DRAME Ahmed : Nous sommes tous des exceptions

Nous sommes tous des exceptions
Ahmed Dramé

À première vue, ça peut sembler banal. Une classe de seconde qui se distingue en remportant un concours, ça arrive tous les ans. Mais quand il s’agit d’un lycée de banlieue où les profs, à force de se confronter à des cas difficiles, ont des raisons d’être lassés, et où les élèves, à force d’être mal vus, perdent leur estime d’eux-mêmes, l’événement acquiert une tout autre portée. Et quand ce concours porte sur la Shoah, à une époque qui excite l’antisémitisme et le racisme, cette victoire devient puissante.
Puissante au point d’inspirer à l’un des élèves de la classe, Ahmed Dramé, une belle histoire à scénariser et un livre édifiant à écrire.
Derrière le quotidien singulier d’une classe « à problèmes » devenue classe à lauriers, au-delà de l’audace de ses protagonistes et de la transformation d’Ahmed, se dessinent en filigrane les pires errements de l’Histoire.
Le lycéen devenu adulte ne sortira pas indemne de sa rencontre avec Léon et les autres survivants, à l’âme abîmée mais rayonnante. Il renaîtra profondément touché et infiniment plus fort.

Je ne m’attendais pas à grand-chose en commençant ce livre-témoignage et j’ai été surprise (en bien), vraiment surprise. J’ai pris une jolie claque avec ce court récit, avec ces mots qui frappent, qui touchent.
Nous sommes tous des exceptions, c’est un livre dans l’air du temps, qui nous parle d’un fait banal, ordinaire qui prend des proportions aussi inattendues que surprenantes. L’histoire, vraie, tient en quelques lignes. Ahmed  Dramé est élève en seconde générale dans un lycée « sensible » de Créteil. Les élèves sont plutôt difficiles, les profs démotivés, les moyens quasi inexistants, le niveau de la classe mauvais et pourtant, un professeur d’Histoire-Géographie, Madame Anglès, décide de croire en ces élèves que le système laisse de côté, elle les inscrits au fameux Concours de la Résistance dont le thème tourne cette année-là autour des enfants, adolescents et de la Shoah. Au fil des recherches, des rencontres avec les survivants, ces adolescents démotivés, blasés de la vie avant l’heure, vont apprendre à travailler ensemble, à se faire confiance, ils vont explorer l’horreur du nazisme, se confronter au racisme et à la xénophobie les plus radicaux et cela va les toucher, les marquer profondément, durablement et fait extraordinaire, ils vont gagner ce concours, être fiers d’eux, se sentir importants, grands !

Nous sommes tous des exceptions, c’est un livre que tous les professeurs devraient lire quand ils sont découragés, à la limite du renoncement. Sans être naïf, il nous offre une autre vision de la banlieue et ses lycées dits « sensibles ». Oui, il y a des trafics, de la violence mais il y a aussi de l’espoir pour certains de ces gamins, une lueur qui brille dans leurs yeux et nous incite à ne pas lâcher l’affaire, à ne pas baisser trop vite les bras. Nous sommes tous des exceptions, c’est un récit terriblement humain, follement sensible qui nous parle au coeur, qui nous touche vraiment, qui laisse son empreinte dans nos vies. Un joli message qui redonne foi en l’humanité, oui, les miracles du quotidien existent, il suffit d’ouvrir les yeux parfois !  

A noter : Le film Les héritiers qui sort bientôt sur nos écrans avec Ahmed Dramé et Ariane Ascaride est adapté de ce livre !