Véritable OLNI (Objet Littéraire Non Identifié),
Le Protectorat de l’Ombrelle de Gail Carriger est sans aucun doute possible (du moins pour moi) la série la plus jubilatoire, exaltante et intelligente qu’il existe. De tome en tome, nous suivons avec un plaisir infini les aventures d’Alexia Tarabotti, la paranaturelle la plus déroutante qu’il soit et de Lord Maccon, son fort velu mari.
Autant le dire tout de suite, ce tome 4 est une totale réussite et Miss Carriger porte haut, très haut la littérature surnaturelle aux accents steampunk.
Dans
Sans Cœur, nous restons à Londres (ce qui est bienvenue après les pérégrinations européennes du précédent opus) et nous retrouvons ainsi pour notre plus grand bonheur les forts élégants Lord Akeldama et ses drones, le professeur Lyall, le commandant Channing Channing des Chesterfield Channings (je ne m’en lasse pas
), Biffy,… bref l’ensemble de la meute Wolsey, Ivy et ses chapeaux apocalyptiques, Mme Lefoux et ses inventions redoutables, des vampires assassins, des porcs-épics zombies-kamikazes-animaux de compagnie-lanceurs de piquants et surtout, Lord Conall Maccon. C’est peu dire qu’il nous avait manqué notre Alpha préféré ! Préoccupé par la grossesse de son épouse, imaginez un peu deux secondes le doux caractère d’une Alexia très très enceinte d’un «
désagrément embryonnaire » comme elle l’appelle, notre fier écossais est tellement touchant dans cet opus qu’il s’ancre un peu plus encore dans nos cœurs. Et que dire d’une Muhjah qui se dandine ? Car oui, Alexia se dandine du début à la fin de
Sans Cœur, échappant de peu à un épaulé jeté de balcons mais chutant régulièrement que se soit d’une calèche ou d’un dirigeable. Et s’il y a une chose qu’Alexia ne supporte pas, c’est de perdre sa dignité et sa décence.
S’il est toujours aussi palpitant, teinté d’ironie et de comparaisons improbables (mention spéciale à Lord Akeldama, ses gilets et ses «
mon loukoum à la rose, mon papadom, ma charlotte,…») que les autres tomes,
Sans Cœur diffère un peu aussi. L’affaire d’état, une tentative d’assassinat contre une reine à laquelle sont mêlées des spectres, sert de prétexte, de fil rouge à l’histoire mais ce sont bien les problèmes amoureux des proches du couple Maccon qui sont au cœur du livre. Il devient alors plus touchant, émouvant et sensible que les autres livres. Des amants souffrent d’être séparés, des révélations surprenantes nous laissent sans voix et chacun lutte pour survivre, pour aimer et être heureux. Certains passages sont source d’un humide embarras oculaire, notamment ceux consacrés au Beta de la meute et à Biffy, le loup-garou mélancolique qui se meurt d’amour, et notre cœur se serre souvent, très souvent. Conall sent qu’il est en train de perdre le louveteau et ne sait comment le sauver. C’est beau et triste à la fois de voir à quel point l’Alpha se préoccupe des membres de sa meute, souffrant avec et pour eux. Depuis le début, j’aime beaucoup le Professeur Lyall mais là, j’ai juste envie de le serrer très fort dans mes bras et de lui dire «
merci de tous vos sacrifices, vous êtes un sacré bonhomme-garou ». Jusque là Beta courageux et fidèle, il devient un héros romantique aux amours tragiques.
Gail Carriger sait toujours nous surprendre et frapper là où on ne l’attend pas ! Après un final explosif, elle nous lâche une dernière petite bombe en guise de point final, nous laissant plus qu’intrigués, avec une seule idée en tête : vite vite le prochain tome, je suis déjà en manque !