RICE Lisa Marie - NUITS BLANCHES - Tome 3 - L’ombre de minuit

L’ombre de minuit
Lisa Marie Rice
Sortie : 07/12/11

L’histoire commence lors d’un épisode que nous avions déjà pu suivre dans le tome précédent : le vernissage de l’exposition des Joyaux du Tsar par la Fondation Parks. C’est au cours de cette soirée que Bud et Claire s’étaient réconciliés, mais aussi et surtout que Kowalski et Allegra se sont rencontrés pour la première fois. Entre eux la passion flambe aussitôt et lorsqu’il la raccompagne chez elle après l’avoir sauvé lors de la prise d’otages, ils ne peuvent s’empêcher d’y succomber. Aussi quand Corey Sanderson décide d’en finir une fois pour toute avec Allegra, il est bien surpris de ne pas la trouver seule et sans protection. Et il va découvrir qu’on ne s’attaque pas sans impunité à la femme de Douglas Kowalski !

Wouah ! On attendait beaucoup de ce livre et nos espoirs sont loin d’être déçus. On retrouve avec encore plus d’acuité ce qui a fait le succès de Lisa Marie Rice : des émotions intenses et une sensualité exacerbée. Ce livre est un petit bijou qu’il nous est impossible de lâcher avant la fin. Et pourtant, il n’y a pas d’histoire proprement dite si ce n’est la rencontre de ces deux êtres que tout oppose au premier abord mais qui pourtant se complètent tellement bien. L’intrigue policière est si insignifiante qu’elle ne compte pas vraiment. Elle ne doit occuper que 10% du livre et c’est aussi bien. On peut se concentrer sur le couple phare, sur la passion foudroyante qui jaillit entre eux et qui nous met KO d’entrée de jeu.

Lisa Marie Rice n’aime pas les demi-mesures. Tous les hommes qui apparaissent dans ses romans sont soit des durs de durs, des brutes au cœur tendre qui font plus de deux mètres, soit des homosexuels, façon « grandes folles ». L’ombre de minuit ne fait pas exception à la règle. Le commandant en chef Douglas Kowalski est sans doute ce qui se fait de mieux en matière de virilité outrancière. Mais laissons parler l’auteure. Son héros est « immense, avec des traits rudes et irréguliers que la vie n’avait pas adoucis. Il avait eu le nez cassé à quatre reprises. Dix ans plus tôt, un ennemi l’avait assailli avec un poignard et avait eu le temps de lui taillader la mâchoire avant qu’il ne l’abatte. L’hôpital le plus proche se trouvant à plus de mille kilomètres, il s’était recousu lui-même en se servant de la lame de son couteau comme d’un miroir. » Il en a conservé une cicatrise hideuse qui, alliée à son air terrifiant, lui confère une image de brute épaisse, de psychopathe, que personne n’ose regarder. Il lui suffit de s’attarder un peu trop sur une jeune femme pour qu’on crie au viol. Mais il est aussi le meilleur dans son domaine. Avec John, « ils avaient nagé sous l’eau près du cercle polaire, passé des mois dans le désert afghan sans le moindre abri, et s’étaient retrouvés coincés sous les tirs ennemis, sans nourriture et avec à peine quatre litres d’eau à se partager pendant une semaine ». Et pourtant il est terrifié par Allegra, par ce qu’elle lui fait ressentir, et surtout par les espoirs qu’elle a fait naître et auxquels il n’avait jamais rêvé. C’est si beau qu’on se surprend plus d’une fois à avoir les larmes aux yeux. Tant d’émotion transparaît par exemple lorsqu’elle lui demande à quoi il ressemble et qu’il se sent obligé d’avouer qu’il est laid… Mais elle est aveugle et elle a le droit de savoir exactement ce qu’il en est.

Les scènes d’amour sont magnifiques : érotiques, sensuelles, intenses. Evidemment, tout comme les héros précédents, Kowalski est encore particulièrement bien pourvu par la nature, et après la comparaison avec le bélier et le marteau, nous avons droit ici à la batte de base ball. Mais heureusement les émotions qui transparaissent sont si belles que ça compensent ces exagérations qui peuvent parfois paraître ridicules.
Un livre magnifique à dévorer d’urgence !!! Un instant de pur délice!

Un petit cadeau pour la fin, un magnifique passage :
« Kowalski la guida jusqu’à la baignoire, réprimant difficilement le tremblement de désir de ses mains. Il l’aidait à entrer dans son bain quand il redressa la tête. Le reflet qu’il surprit dans le miroir le fit pratiquement sursauter d’effroi.
Qui est ce montre ?
Il avait oublié à quel point il était laid. Il était à cet instant précis plus laid que jamais, le visage crispé de concupiscence, les joues enflammées et les lèvres enflées. La cicatrice qui le défigurait tranchait sur sa peau tannée. Son nez était peu ou prou aussi vilain que celui d’un boxeur. D’anciennes cicatrices d’acné grêlaient la peau de ses joues et ses yeux formaient deux fentes étroites dans son visage taillé à la serpe.
Bon sang il était cauchemardesque.
Le temps qu’il passait en compagnie d’Allegra lui apparaissait comme un cadeau que la vie lui avait balancé – un os, peut-être, qu’on lui acccordait en guise de récompense pour toutes ces années de solitude passées à se battre pour sa patrie. Il n’était autoriser à passer du temps auprès de la plus belle femme du monde que parce qu’elle était aveugle.
Une bulle de temps hors du temps dont elle ne tarderait pas à le chasser à coups de pied – n’importe qu’elle autre femme à sa place le ferait, et Allegra était la plus désirable de toutes. Alors il avait intérêt à stocker dans sa mémoire le plus de souvenirs possibles. »