STIEFVATER Maggie - Sous le signe du Scorpion

Sous le signe du Scorpion
STIEFVATER Maggie

Sortie le 13 juin 2012

« Certains concourent pour gagner, d’autres pour survivre. » Chaque année au mois de novembre se déroulent les courses du Scorpion. Les cavaliers doivent tenir le plus longtemps possible sur leurs dangereuses montures, des chevaux de mer cannibales. Assez longtemps pour avoir une chance d’atteindre la ligne d’arrivée… et survivre. Sean Kendrick, 19 ans, tente de nouveau sa chance cette année, bien décidé à arriver le premier. Puck Connolly, quant à elle, n’aurait jamais imaginé participer un jour à la course. Mais le sort en a décidé autrement, et elle se retrouve malgré elle propulsée dans la course, à laquelle aucune autre femme n’avait encore participé. L’enjeu est grand pour ces deux adversaires que tout oppose sauf leur désir commun de remporter le plus grand des prix : la vie.

C'est une très belle histoire que Maggie Stiefvater nous livre dans Sous le signe du scorpion. Elle s'est inspirée de nombreuses légendes irlandaises ou écossaises sur les chevaux de mer ayant toutes trait à un dangereux cheval fantastique surgi des eaux. C'est passionnant et ce roman m'a séduit d'un bout à l'autre.
Comme à chaque automne, à l'approche du mois de novembre, les habitants de l'île de Thisby sont en effervescence. Ils tentent pour la plupart d'attraper des Capaill uisce (Capal Uisce au singulier) qui surgissent de l'océan. Ce sont des chevaux de mer aussi magnifiques, rapides qu'extrêmement dangereux et carnivores. Leur but est de les dresser et de les faire participer à la course du Scorpion. Sur cette petite île, c'est le plus gros évènement. Beaucoup de personnes se déplacent, surtout ceux du "continent", pour y assister. C'est donc aussi une grosse source de revenus pour les habitants qui y vivent pour la plupart modestement ou pauvrement. Mais c'est aussi la période où il y a le plus de morts, car ces chevaux peuvent être mortels. Même dressés, ils restent féroces et sont toujours attirés par l'appel de l'océan à quoi ils sont reliés comme par une force d'attraction magique.

Sean Kendrick, jeune homme de 19 ans, est le champion des quatre dernières courses. Son père est mort en participant à l'une d'elle, happé par un Capal Uisce alors qu' il avait 10 ans et sa mère les a abandonné quelques temps auparavant pour retourner sur le continent. Il travaille dans le haras de Benjamin Malverne depuis qu'il est orphelin, le spécialiste en matière de chevaux, surtout ceux-là.
Plus qu'une passion c'est un véritable amour qu'il leur voue. La relation qu'il entretient avec ces animaux est si bien décrite par l'auteur qu'on s'y croirait. Il a cette façon de leur murmurer à l'oreille, de les rassurer, de les calmer, tout en restant vigilant avec les plus dangereux d'entre eux. Sean est très discret, il n'a pas vraiment d'amis et il inspire le respect des habitants de l'ile. Cette année, son rêve est de remporter une nouvelle fois la grande course pour racheter Corr, le Capal Uisce auquel il s'est attaché, et retourner vivre dans la maison de son père.
Mais cette année, Kate Connolly, surnommé Puck, s'inscrit aussi, pas par plaisir, mais par obligation. Cadette d'une famille qui a perdu ses parents en pleine mer, ils vivent très simplement. Gabe, son frère ainé est le seul à avoir un travail régulier et annonce à la jeune fille et à Finn, le benjamin de la famille, son prochain départ pour le continent. Abasourdie, elle pense qu'en gagnant la course et le gain associé elle pourra peut-être le faire changer d'avis. Elle choisi cependant de monter Dove, sa jument, qui n'a pas toute la puissance, la force et la vitesse des Capail Uisce et c'est la première femme a participé à cette course.
On est très loin ici de l'héroïne écervelée, arrogante et inconsciente du danger. Puck va faire face à ses peurs, persévérer et se battre, car il n'est pas question pour elle de partir, elle est bien trop attachée à son île, à ses racines.

C'est lors d'un entrainement que Sean et Kate vont vraiment faire connaissance, et dans des circonstances qui sont loin d'être romantiques ! Et pourtant, peu à peu, ils vont apprendre à se connaitre, à découvrir leurs rêves et espoirs tout en restant des concurrents.
On fait la connaissance aussi de toute une palette de personnages à la fois drôles pour certains, exécrables pour d'autres comme Mutt Malverne, le fils de Benjamin, qui ne cesse de provoquer Sean.

On est loin du conte de fées et pourtant ici le mot conte pourrait être tout à fait adapté. C'est une histoire captivante et dure à la fois. Ce n'est pas qu'une simple histoire de course de chevaux, d'entrainements. La relation des protagonistes avec leurs chevaux est très profonde. L'auteure va ainsi beaucoup plus loin : c'est aussi une histoire de survie et j'y ai complètement adhéré. Maggie Stiefvater nous y parle aussi d'amour, d'amitié, de jalousie, de mal être et d'espoir. Sa plume est fluide et poétique. Quand elle nous décrit les Capail Uisce, les paysages, on croirait évoluer dans un film. C'est très visuel ce qui nous permet de s’immerger complètement dans l'atmosphère du roman. On vit l'histoire, on ressent tout un tas d'émotions, de la tristesse, de la compassion, en passant par la haine et la joie. Certains passages sont juste magnifiques.

Enfin bref, vous l'aurez compris, Sous le signe du Scorpion est incontestablement un livre à découvrir et à dévorer !

Oui oui ça fait un petit moment que je l'ai terminé, mais j'ai mis aussi beaucoup de temps à le finir.

Pourquoi la sauce n'a pas pris ? Et ben, c'est assez particulier. Déjà, j'ai du m'adapter à du Maggie Stiefvater pur et dur, que je trouve très joli. C'est dommage parce que le vocabulaire m'échappait un peu parfois et j'y allais à tâtons.

Toujours est-il que ce roman reste unique et très bien conté.
La vie sur l’île de Thisby est rude et la légende des chevaux de mer qui l'entoure est saisissante. Il y a des moments, on dirait des tableaux : j'imagine Sean avec Cor dans la mer, les falaises, Puck s’entraînant avec Dove sur la plage... et ceci avec de belles couleurs. Les scènes sont intenses en émotions, en prise de conscience, tandis que le rythme est très lent. Plus que dans la trilogie des loups. Parfois, j'avais l'impression que c'était encore de la mise en place.
Ceci dit, à travers Sean et Puck, cette histoire sur la vie, le sacrifice, le danger, recèle des moments poignants.

L'amour que Sean porte aux chevaux est énorme. C'est ça qui le distingue d'un Malvern qui ne s'intéresse qu'à la gloire et à leur pouvoir sur l'île.
Puck a vraiment le sens des responsabilités. En plus de s'engager dans la course face à que des hommes, elle est présente pour ses frères. Gabe m'a énervé parfois, mais j'ai trouvé Finn sympathique, un peu rêveur.

Les Capail Uisce sont des animaux superbes dans leurs sauvagerie et leur attachement à la mer. C'est très beau, la façon qu'à Sean de leur parler. Il a bien one foot in the land and one foot in the sea!.

La fin montre vraiment la cruauté que les hommes peuvent atteindre. Ça va crescendo est on est plein d'espoir pour Sean et Puck, à l'arrivée de la course. C'est étonnant et plein d'émotions.

Peut-être que je n'apprécie pas ce roman à sa juste valeur. Mais j'ai mis trop de temps à le lire pour que me dire que j'ai vraiment accroché.

L’atmosphère envoûtante de ce roman nous transporte dans un ailleurs absolument fantastique.

A Thisby, île isolée et pauvre, chaque automne, l’océan se déchaîne et les tempêtes font rages, des chevaux de mer, les Capail Uisce, massifs, somptueux, rapides et néanmoins dangereux prédateurs carnivores s’échappent de l’océan. Les habitants les plus téméraires les capturent et les dressent pour participer à une course unique, la Course du Scorpion, attirant la population huppée du continent. Le gain ? Une somme mirobolante pour tous les habitants de l’île vivant une situation précaire pour la plupart.

Sean Kendrick est, à 19 ans seulement, le redoutable vainqueur de 4 courses. A 10 ans, il a vu périr son père sous les sabots de Capail Uisce dans un course, depuis il travaille pour le compte de Malvern, le riche propriétaire du plus beau harras de l’île. Froid, distant et serein, il voue une passion à ces créatures troublantes et superbes tout droit sortis de légendes nordiques. C’est un personnage solitaire qui communique aisément avec les chevaux qu’ils affectionnent, il chuchote les mots "qu’ils ont besoin d’entendre" à leur oreille, son talent inné est reconnu et son aide maintes fois demandé en cas de problème, pourtant il semble craint et évité par les autres et est surtout détesté du fils de son patron, Mutt. Il noue une relation particulière avec son étalon à la robe rouge sang, Corr, qu’il aime sincèrement, un lien unique voire fusionnel les unit. Pourtant Corr n’appartient pas à Sean et remporter une autre fois cette course lui permettrait que le cheval de mer soit enfin sien. Sean est à l’image de ces créatures mythiques, il comprend l’océan, est attentif à chaque bruit de vagues et se sent pleinement heureux les pieds dans le sable et les embruns lui fouettant le visage, il est ancré profondément à cette île qu’il ne peut envisager de quitter. On a toujours une impression de maîtrise parfaite quand ce personnage regarde, parle ou encore ressent, il est tellement juste dans son étrangeté qu’il en devient très attachant, un personnage superbe. Sa rencontre avec Georges Holly, un riche acheteur de chevaux lui ouvrira les portes d’une amitié inattendue et sereine, celle avec Puck achèvera de lui faire prendre conscience de ses véritables besoins et envies.

Kate Conolly, dit "Puck", est, depuis un an, orpheline. Ses parents ont été tués par des Capail Uisce lors d’une sortie en mer. Depuis, elle vit avec ses deux frères, Gabe son aîné qui souhaite quitter l’île pour rejoindre le continent, et Finn, son cadet, passionné de mécanique et respectable garçon de foi. Elle décide de participer à la course par besoin d’argent, cependant par respect pour la mort de ses parents, elle prévoit de courir avec Dove, sa petite jument nourrie au foin bon marché et sur laquelle elle a grandi. Du courage ? C’est bien le mot qui définit ce personnage tempétueux, sincère et aux répliques cinglantes. Une jeune femme qui n’a pas froid aux yeux et qui se prépare sérieusement à se battre contre des coureurs experts et leurs monstrueuses montures. Difficile de trouver sa place quand on décide de courir avec une simple jument et qu’en plus vous êtes la première femme à participer, pourtant elle tiendra tête au plus farouche de ses détracteurs. Entre sa colère contre son aîné, qui lui donne l’impression de l’abandonner et sa tendresse pour son jeune frère, Puck se sent responsable. Tout comme Sean, elle est liée de manière viscérale à son île et ne peut envisager de partir. Lorsqu’elle le rencontre, celui-ci lui est antipathique, pourtant il ne cesse de la subjuguer par son lien étroit avec les chevaux, son attitude, ses gestes et ses mots, ne peuvent l’empêcher d’être admirative. A son contact, elle prend confiance, étoffe son savoir sur cette course dangereuse et apprend à se faire confiance.

L’auteure nous offre une histoire pure, sincère et sans fioritures. Elle décrit un environnement brumeux, venteux, froid et humide au bord d’un océan vivant et dangereux. L’atmosphère qui en découle est justement dosé et s’accorde parfaitement à nos deux personnages qui ne sombrent jamais dans la caricature, bien au contraire, ils sont absolument parfaits dans leur imperfection. Maggie Stiefvater a voulu conter une belle histoire mêlant créatures marines fantastiques et personnages authentiques, c’est très réussi, on peut par ailleurs souligner sa plume douce, efficace et élégante qui ne fait que sublimer son récit. On sombre dans cette histoire originale qui nous engloutit complètement, on sent le sel, le sang des morts nombreuses, le froid humide de cette contrée isolée et la précarité des hommes passionnés par ces chevaux de mer et tendrement accrochés à leur racine. Ce livre se destine, a priori, à un public jeunesse, pourtant le sang coule à maintes reprises, les chairs sont atrocement mutilées, arrachées et piétinées, dans cette ambiance sombre, le rouge s’inscrit souvent et dénote à l’image de la couverture qui reflète parfaitement le contenu du roman. Ce n’est pas ici une simple histoire de chevaux mythiques, mais une histoire de relation entre les hommes et leur animal, entre les hommes et leur île, entre les hommes tout simplement, on ressent toutes les émotions possibles à la lecture de ce roman qui a bien su s’exclure de tout cliché du genre ou s’affranchir de guimauve collante.

Bref un roman magique qui laisse un doux manque quelque temps après sa lecture, que l’on aimerait ne jamais avoir fini tellement on s’y est perdu pleinement. Un livre fantastique que je recommande vivement !