BANKS Maya - HOUSTON, FORCES SPECIALES - Tome 3 : Douce Séduction

« Angélina hocha la tête et emprunta le long couloir jusqu’à l’une des salles de flagellation. En entrant, elle inspira si fort que sa poitrine lui fit mal.
L’effet que lui faisait Micah ne diminuait jamais. La vue de cet homme fort et fier, dénudé jusqu’à la taille, debout au milieu de la pièce, les bras tendus et attachés au dessus de la tête…. Il était tout bonnement magnifique.
Un autre homme, dans cette position, aurait eu l’air d’un être soumis. Faible, même. Sauf qu’il en allait tout autrement pour Micah, elle le savait bien. Sous la surface en apparence calme, se cachait un homme bouillonnant d’émotions. Sombre et impétueux. Et elle était là pour ramener tout ça à la surface.
Il leva la tête en l’entendant arriver. Jamais auparavant elle n’avait décelé une telle vulnérabilité dans ses yeux. Comme si les émotions affleuraient, sur le point d’éclater. Il les avait enterrées si profondément que seule la douleur pouvait l’aider.
Peu de gens étaient à même de comprendre ses besoins. Mais elle, si. Oh oui ! Elle allait le libérer, lui donner ce qu’il venait chercher.
- J’ai besoin… Ne ménagez pas vos efforts, lui indiqua-t-il à voix basse.
Elle hocha la tête. Elle seule comprenait son besoin de ce genre de douleur. Au fond, ils se ressemblaient plus qu’il ne le saurait jamais.
Déroulant le fouet, elle en laissa retomber la pointe sur le sol, pendant qu’elle se positionnait derrière lui. Quelle beauté ! Il avait le dos large, la taille mince et étroite. Ses muscles roulaient et se tendaient entre les omoplates alors qu’il se préparait à ses coups.
Longtemps, inlassablement, elle s’était entraînée pour parfaire sa méthode, car elle ne voulait pas le décevoir. Jamais. Entre ses mains, il était en sécurité.
Le premier coup toucha la peau de Micah avec un sifflement assourdissant. Il sursauta, puis se redressa rapidement et s’immobilisa de nouveau pour attendre la suite.
Elle se força à se détendre, essayant de contenir l’émotion. Calmement, avec méthode, elle lui embrasa le dos de son fouet, le regardant bondir et se cabrer sous les coups.
La sueur mouillait son dos et ses cheveux, qui retombaient en boucles molles sur ses épaules. Et pourtant elle continuait, devinant qu’il en voulait plus. Elle frappait d’un côté, puis de l’autre, descendant progressivement jusqu’à la taille.
Alors qu’elle remontait, des gouttes de sang perlèrent sur les zébrures, scintillant dans la lumière tamisée. Enfin ! Le soulagement était proche. Avec la légèreté d’une maîtresse égrenant ses baisers, son fouet lui cinglait les épaules, jusqu’à ce que les lanières soient poisseuses de sang.
C’était comme tailler dans une blessure ouverte. Le soulagement était palpable, en même temps que la pression – et la douleur- s’échappait du chaudron bouillonnant. Il agrippait ses liens, tordant les poignets, et levait la tête, dans un geste proche de la supplication.
Avec chaque coup, elle lui prodiguait son amour. Pour un témoin extérieur qui ne comprendrait pas, cela pouvait paraître bizarre. Voire insupportable. Pourtant, c’était l’échappatoire qu’il avait choisie, et elle l’acceptait comme elle l’acceptait, lui.
Un profond soupir lui échappa, seul son qu’il eut émis pendant toute la séance. Les épaules de Micah se relâchèrent et elle sut qu’il en avait assez. Elle laissa retomber le fouet et vint devant lui.
Il avait les paupières fermées, mais ses joues étaient baignées de larmes. Elle sentit ses propres yeux s’embuer. Jamais il ne les avait pleurés, jusqu’alors. Ni à leurs obsèques, ni sur leurs tombes, ni même après, quand il l’avait reconduite chez elle. Et puis il avait disparu, purement et simplement, pour soigner son chagrin comme il gérait tout le reste. Seul.
Elle avait tellement envie de le prendre dans ses bras, de lui dire que tout allait bien. Qu’elle l’aimait. Qu’il n’avait plus besoin d’être seul.
Au lieu de ça, elle fit un pas dans sa direction et prit son visage en coupe, avec amour. Ayant déposé un baiser sur son front, elle murmura d’une voix si grave que jamais il ne la reconnaîtrait :
- Vaya en paz.
« Va en paix ».
Il leva vers elle des yeux désorientés et perdus. Une autre larme coula, dessinant tristement son chemin sur sa joue.
- Merci, souffla-t-il.
Sans un mot, elle hocha la tête. Même si elle avait osé parler, pas un mot n’aurait pu franchir la boule coincée au fond de sa gorge. Elle embrassa la poignée de son fouet et le déposa délicatement à ses pieds. Puis elle quitta la pièce.
(…) A présent c’était à elle d’aller le chercher, de lui montrer qu’il pouvait aimer à nouveau. »

« Enfin, son regard repéra une femme, au milieu de la pièce, vers laquelle tous les yeux étaient tournées. Elle était complètement nue, es longs cheveux noirs retombant dans son dos comme un voile de soie. Elle avait les poignets liés, les mains au-dessus de sa tête, attachées à une poutre en bois en forme de fer à cheval.
Bon Dieu ! Serena !
Le souffle coupé, Julie se demanda ce que son amie faisait là. Nue, en plus.
Demeurant sur le seuil, appuyée à l’encadrement de la porte, elle veilla à ne pas se montrer tout en observant ce qui arrivait à Serena.
Son attente ne fut pas longue. Elle vit bientôt Damon s’approcher, et il tenait un… fouet dans sa main ! Elle fronça les sourcils. Allait-il la frapper devant tout le monde ?
La relation qu’entretenaient Damon et Serena était pour le moins… non conventionnelle, pour employer un euphémisme qui recouvrait en fait une réalité plus crue : Serena était totalement soumise à son amant, elle était son esclave, en somme.
Julie frissonna à cette idée et à ce qu’elle impliquait. Une complète soumission à un homme. Parfois elle se demandait si Serena n’avait pas un petit pois dans la tête. A moins qu’elle ne soit complètement aveuglée par l’amour. Julie ne voyait pas ce qui, autrement, pouvait expliquer qu’une femme intelligente et belle comme Serena, qui pouvait avoir tous les hommes qu’elle voulait en un claquement de doigts, entretienne une relation aussi déséquilibrée en sa défaveur, en l’occurrence.
Le silence envahit la pièce, et Julie retint son souffle alors que Damon faisait glisser la pointe de sa cravache dans les cheveux de Serena. Il les repoussa légèrement, afin de dégager son dos mince, à présent exposé à la vue de tous.
Il agissait avec méthode, sans se presser. Julie observa attentivement le profil de son amie, y cherchant le moindre signe de peur, ou de refus de ce qui allait lui arriver. Mais elle n’y vit au contraire qu’une acceptation pleine de quiétude. Et de l’amour.
Stupéfaite, Julie en était encore à analyser l’expression de Serena quand la cravache s’abattit sur l’épaule de son amie. Elle sursauta et porta la main à sa bouche.
Le son résonna à travers la pièce, déchirant le silence.
Emportée par une vague de colère, Julie franchit le seuil, prête à se précipiter pour mettre fin à cette scène insupportable. Comment Damon osait-il traiter ainsi Serena ? Elle lui faisait confiance, lui avait tout donné, et c’est comme ça qu’il la remerciait ? Pas question qu’elle reste plantée là à regarder son amie se faire maltraiter de la sorte. Elle sentait son cœur se gonfler de compassion pour Serena.
Mais une main se referma sur son poignet, l’empêchant de bouger. Faisant volte-face, elle découvrit Cole, qui l’observait en silence.
-Regardez, lui ordonna-t-il.
Elle tenta de se dégager, mais il la tenait ferme.
-Vous ne comprenez pas, siffla-t-elle. Il est en train de lui faire du mal !
-Vous en êtes sûre ? Je crois plutôt que c’est vous qui ne comprenez pas, Julie, répondit-il calmement en l’obligeant à pivoter de nouveau en direction de Damon et Serena, juste au moment où la cravache s’abattait une nouvelle fois sur le dos de son amie. Regardez, répéta-t-il.
-Allez vous faire voir ! murmura-t-elle, furieuse.
Incapable pour autant de détourner les yeux, elle assista, impuissante, au terrible spectacle. Des marques zébraient déjà le dos de Serena, et les coups pleuvaient, méthodiques.
Comment Damon pouvait-il faire une chose pareille avec autant d’amour dans les yeux ? Ses gestes paraissaient presque doux, ce qui était totalement absurde, si l’on considérait qu’il était en train de la battre devant tout le monde.
Puis son regard se posa sur le visage de Serena, calme et illuminé par… du plaisir ? Julie écarquilla les yeux, incrédule. Non, elle devait se tromper. Et pourtant, Serena avait la tête renversée en arrière, elle voyait ses traits, ses yeux clos, ses lèvres entrouvertes.
En un mot, elle était belle.
(…) Lentement, elle se tourna vers Cole.
-Pourquoi la trouvez-vous si belle ?
-Vous voyez comme elle lui fait confiance ? répondit-il en désignant Serena du menton. Elle s’est placée entre ses mains, en toute simplicité. Elle est totalement vulnérable, et il le sait. Sa confiance est une d’une puissance incomparable. Bien plus forte que le meilleur aphrodisiaque. Elle sait qu’il prendra toujours soin d’elle.
-Mais pourquoi aime-t-il lui faire du mal ?
Plus que tout le reste, ce point précis était incompréhensible. Si Damon aimait Serena autant qu’il le disait, comment pouvait-il supporter de la faire souffrir ?
Cole sourit avec douceur.
-S’il pensait la faire souffrir, ne serait-ce qu’un seul instant, il se couperait le bras plutôt que de continuer. Il l’aime, Julie. D’un amour profond et immense qu’un homme ne ressent qu’une fois dans sa vie, et encore, s’il a de la chance.
-Alors, pourquoi ?
-Regardez bien, répéta-t-il patiemment. Voyez le plaisir dans ses yeux. Dans leurs yeux. (…) »
Scène censurée après…