GRAS Cédric - Alpinistes de Staline

Alpinistes de Staline
Cédric Gras

Éditeur : Stock
Sortie : le 27 mai 2020

Quatrième de couverture :

Si Cédric Gras s’est décidé à raconter la vie des frères Abalakov, deux alpinistes russes des plus héroïques de leur génération, c’est après avoir découvert qu’ils avaient été victimes des purges staliniennes. Comment Staline a-t-il pu faire arrêter ces figures glorieuses, chargées de porter le marxisme au plus haut des sommets ?
Orphelins sibériens, ils pratiquent l’escalade avant de devenir des alpinistes aguerris. Entre Caucase et Asie centrale, ils multiplient les expéditions jusqu’à gravir, dans les années 1930, les vertigineux pic Staline et pic Lénine, au nom du pouvoir. Dans ce monde où l’alpinisme était dicté par l’idéologie d’un monde nouveau, la conquête de territoires et la guerre, Vitali Abalakov sera pourtant victime de la Grande Terreur et des purges en 1938. Libéré et amputé de nombreuses phalanges suite à une tempête en altitude, il reprendra le chemin des cimes et reviendra au plus haut niveau. Son frère Evgueni sera lui retrouvé mort en 1948. Il préparait une ascension à l’Everest.

Russophone et familier de l’Eurasie, Cédric Gras a enquêté, des archives du KGB au pic Lénine, pour reconstituer le destin exceptionnel et dramatique de ces deux frères indissociables puis désunis, mais qui ont traversé le siècle rouge en rêvant de conquérir l’Everest au nom de l’URSS.

Une reconstitution passionnante

J'ai été passionnée par cette reconstitution de la vie des frères Abalakov. Avec le peu d'éléments à sa disposition (en particulier concernant Vitali, qui, contrairement à son frère, ne tenait pas de carnets intimes), il a su construire un récit vivant, qui dépeint à la fois le régime soviétique dans toute son absurdité et son arbitraire (notamment avec les purges staliniennes, qui ont bien failli coûter la vie à Vitali), et les exploits de ces hommes qui partaient à la conquête des plus hauts sommets avec, comme il est mis dans le livre, "un équipement de grand-mère". Les descriptions des ascensions et des conditions météorologiques sont si vivantes qu'on a l'impression d'y être. Un autre plus : la manière dont l'auteur tente de prêter vie à ces deux alpinistes hors normes (mention spéciale pour Vitali, qui continue à grimper en dépit des amputations qu'il a subies) en essayant de deviner ce qu'ils ont pu penser dans telle ou telle situation. La lourdeur administrative et l'arbitraire communiste sont également bien mis en évidence. Elles prêteraient à rire si elles n'avaient pas abouti à la mort de milliers de personnes, soit au cours de la grande famine du début des années 1930, soit dans les goulags ou sous les tortures du NKVD.
Un livre à lire, donc, pour les passionnés d'alpinisme, de l'histoire de la Russie, ou, tout simplement, par curiosité, pour découvrir deux hommes aux destins exceptionnels.

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