Ce volet des enquêtes de la procureure Jana Berzelius débute avec brio une série qui s’annonce des plus passionnantes.
Le roman démarre par l’appel de Kerstin Julhén au commissariat, ayant découvert le corps de son mari mort. Hans Julhén était le responsable départemental de l’Office d'immigration (ou Office national des Migrations). Les premiers faits sont là : décès par balle, aucun signe d’effraction, des empreintes prélevées appartenant manifestement à celles d’un enfant. En tandem avec Jana Berzelius, nous suivons le bureau de police de Norrköping et l’équipe de Gunnar Örhn, dans l’affaire Hans Julhén. Il est principalement entouré de l’inspecteur Henrik Levin et du lieutenant Mia Bolander, que nous apprendrons à connaître au fil des pages.
Nous sommes embarqués dès les premières scènes, car les chapitres sont ainsi découpés. Courts, au rythme non pas soutenu mais très justement dosé, ils donnent un cadre au lecteur très agréable. Le roman est également parsemé de flashs tirés des rêves de Jana, qui ont une importance cruciale dans l’enquête et dans l’ensemble de la série. Ceux-ci racontent l’initiation horrifique d’une enfant immigrée pour en faire une tueuse redoutable…
La proximité, très vite ressentie, que l’on a avec les personnages dans leur quotidien au travail et dans leurs vies personnelles nous fait rentrer d’autant plus dans le roman. On imagine parfaitement l’équipe de collègues, parfois plus au moins proches, dans l’action de leurs investigations.
Jana Berzelius est une femme très respectée. Fille d’un ancien procureur, elle appartient à la « haute » société, et a toujours eu de quoi bien vivre. Elle sait mener un procès de front, et pourtant a pris l’habitude d’éviter la presse. Toujours parfaitement soignée dans son attitude, ses tenues et ses plannings, elle cultive une distance assez froide avec ses partenaires professionnels. Par orgueil ou par fierté, nul ne saurait le dire. Chacun s’est pourtant fait son avis, et en particulier Mia, qui par sa position sociale éloignée a beaucoup de mal à l’apprécier.
Connue pour ses nerfs d’aciers et son impassibilité dans la salle du médecin légiste, elle est cette fois ébranlée comme jamais auparavant. Cette affaire refait remonter tout un pan de souvenirs flous sur son passé, dont elle croyait avoir fermé la porte. Cela devient d’un coup très personnel pour Jana, mais pas question que l’on s’aperçoive qu’elle enquête de son côté. Au moment où les indices semblent mieux s’imbriquer pour la police, cela pourrait virer à l’escalade. C’est dans ces moments qu’Emelie Schepp dresse des passages où la tension est à son comble ! Dans son désir de remonter dans le passé, Jana risque très gros pour sa carrière et pour elle-même. Rien ne pourra l’arrêter. Sa quête de vérité et de vengeance laissera des traces derrière elle, et l'on se demande déjà qu’elles en seront les conséquences par la suite.
Marquée à vie est seulement une incursion dans le passé noir de Jana, et dont elle est ressorti avec de lourdes séquelles. Il refera à nouveau surface, et ce ne sera pas pour lui plaire.
Sous fond d’un policier diablement efficace et mené par une héroïne fascinante, est dépeint un véritable cas de société qui perturbe l’actualité du pays : l’affluence massive de migrants en Suède par voie maritime et le traitement houleux des demandes d’asiles. A recommander !
Pour mieux découvrir la série et son auteur Emelie Schepp, voici
le compte-rendu de notre rencontre.