« Tu es mon fils et mon fils ne sera jamais un pédé ! »
Cette phrase donne le ton, c’est psychologiquement violent et derrière ces quelques petits mots se cache une énorme rancœur, beaucoup de désillusions et surtout l’histoire d’Alexandre, un jeune homme maltraité depuis son enfance, renfermé dans un cocon familial malsain et qui pourtant déploie peu à peu ses ailes suite à une rencontre imprévue et surprenante avant de peut-être les froisser dans les difficultés qui vont se présenter.
Alexandre est un jeune homme de dix-sept ans, il a des amis en or, de bons résultats scolaires, aspire à devenir professeur de mathématique, collectionne les aventures sans jamais s’impliquer davantage et excelle dans le sport, un jeune homme à qui tout semble réussir… Et pourtant, derrière la porte de sa maison, la violence demeure, violence physique, violence psychologique, fébrile, Alexandre tente de laisser faire sans rien dire, espérant que la tempête n’éclate pas. Alexandre vit auprès d’un père alcoolique, aux idées homophobes et d’une instabilité inquiétante, sa mère regarde et subit sans rien faire, elle aime son fils, mais elle aime aussi cet homme. Et puis un jour, il le percute, lui, Jamie, des yeux mordorés, une peau hâlée et des cheveux cuivrés, une étincelle s’anime dans le cœur et la tête d’Alexandre. Mais pourquoi lui ? Un garçon ? Alors que depuis douze ans déjà, on lui inculque que c’est mal, contre nature, les cauchemars s’éveillent mais l’aube aussi…
Alexandre est un des fameux personnages que Lily Haime n’épargne pas, le jeune homme de dix-sept ans est le genre de fils qu’on aimerait tous avoir, il est d’une beauté nordique à couper le souffle, des yeux bleus de glace, des cheveux d’un blond presque blanc, une peau claire, un corps de sportif, une tête pleine d’intelligence, une bonté propre, un caractère fougueux, le personnage est juste formidable, aussi beau à l’intérieur qu’à l’extérieur, mais… Dans sa tête, c’est l’anarchie, un père violent qui le maltraite à la moindre contrariété depuis sa jeunesse, un homme qui lui répète sans cesse des idées réac et homophobes, des idées profondément ancrées dans cette psychologie façonnée par cette violence, des coups il en a pris, des coups il en prend encore. Pour ce père, le fils doit être le meilleur, réussir coûte que coûte. Quant à sa mère, comment peut-on laisser faire ça à son enfant ? Présente pour le défendre, pour l’aimer, lui apporter du réconfort, absente pour arrêter cette maltraitance, pour condamner cet homme qui violente son fils. J’ai haï ce père tyrannique, j’ai détesté cette mère que je ne comprends pas… Et pourtant Alexandre reste beau, conscient des idées intolérables de son père, peut-être grâce à une mère bien différente ? Le jeune homme puise certainement dans ses amitiés profondes, l’amour, le soutien dont il manque une fois rentré chez lui. Et un jour, quelque chose se passe, il rencontre Jamie et là tout bascule…
Jamie est aussi un jeune homme exceptionnel, il débarque dans le lycée d’Alexandre après avoir quitté Paris. Suite à la tentative de suicide de sa mère en dépression, il vit chez son oncle. Jamie est homosexuel, et Alexandre s’en rend bien vite compte. Jamie est fasciné par Alexandre, et même s’il tente de n’être que son ami, on comprend bien vite qu’il y a quelque chose d’autre. C’est un personnage attentif, sensible et fort, très patient, il accepte bien des choses pour faciliter la vie d’Alexandre.
Le moins que l’on puisse dire c’est que la rencontre entre les deux est foudroyante, il se percute, se regarde, et là c’est l’étincelle, un truc entre eux se passe mais rapidement Jamie réagit violemment, devient agressif face à un Jamie décontenancé et des amis qui ne comprennent pas, « Tu es mon fils et mon fils ne sera jamais un pédé ! », cette litanie revient sans cesse hanter Alex, tout comme ce beau visage aux cheveux cuivrés. Contrarié, mort de trouille aussi que son père comprenne ce qu’est Jamie, effrayé face à des sentiments qui lui semblent incongrus et mal, Alexandre va pourtant se remettre en question, accepter l’amitié de Jamie et peu à peu, une tendresse va s’installer, des gestes réconfortants, des regards compréhensifs, et un premier baiser, aussi léger qu’une plume et pourtant bien lourd de conséquence.
La relation des deux personnages est absolument sublime, ils n’ont que dix-sept ans, sont aussi fougueux que sont les garçons de leur âge, très sexualisés, alors il y a des câlins, des gestes énamourés et beaucoup de sexe aussi ! La découverte pour Alexandre d’apprécier un corps masculin, de connaître de nouvelles sensualités et pour Jamie, de nouveaux sentiments, une confiance jamais donné à un autre. C’est juste magnifique, autant Alex abjecte au début Jamie et tout ce qu’il peut remuer en lui, autant ensuite il devient un amoureux déconcertant, jaloux et le fait de cacher leur relation à leurs amis, rend leur passion encore plus intense, plus belle mais aussi plus difficile à contenir avec des non-dits et toujours évidemment l’ombre de ce père qui vient entacher un nouveau bonheur, une nouvelle liberté.
Les amis, parlons en de ces petits jeunes tous plus adorables les uns que les autres, Hugo, le meilleur ami d’Alex est relativement possessif et ne supporte pas les attentions de Jamie, c’est aussi un colérique qui promet quelques moments plein d’humour et c’est surtout un ami sur qui compter. Ensuite, il y a Gaël, le geek discret, toujours le nez dans sa « Fanny » (c’est le prénom de son PC…), lui il ne fait pas beaucoup de bruit par rapport aux autres, mais il observe et voit bien des choses que les autres ne comprennent pas. Je me suis particulièrement attachée à ce personnage, certes plus jeune que les autres d’une année, mais plus mature aussi, tolérant et qui ne souhaite que le bonheur d’Alexandre.
Lily Haime, une auteure absolument unique dans ce qu’elle peut faire ressentir, elle vous ébranle en racontant une histoire sublime où des personnages magnifiques apprennent à espérer, à aimer. Elle ne joue cependant pas dans la facilité, et maltraite ses personnages, nous attrapant le cœur, pour le tordre, le vriller voire même nous l’arracher. Mais qu’est ce que c’est que cette fin !!! Les histoires de Lily Haime sont ainsi pleines d’émotions extrêmes, violentes, très fortes qui manipulent le lecteur mais toujours une note d’espoir se dessine, toujours l’amour vient tisser sa toile pour consolider les personnages, toujours des tortures, des déchirements, des violences pour mieux nous faire croire au bonheur du sentiment le plus noble ; l’amour. Lily Haime aime façonner des psychologies intenses et perdues, détruites, des personnages qui sont en général de belles personnes à qui la vie n’a rien épargner, ce qui est intéressant c’est de suivre une romance qui permet à chacun de se reconstruire, se pardonner, pardonner, d’obtenir une rédemption quand le mal est fait. Il y a donc un côté un peu « déjà vu » quand on a lu d’autres romans de l’auteure, des « facilités » dans la romance aussi mais qu’est ce qu’on s’en fiche de ces petits détails quand on ressent autant de choses à la lecture, que l’on arrive pas à lâcher son livre tellement nous sommes happés dans l’histoire, souhaitant toujours en savoir plus.
En bref, un premier tome bouleversant, vraiment, le genre qui vous pénètre les entrailles et vous vrille l’estomac, en fermant le livre une fois la lecture achevée, il est obligé de se ruer sur le second. Ne vous ai-je pas déjà dit que c’était une auteure à lire absolument ? A découvrir si ce n’est pas déjà fait ? Ou à redécouvrir une nouvelle fois !