Mon avis :
Avec Les Mains de Dieu, je poursuis sur ma lancée avec la découverte d’un auteur que je ne connaissais pas et je me plonge une nouvelle fois dans cette période de croisade contre les Albigeois.
Il me faut bien avouer que je prends un plaisir toujours plus grand à me retrouver projeté dans l’Histoire avec un grand H. Et le livre de Ludovic Rosmorduc ne déroge pas à la règle qui est de ne jamais être déçu par un récit prenant ses racines dans ce passé historique.
Le roman débute aux alentours de Carcassonne où l’on découvre un dominicain qui arrive au terme d’un long voyage, mais qui va dissimuler quelque chose avant de pénétrer dans la ville. Que cache-t-il ainsi ? Il s’avère être un envoyé du Pape en mission. Que doit-il accomplir ? Nous faisons ensuite la rencontre de Jehanne, une albigeoise orpheline, qui se retrouve en bien mauvaise posture, mais qui parvient à s’enfuir. Enfin, Théodore d’Havricourt, un vieil érudit passionné de livres et du savoir qu’ils contiennent, entre dans la vie de la jeune femme. Rapidement, un lien se noue entre eux et les événements les conduisent à fuir Carcassonne. Une quête bouleversante s’offre à eux, mais les Mains de Dieu feront tout pour arriver à leur fin qui est le même objectif que nos deux héros.
Au fil des pages, l’immersion s’avère totale, l’auteur ne manque pas de nous offrir des descriptions des lieux, des monuments en s’appuyant sur une documentation fournie. Sans oublier bien sûr les allusions aux événements marquants de l’Histoire qui ont conduit à la situation politique, religieuse et sociale qui est celle que l’on découvre sous la plume de Ludovic Rosmorduc.
Nos petits cœurs de lecteurs sont mis à rude épreuve. La peine chasse la joie. L’espoir gonfle nos poumons d’un air salvateur alors que l’on ne semble voir aucune échappatoire pour nos héros. La peur altère notre jugement. La mort se tient prête, dans l’ombre, prête à nous arracher Théodore et Jehanne. Nous vibrons pour ces deux personnages auxquels il est si facile de s’identifier, la figure paternelle et la jeune jouvencelle. La beauté et l’esprit.
Le récit nous offre quelques pauses bien venues dans cette course pour découvrir ce que beaucoup auraient des difficultés à imaginer et que d’autres souhaiteraient réel. D’ailleurs, il est facile de se poser la question de savoir où se situe la frontière entre l’imaginaire et la réalité tant le roman nous place face à un questionnement ancestral.
Le dénouement nous laisse pantelants, l’espoir d’accomplir cette quête est si ténu que nous croisons les doigts pour nos héros. Lorsqu’arrive le final, nous ne savons plus sur quel pied danser, l’auteur joue avec nos émotions et notre cœur s’en retrouve broyé. Un mot revient fréquemment à nos lèvres : pourquoi ?
Ludovic Rosmorduc réussit parfaitement l’exercice d’entremêler Histoire et histoire avec Les Mains de Dieu et nous tient en haleine jusqu’à la dernière page, se jouant de nous tel un marionnettiste avec ses marionnettes.