Fariboles Admin
Messages : 4096 Date d'inscription : 10/07/2011 Age : 43 Localisation : Eure et Loir
| Sujet: SHRIVER Lionel : Big Brother Mer 17 Sep - 11:45 | |
| Big BrotherLionel Shriver Quatrième de couverture:Après, entre autres, Il faut qu'on parle de Kevin, la nouvelle bombe de Lionel Shriver. Toute sa verve sarcastique, sa profondeur d'analyse, son esprit de provocation dans un roman choc partiellement autobiographique sur un sujet brûlant d'actualité : notre rapport névrotique à la nourriture, et son corollaire, l'obésité alarmante dans nos sociétés occidentales.
Femme d'affaires en pleine réussite, mariée à Fletcher, un artiste ébéniste, belle-mère de deux ados, Pandora n'a pas vu son frère Edison depuis quatre ans quand elle accepte de l'héberger. À son arrivée à l'aéroport, c'est le choc : Pandora avait quitté un jeune prodige du jazz, séduisant et hâbleur, elle découvre un homme obèse, contraint de se déplacer en fauteuil, négligé, capricieux et compulsif. Que s'est-il passé ? Comment Edison a-t-il pu se laisser aller à ce point ? Pandora a-t-elle une part de responsabilité ?
Entre le très psychorigide Fletcher et le très jouisseur Edison, la tension ne tarde pas à monter et c'est Pandora qui va en faire les frais. Jusqu'à se retrouver face au pire des dilemmes : choisir entre son époux et son frère.
Qui aura sa préférence ? Pourra-t-elle sortir son frère de la spirale dans laquelle il s'est enfermé ? Edison le veut-il seulement ? Peut-on sauver malgré eux ceux qu'on aime ? | |
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Fariboles Admin
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| Sujet: Re: SHRIVER Lionel : Big Brother Mer 17 Sep - 11:47 | |
| Toujours aussi surprenante, toujours aussi grinçante et toujours aussi habile, Lionel Shriver frappe encore un grand coup avec son Big Brother ! Après l’instinct maternel et les enfants tueurs (Il faut que l’on parle de Kevin) et les travers du système de santé américain (Tout ça pour quoi), Lionel Shriver s’intéresse à un autre des fléaux du monde actuel, l’obésité et la surabondance alimentaire dans les pays riches. Un sujet qui la touche de près puisqu’elle a perdu son frère des suites de son obésité morbide. Un livre fort, un portrait au vitriol, sans concession ni empathie qui marque durablement l’esprit, remarquable !
L’histoire du roman tient en quelques lignes. Après cinq ans sans se voir, Pandora, femme d’affaires au succès grandissant, accepte d’héberger son frère Edison, jazzman newyorkais talentueux qui connait une mauvaise passe. Cependant, surprise, ce n’est plus un musicien mince et charmant qu’elle retrouve mais un homme obèse, de 175 kg, qui peine à se mouvoir et se néglige totalement. Le choc est rude pour Pandora, et encore plus pour les membres de sa famille, à commencer par son mari Fletcher, pseudo-ébéniste d’art mais vrai psychorigide du bien manger (à ce niveau-là, on peut parler d’ascétisme, limite de dictateur de la nutrition). Entre les caprices d’Edison, la rigueur de Fletcher, la famille est au bord de l’implosion. Finalement, une seule solution s’impose pour Pandora : aider, à n’importe quel prix, son frère à maigrir et cela implique de quitter la maison, de s’installer avec lui dans un appartement et de devenir son coach sportif pour plusieurs mois… Mais que ne ferait-on pas pour sa famille ?
Les familles sont toujours au centre des livres de Lionel Shriver mais loin de l’image d’Épinal de la famille idéale, celles de l’auteur sont toujours dysfonctionnelles, en pleine tourmente. Ici, tout tourne autour de la nourriture et du rapport amour/haine que les protagonistes entretiennent avec elle. Edison et Fletcher sont les deux faces d’une même pièce, d’un même problème. L’un consomme avec excès, se gave pour se remplir, se suicidant peu à peu, l’autre compte tout, calcule tout, modère ses envies mais dans les deux cas, il s’agit d’une vraie névrose alimentaire. Et au milieu de cela, il y a Pandora et ses quelques kilos en trop, qui a le sentiment de ne plus être séduisante, attirante et que la vue de son frère fait totalement paniquer. Du coup, on peut légitimement se poser la question : aide-t-elle Edison par amour ? Par devoir ? Par crainte ? Du début à la fin du roman, rien n’est évident ni certain. De même, et c’est aussi tout le talent de Lionel Shriver, on ne ressent pas vraiment de sympathie ni empathie pour les personnages. Ils sont trop excessifs, trop englués dans leurs problèmes, exception faite de Cody, la fille de Fletcher, la seule à être sincère et spontanée avec Edison. Le style du livre est fidèle à celui que l’on connait (et que l’on adore) chez Shriver : net, brutal par moment, sans concession, elle ne s’embarrasse jamais de belles métaphores, de jolis mots,… Chez elle, pas d’ « embonpoint », de « kilos en trop » non, un « gros » est un « gros ». Point. C’est parfois choquant à lire, voire malsain, mais cela nous marque durablement. Et la fin… quelle fin ! Surprenante, inattendue, un véritable électrochoc que l’on ne voit pas venir du tout, magistral !!!!
Un livre à découvrir, qui nous fait réfléchir, nous pousse à nous interroger et ne nous laisse pas indemnes, loin de là !
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