Fariboles Admin
Messages : 4096 Date d'inscription : 10/07/2011 Age : 43 Localisation : Eure et Loir
| Sujet: DANE Clemence : Régiment de femmes Mer 29 Oct - 10:34 | |
| Régiment de femmesClemence Dane Quatrième de couverture:Vénéneux, intense, d'une grande profondeur psychologique, le premier roman d'une des figures de la scène littéraire britannique du XXe siècle. Dans le huis clos d'un pensionnat de jeunes filles, passions et amitiés s'exacerbent pour tourner à un impitoyable affrontement. La redécouverte d'une œuvre surprenante d'audace sur la soif de pouvoir et de domination.
Clare Hartill avait une existence assez solitaire. C'était une femme aux amitiés fiévreuses et aux ruptures soudaines. Toujours la plus intelligente et la plus inquiète du cercle, elle découvrait en général que les objets de son affection ne pouvaient satisfaire son attente ni sur le plan de l'intelligence ni sur celui des sentiments. Clare ne pardonnait pas à qui l'ennuyait.
Vénéneux, intense, d'une grande profondeur psychologique, le premier roman d'une des figures les plus fascinantes de la scène littéraire britannique du xxe siècle. Dans le huis clos d'un pensionnat de jeunes filles, passions et amitiés s'exacerbent pour bientôt virer à un affrontement impitoyable.
La redécouverte d'une œuvre surprenante d'audace sur la soif de pouvoir et de domination. | |
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Fariboles Admin
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| Sujet: Re: DANE Clemence : Régiment de femmes Mer 29 Oct - 11:11 | |
| Un roman déroutant et dérangeant, d’une rare finesse, poussant très loin la psychologie des personnages, l’analyse des situations. Une chose est certaine, Régiment de femmes restera l’une des lectures les plus surprenantes et marquantes de ma vie… et c’est un roman qui date de 1917 !!! Encore une pépite signée Belfond Vintage !
Le roman se passe en deux temps, deux lieux. Tout d’abord, nous sommes plongés au cœur d’un pensionnat pour jeunes filles. Nous faisons connaissance avec le professeur Clare Hartill, la détestable Clare Hartill. Rarement que je n’ai eu autant de répulsion pour un personnage. Clare est haïssable, calculatrice, manipulatrice, avide de pouvoir et de domination, à mi-chemin entre l’araignée qui tisse sa toile pour piéger sa proie et la mante religieuse. Rien du début à la fin du roman ne vient la racheter ou nous offrir un espoir de rédemption pour cette trentenaire vénéneuse. Elle jette son dévolu sur Alwynne, une toute jeune et naïve enseignante d’à peine dix-neuf ans qui débute dans la profession et découvre l’univers clos du pensionnat. Clare s’invite rapidement dans la vie d’Alwynne, la fascine et peu à peu la domine totalement, en faisant son esclave docile, prête à tout pour la contenter, au point de s’oublier et de mettre sa vie en danger. Mais de cela, Clare s’en moque, elle prend les gens comme des objets, les rejette quand ils l’ennuient, versatile, elle se lasse vite, très vite. C’est ce qu’elle fait aussi avec la jeune Louise, une élève qui va aussi tomber dans la toile de l’odieuse créature. Cette première partie du roman est anxiogène au possible, on se sent mal, très mal dans ce pensionnat. Le récit est oppressant, angoissant, on voit tout se dérouler sous nos yeux, on voit la situation empirer et surtout, on sent arriver le drame et rien ne peut l’arrêter. En quelques mots, Clemence Dane parvient à planter une atmosphère malsaine au possible, profondément dérangeante qui nous titille, nous révulse, nous rend littéralement malade (j’ai ressenti physiquement ce malaise, à la limite de la nausée). C’est remarquablement bien mené et bien écrit, une véritable expérience littéraire. Arrive enfin la seconde partie, loin du pensionnat où l’on suit Alwynne dans un petit village où elle tente de se reposer, de reprendre sa vie en mains, loin de l’influence néfaste de Clare. Et là, à l’image de la jeune femme, on respire à nouveau, on prend le temps de souffler, on se reconstruit. C’est une partie du récit tout autant passionnante mais plus apaisée, moins dramatique et tendue… et cela fait un bien fou !
Régiment de femmes est un roman comme on en croise peu dans une vie. Il est capable de nous mettre profondément mal à l’aise, de nous remuer au plus profond de notre être, de physiquement nous toucher. Il aborde des thèmes sulfureux, encore plus pour l’époque, l’homosexualité féminine en fil rouge du roman même si on ne la nomme pas, si elle ne s’affiche pas publiquement, la volonté d’un être de dominer ses semblables, de les annihiler pour les rendre dociles, soumis dans un jeu pervers… Un roman unique, dérangeant, troublant, choquant !
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