éducation qu’elle aspire à s’en sortir, à se libérer de Piombino alors que Francesca, battue et méprisée par un père odieux, ne rêve que de jouer les starlettes en tenues provocantes sur des plateaux télé. Peu à peu, c’est la jalousie qui s’immisce dans cette belle amitié faisant voler en éclats les certitudes et les promesses des deux amies…
Dès le début du roman, on comprend que Silvia Avallone va nous titiller, nous provoquer, jouer avec nos propres valeurs, nos propres limites pour nous offrir un roman hors-normes, criant de vérité et qui nous laisse par moments plutôt mal à l’aise. En effet, nous voilà, dès les premières lignes, complices d’un père voyeur, troublé par les formes et la sensualité de sa fille adolescente et cette hyper-sexualité habitera tout le récit. Nous sommes tout de suite prévenus, nous ne sommes pas dans un roman léger, dans un vaudeville à l’italienne mais bien dans un drame moderne qui nous frappe en plein cœur, nous remue profondément. Anna et Francesca ont des rêves, des envies, des désirs et peu de chances de les réaliser. Elles sont nées bien loin du paradis, dans une Italie qui porte aux nues l’anti-culture et les bimbos, qui affiche sans complexe son argent sale et facile. A Piombino, pour survivre, il n’y a que l’aciérie, les petits trafics et la drogue. Les hommes passent leur temps avachis dans un fauteuil, une télécommande à la main et les femmes, vieilles avant l’âge, tentent de nourrir leurs familles, de conserver un semblant de dignité. D’acier est une œuvre que l‘on a comparée à Germinal de Zola et cela se comprend. C’est un roman social sur la misère contemporaine d’un réalisme troublant. Mais c’est aussi une chronique douce-amère sur l’adolescence, sur les bouleversements qu’elle entraine et sur le délicat passage à l’âge adulte.
D’acier est un roman comme on en rencontre peu. Il nous touche et nous bouleverse et l’on en ressort pas indemne. Il sort le 5 juin au cinéma et j’admets, j’irai le voir, curieuse de mettre des images sur un tel ressenti. | |
|