Mon avis (énorme coup de ) :I Hunt Killers de Barry Lyga n’est seulement bon, il est génial, une vraie bombe signée MsK qui plaira autant à un lectorat
Young Adult que plus mature. Foncez et immergez-vous dans l’esprit des tueurs en série… une plongée aussi effrayante que captivante !
Jasper Dent, surnommé Jazz par ses rares amis, habite la petite ville de Lobo’s Nod. Il pourrait être un ado comme tant d’autres, avec les mêmes envies, les mêmes désirs, les mêmes peurs … Mais il ne l’est pas. Jazz est le fils du tueur en série Billy Dent, un violeur sadique, maitre des tortures qui compte plus de 120 victimes à son actif. Mais cela ne s’arrête pas là malheureusement. En effet, bien décidé à en faire son successeur, Billy a élevé, façonné plutôt Jazz pour en faire un psychopathe, une parfaite machine à tuer. Toute son enfance, Jazz l’a passé à apprendre à choisir et traquer une proie, à dissimuler un corps, à le démembrer, … rien ne lui a été épargné. Depuis l’arrestation de son père, Jazz tente de reprendre une vie normale, se répétant tous les jours tel un mantra, «
les gens ont de l’importance » tant il redoute un jour de basculer, de commettre l’irréparable, de devenir le double de son père. Heureusement pour le soutenir et l’ancrer dans la vie, il peut compter sur sa petite amie Connie et sur son meilleur ami Howie. Mais cette accalmie n’est que de courte durée : des cadavres sont découverts à Lobo’s Nod et cela ne fait aucun doute pour Jazz, un tueur en série est à l’œuvre. Suspect idéal pour les uns, profiler génial pour les autres, il se retrouve à nouveau au cœur de la tourmente…
Du début à la fin,
I Hunt Killers est tout simplement addictif. C’est un roman fort, qui ne ressemble à aucun autre et qui nous propulse au plus près de la psyché complexe et captivante des tueurs en série. C’est déroutant, car si l’on frémit d’effroi et de dégout, on est aussi totalement fasciné et l’on plonge volontairement toujours plus avant dans l’horreur. Grâce au «
Je » narratif, on est pleinement dans l’esprit de Jazz. C’est un personnage comme on en rencontre peu, à la fois perturbé et remarquablement équilibré compte tenu de son enfance hors normes. Il lutte tous les jours pour être simplement normal ou du moins, sembler l’être. C’est un être ambigu, à la frontière entre le Bien et le Mal et l’on devine qu’un rien pourrait le faire basculer. Le lecteur sait ce qu’il a vécu, les cauchemars qui le hantent et ses combats quotidiens et il n’en est que plus attachant. Mais en même temps, on sait aussi de quoi il est capable, quelles horreurs ont habité son enfance et les pulsions qui, parfois, l’animent. Et de page en page, Barry Lyga entretient cette ambiguïté pour le plus grand bonheur de son lecteur qui se sent perdu, perplexe mais surtout accro. Pour alléger cette atmosphère glauque, sordide, il y a des touches d’humour (plutôt noir) bienvenues. Les échanges entre Jazz et Howie sont drôles, fins, bourrés d’ironie et l’on se surprend à rire plus d’une fois. Howie est d’ailleurs un personnage hyper touchant. Il souffre d’une forme rare d’hémophilie (en gros, on le touche, il a un bleu, il saigne pour un rien et surtout peut se vider de son sang en 1 mn) qui le rend marginal, étrange aux yeux des autres. Pour compenser ses faiblesses, il se bat avec l’humour, il tient à distance la tristesse avec l’absurde et il fait front à tout avec Jazz. Leur amitié est belle, sincère, de vrais amis à la vie à la mort (et ici, l’expression prend tout son sens).
L’intrigue du roman nous tient en haleine, elle n’a rien d’évident, d’attendu et au fil des chapitres, elle prend une toute autre dimension et les enjeux ne sont alors plus les mêmes. Mais je ne vous en dévoilerai rien, ce serait vraiment dommage tant c’est surprenant.
I Hunt Killers est l’un des meilleurs livres YA que j’ai eu l’occasion de lire. C’est épatant et hautement addictif, on sursaute, on frémit et on sourit. Les dernières pages sont tellement géniales et énervantes qu’une fois le livre fermé, on a qu’une hâte : vite avoir la suite des aventures de Jazz ! Une lecture à dévorer d’urgence.