A l’occasion de la sortie de leur première romance écrite par une auteure française, les éditions Milady Romance ont organisé une rencontre d’exception à l’Experimental cocktail club, un bar à cocktails parisien très cosy, à l’ambiance chaude et feutrée. Là, Eléonore Fernaye (un pseudonyme bien sûr), est revenue pour nous sur l’aventure que représentent l’écriture et surtout la publication de ce premier roman.
Scandaleuse Elisabeth est le premier tome d’une trilogie consacrée à la famille d’Arsac (deux sœurs et un frère) dans le Paris de la fin du XVIIIe siècle.
C’est une période intéressante et surtout originale vu que très peu de romances sont situées à cette période. Mais cela permettait surtout à Eleonore d’introduire des héros américains ce qui lui tenait particulièrement à cœur. La trilogie en effet est entièrement franco-américaine dans ses couples et cette période s’y prête tout particulièrement puisque la France et les tout nouveaux États Unis d’Amérique se sont alliés contre l’Angleterre. C’est aussi en France et en Amérique que les penseurs et hommes politiques ont trouvé des terrains d’expérience propices à leurs idéaux républicains et libéraux. De façon plus pragmatique, Eléonore s’est dit que cela faciliterait aussi une éventuelle publication de la série aux États Unis. Sait-on jamais…
Alors que le premier tome a lieu en 1778, le second commencera en 1783 (d’abord aux États Unis et ensuite en France) et le troisième en 1791 (en pleine période révolutionnaire donc, ce qui devrait promettre un roman riche en actions et rebondissements).
Elle a mis quatre mois pour écrire ce premier tome et le second devrait paraître à la fin du premier semestre 2014.
Elle envisage également d’écrire une nouvelle de Noël, dans la pure tradition américaine, centrée sur le personnage de Félicité, la meilleure amie d’Elizabeth.
Eléonore est déjà familière de la maison Milady puisqu’elle est traductrice pour eux depuis des années déjà. Elle n’a pas encore traduit de romances historiques, uniquement des romances paranormales et de la fantasy urbaine. C’est notamment elle qui a traduit
La Confrérie de la Dague Noire de JR Ward, à partir du 6e tome. Son pseudonyme de Fernaye est en fait le nom d’un des domaines de Voltaire. Et elle trouvait que cela sonnait juste avec l’ambiance XVIIIe siècle qu’elle a voulu donner à ses romans.
Il est évident que son métier de traductrice lui a donné plus d’aisance dans l’écriture, puisque la traduction est davantage une réécriture qu’une véritable transcription. En dehors, de cela, son expérience dans l’écriture est plutôt minime et
Scandaleuse Elizabeth peut vraiment être considéré comme un premier roman. Plus jeune, elle possédait un blog où elle parlait de tout et de rien, mais faute de temps pour l’alimenter comme il convient, elle a préféré y mettre un terme. A la fac, elle avait écrit deux nouvelles, l’une sur des vampires dans le monde contemporain et l’autre qui s’apparente à un roman gothique anglais assez gore.
La Romance est un genre qu'elle lit et adore. Adolescente, à 16/17 ans, elle dévorait les romances cachée sous la couverture. Elle vient en effet d’un milieu où l’on ne lit pas ce genre qui est considéré comme de la sous-littérature. Et à force d’en lire, elle a voulu par elle-même tenter l’aventure. Et historienne de formation, c’est tout naturellement vers la romance historique qu’elle s’est tournée. En temps normal c’est la période médiévale qu’elle aime par-dessus-tout mais étrangement c’est une période qui ressort mal dans les romances (carrément d’accord !). Du coup, elle a choisi de se tourner vers le XVIIIe siècle, une période flamboyante au cours de laquelle la France brille tout particulièrement. Une période également où les relations entre les États Unis et la France sont très étroites ce qu’elle recherchait. Sa prochaine série devrait aussi se dérouler au XVIIIe siècle mais plus tôt dans le siècle. Et par la suite, elle se verrait très bien écrire une romance se situant à la Renaissance ou au XVIIe siècle.
L’exactitude historique est quelque chose qui lui tenait particulièrement à cœur et elle a fait énormément de recherches pour ne pas mettre d’anachronismes. Elle a fait attention aux moindres détails jusqu’aux distances à pied entre les différents lieux que fréquentaient les héros.
Idem pour les scènes de bal. Elle a passé des heures à visionner sur youtube des vidéos sur les danses anciennes, à écouter les musiques de l’époque. Eléonore est d’ailleurs très férue des reconstitutions historiques en costume et elle a pu ainsi participer il y a peu à un bal des années 1880. Nous avons tous pu admirer la robe magnifique qu’elle portait à cette occasion.
Pour autant, les scènes qui ont été les plus difficiles à écrire ont été les scènes érotiques. C’est la première fois qu’elle en écrivait et tenait vraiment à faire ressortir de la sensualité et une alchimie entre les personnages. C’est quelque chose qui lui tient à cœur dans les romans qu’elle lit, d’autant plus donc dans son propre roman.
La famille d’Arsac, héroïne de la série, n’a pas vraiment existé. En fait, il s’agit tout simplement d’un clin d’œil au nom d’une toute petite commune de Gironde (Sud-Ouest de la France) où vivent des amis. Et tout est parti d’un délire avec son mari.
En ce qui concerne les personnages, elle n’avait aucune inspiration particulière. Elle savait juste qu’elle voulait une héroïne forte, combative, résolument moderne, quitte à peut-être choquer de placer une telle personnalité au XVIIIe siècle. Cela a été assez difficile de trouver le juste milieu entre exactitude historique et volonté de plaire à un lectorat moderne. Mais pas question, sous prétexte d’historique, d’avoir une héroïne TSTL,
To stupid to live (trop débile pour vivre) comme disent les Anglo-saxons… Pour le héros, elle voulait juste qu’il présente un fort contraste avec l’héroïne et qu’il conserve son mystère jusqu’à la fin. Et de fait, le lecteur ne découvre les secrets d’Henry qu’en même temps qu’Elizabeth.
Ses romancières préférées (qu’elle lit toutes en VO) sont Julia Quinn, Theresa Romain (une auteure de romances historiques non encore traduite), Sally Mackenzie, Victoria Dahl, Eloisa James, Loretta Chase (
les Carsington ont été pour elle une véritable révélation sur ce que peut être la Romance Historique New School), Lisa Kleypas bien sûr, et autant pour ses romances historiques que contemporaines. Elle a adoré par exemple sa série
Friday Harbor dans laquelle Lisa Kleypas a un incroyable don pour distiller dans un monde complètement contemporain une touche de merveilleux. Elle s’est d’ailleurs rendue elle-même à Friday Harbor l’année dernière lors d’un voyage aux États Unis.
En littérature générale, son roman préféré de tous les temps est
Au Bonheur des Dames de Zola, une romance historique qui s’ignore.
Elle voue également une véritable passion pour les romans gothiques anglais comme
Les Mystères d'Udolphe, d'Ann Radcliffe, ou
Le Moine de Matthew Gregory Lewis. Dans le même genre, en contemporain, elle adore
Les Adieux à la Reine de Chantal Thomas.
Elizabeth ne vit pas encore de sa plume. Elle n’écrit donc que le week end et le soir, une fois que tout son travail est fini. Elle se pose alors sur le canapé ou à son bureau, et se penche des heures durant sur son ordinateur. Elle navigue sans cesse entre sa page Word et internet pour vérifier chaque détail. Elle parvient ainsi en s’astreignant à un certain rythme de travail à produire environ un quart de chapitre par jour.
En tout cas, nous lui souhaitons de tout cœur de pouvoir vivre un jour de sa plume et d’être traduite aux États Unis…
Un énorme merci à Eléonore Fernaye pour nous avoir consacré du temps et avoir répondu avec plaisir à toutes nos questions. Merci également à Aurélia et Leslie de Milady pour avoir organisé la rencontre et de façon toujours aussi agréable.